Lightning de Tampa Bay

La filière Yzerman

TAMPA — Dans l’univers du hockey, peu de buts étaient aussi attendus que celui de Steven Stamkos, dimanche.

D’abord, parce que Stamkos est, avec Alexander Ovechkin, le plus grand marqueur naturel de sa génération. Mais aussi parce qu’il est le visage de sa concession. Suffit d’arriver à Tampa Bay par avion pour s’en rendre compte. Quand vous prenez le train qui relie les différents terminaux de l’aéroport, c’est Stamkos qui vous souhaite la bienvenue à Tampa Bay, dans un message préenregistré !

Mais plus discrètement, Nikita Kucherov affichait aussi zéro but au compteur au début de la série contre le Canadien. Le même Kucherov qui vient de connaître une saison de 65 points...

Le choix de deuxième tour du Lightning en 2011 a chassé les doutes qui circulaient à son égard depuis le début de la série, avec une récolte de trois buts en deux matchs. Les buts gagnants des deux rencontres apparaissent à sa fiche.

À LA TÊTE DE LA FILIÈRE RUSSE

Si on vous parle de Kucherov, c’est qu’il est à la tête de ce qui pourrait devenir une intéressante filière russe à Tampa.

En 2014-2015, très exactement 35 Russes ont disputé au moins un match dans la Ligue nationale. Cinq équipes, dont le Canadien, ont chacune fait appel à trois d’entre eux.

Les Red Wings de Detroit et les Hurricanes de la Caroline, deux chacun. Onze autres équipes ont accueilli un seul représentant du plus vaste pays du monde. Et un autre groupe de 11 clubs n’a compté sur aucun Russe.

Et les cinq autres ? Chez le Lightning !

Comme chef de file de la délégation, il y a évidemment Kucherov. Derrière lui, Vladislav Namestnikov, le plus américanisé du groupe parce que son père a longtemps joué sur le continent. Namestnikov est un autre attaquant bourré de talent, mais qui se développe à un rythme moins rapide que Kucherov. À la défense, Nikita Nesterov occupe le rôle de septième homme.

Et devant le filet, le présent a beau s’appeler Ben Bishop, l’avenir a pour nom Andrei Vasilevskiy. Cantonné au rôle d’auxiliaire pendant les séries éliminatoires, le jeune homme de 20 ans, repêché au premier tour en 2012, possède tous les outils pour devenir dominant. Il a d’ailleurs permis au Lightning de se défaire du cinquième Russe, Evgeni Nabokov, en fin de saison.

« C’est sûr qu’ils se tiennent ensemble, raconte l’attaquant Cédric Paquette. Nesterov ne parlait pas beaucoup anglais l’an passé, il commence à se dégêner un peu. Ils se tiennent ensemble, mais les gars les taquinent, trouvent ça drôle. On n’a pas de misère avec eux pantoute. »

« C’est bien de se tenir ensemble, on a du plaisir et on se comprend. Mais pour apprendre l’anglais, ce n’est pas très bon, car on parle toujours russe ! », rappelle Kucherov.

L’INFLUENCE DE KOZLOV

Derrière la moitié de ce contingent du Lightning, une légende du hockey russe a eu son mot à dire.

Vyacheslav Kozlov, qui a disputé 1182 matchs dans la LNH et remporté deux fois la Coupe Stanley à Detroit en 1997 et en 1998, est l’oncle de Namestnikov. Sa présence au sein du quintette surnommé « The Russian Five », avec les Wings, a certainement contribué à sa popularité.

« Il a eu une grande influence sur moi, il m’amenait souvent à l’aréna, je passais du temps avec ses coéquipiers des Red Wings, je patinais et j’assistais aux matchs. Il a été une des personnes les plus influentes dans ma carrière », estime Namestnikov.

Le plus étonnant dans cette histoire, c’est que Kucherov connaissait déjà Kozlov personnellement avant même d’apprendre qu’il était l’oncle de son coéquipier.

« J’ai joué une saison avec Kozlov en Russie [avec le CSKA de Moscou en 2010-2011], raconte Kucherov, qui concède 21 ans à Kozlov. C’était vraiment un chic type, il travaillait fort, il était mon modèle de joueur professionnel. Je savais qu’il avait joué longtemps dans la LNH.

« Quand je suis devenu plus proche de Vlady, je me souviens d’une conversation pendant laquelle il a laissé tomber tout bonnement : “Mon oncle, c’est Kozlov.” Je lui ai répondu : “pardon ?” J’étais très surpris ! »

YZERMAN, UN FACTEUR ?

La création de la filière russe à Tampa coïncide essentiellement avec l’arrivée de Steve Yzerman comme DG. Depuis l’embauche d’Yzerman en 2010, le Lightning a repêché cinq Russes. Pendant la même période, les 29 autres équipes en ont réclamé 43.

Yzerman a gagné ses deux premières Coupes Stanley avec un bon contingent de joueurs issus de l’ancienne Union soviétique. Kozlov, Sergei Fedorov, Igor Larionov, Viacheslav Fetisov et Vladimir Konstantinov ont tous célébré les championnats de 1997 et 1998 aux côtés d’Yzerman (Konstantinov n’a pas joué après la conquête de 1997 en raison d’un grave accident de la route).

Pour Kucherov, il ne fait aucun doute que le bagage d’Yzerman joue pour beaucoup.

« Steve a joué avec des Russes, il les connaît très bien. Plus que tout autre DG ou entraîneur dans la Ligue, il sait qu’il peut faire confiance aux Russes. Il a joué avec eux, il comprend leur culture. »

Lightning de Tampa Bay

L’oncle, mais aussi le père

Vladislav Namestnikov avait tout un bagage derrière lui pour atteindre la LNH. C’est qu’en plus de son oncle, son père a également eu droit à un passage dans le circuit Bettman, bien que plus bref que celui de Kozlov. Evgeny Namestnikov a disputé 43 matchs dans la LNH dans les années 90, avec les Canucks de Vancouver, les Islanders de New York et les Predators de Nashville. Défenseur à caractère défensif, repêché au 117e rang en 1991, il n’a marqué aucun but et a obtenu neuf mentions d’aide. Bref, si vous vous rappelez son nom, c’est que vous aviez toute une collection de cartes de hockey. Et que vous y accordiez peut-être un peu trop de temps...

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