OPINION AUTOCHTONES

Plus d’autonomie pour les communautés

L’atteinte de cet objectif ne sera possible que par un haut taux d’emploi

On entend de plus en plus de commentaires sur l’inclusion, dans le dernier budget fédéral, d’un programme de 8,4 milliards sur cinq ans qui aurait pour but d’améliorer le niveau de vie des autochtones et leurs conditions socioculturelles.

Plusieurs intervenants, tant autochtones que non autochtones, félicitent le gouvernement Trudeau pour cette initiative, mais disent aussi que cette somme sera insuffisante pour que des gains majeurs soient réalisés. Selon eux, il faudra beaucoup plus d’argent et de temps compte tenu de l’énormité des besoins.

J’ajouterais que ce programme à moyen terme devrait s’insérer dans un plan à long terme qui aurait des objectifs bien précis.

Sans une liste bien pensée d’objectifs et sans un plan à long terme pour les réaliser, on risque de se retrouver dans 10, 15 ou 20 ans avec un gain relativement faible en ce qui concerne le bien-être de la population autochtone.

Par exemple, les infrastructures résidentielles et collectives mises en place dans les cinq prochaines années seront alors vieillissantes, moins adéquates et probablement moins fonctionnelles. Il faut penser à un développement plus durable.

Parmi les objectifs à long terme qu’on doit viser, il y a un haut niveau d’autonomie des communautés autochtones. L’autonomie est une source importante de bien-être pour une personne et pour une communauté. Un haut niveau d’autonomie ne sera possible que par l’atteinte d’un haut taux d’emploi. 

Une grande partie des emplois devront être créés par des entreprises privées (venant de l’extérieur) et par des membres de la communauté. Plus la communauté sera dynamique, plus elle est sera autonome et plus elle pourra accroître sa taille. Il faut cependant reconnaître que parfois, ce ne sera pas possible d’avoir suffisamment d’emplois à long terme par rapport à la taille de la population des communautés pour soutenir un niveau d’activité économique compatible avec un niveau de vie proche de celui du reste de la population canadienne.

L’impossibilité de créer suffisamment d’emplois compte tenu de la population des communautés pourrait impliquer que des membres de ces dernières devront se déplacer vers des secteurs géographiques plus propices à la création d’emplois. C’est ce qui se passe dans de nombreuses régions du Canada où la création d’emplois est trop faible et où il a une émigration de travailleurs et de leurs familles vers d’autres régions. La solution de rechange à ce déplacement de travailleurs est d’abandonner l’objectif d’atteindre un haut niveau d’autonomie et de subventionner de façon importante ces communautés à long terme. Mais un tel choix impliquerait, selon moi, un niveau de bien-être moins grand.

On a donc besoin d’un plan à long terme qui vise non seulement une hausse du niveau de consommation, mais aussi un haut niveau d’autonomie par l’entremise de la création d’emplois, d’où le besoin d’investir beaucoup plus en éducation et dans la formation de la main-d’œuvre.

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