Cayden Primeau

Le vol de 2017 ?

Le Canadien n’avait nullement l’intention de repêcher un gardien en 2017. Trevor Timmins et les recruteurs de l’organisation sont néanmoins rentrés de Chicago avec Cayden Primeau parmi leur banque d’espoirs, grâce à un lointain choix de septième tour obtenu in extremis des Flyers de Philadelphie !

Une décision tardive payante. Primeau, âgé de 20 ans, gardien par excellence dans la NCAA l’an dernier, titulaire de l’équipe junior américaine, finaliste au Championnat du monde de 2019, connaît un début de carrière étincelant chez les pros avec le Rocket de Laval : fiche de 4-2, moyenne de buts accordés de 1,80, taux d’arrêts de ,941.

Primeau, fils de l’ancien hockeyeur Keith Primeau, est devenu l’un, sinon le meilleur espoir du Canadien, avec Cole Caufield.

La cour est pleine !

Mais revenons à 2017 et au contexte dans lequel Primeau a été repêché. Carey Price est âgé de 29 ans lors de ce repêchage. Charlie Lindgren, 23 ans, doit être son dauphin. Il vient de connaître une première saison impressionnante dans la Ligue américaine.

Zachary Fucale, choix de deuxième tour en 2013, est encore considéré comme un solide espoir. Hayden Hawkey, choix de sixième tour en 2014, vient de connaître une saison fumante à sa première année complète à Providence, dans la NCAA.

En bref, la cour est pleine de gardiens ! Timmins et son groupe dressent néanmoins une courte liste de gardiens à repêcher… au cas où. Primeau figure au troisième rang, derrière entre autres Jake Oettinger, de Boston University.

Oettinger est repêché en fin de premier tour par les Stars de Dallas et Ukko-Pekka Luukkonen, au deuxième tour. Six autres gardiens sont repêchés au troisième tour, cinq au quatrième et trois au cinquième.

« On a commencé à se poser des questions à compter de la sixième ronde, a confié Timmins à La Presse il y a quelques jours. Une quinzaine de gardiens avaient été choisis et Primeau était toujours disponible. Avions-nous raté quelque chose ? S’était-on trompé ? À nos yeux, il aurait dû être repêché en deuxième ronde, ou au plus tard en troisième ronde. »

Le Canadien ne détient plus de choix au repêchage après le cinquième tour. Il avait cédé son choix de sixième tour au Lightning de Tampa Bay pour obtenir le défenseur Nikita Nesterov, et celui de septième tour aux Jets de Winnipeg afin de repêcher Arvid Henrikson un an plus tôt.

Le Canadien vient de repêcher Ryan Poehling au premier tour, l’attaquant Joni Ikonen et le défenseur droitier Josh Brook au deuxième tour, le défenseur gaucher Scott Walford (avec le choix des Sabres de Buffalo acquis pour Nathan Beaulieu) et le défenseur droitier Cale Fleury au troisième tour, et un autre défenseur gaucher, Jarret Tyszka, au cinquième tour.

« Nous voulions faire le plein de défenseurs, explique Timmins. Mais en septième ronde, voyant que Primeau était toujours disponible, on s’est tournés vers Marc [Bergevin] en lui expliquant la situation. Ce gardien est troisième sur notre liste, on croyait qu’il avait les aptitudes pour devenir un gardien numéro un dans la Ligue nationale ou, au pire, un auxiliaire. Marc a fait quelques appels. »

Le Canadien reçoit quelques offres. Les Flyers acceptent d’inverser leur choix de septième tour pour celui du Canadien en 2018. Ils repêchent en outre au 13e rang dans ce tour. Bergevin saute sur l’occasion.

« Un choix de septième ronde est celui le plus facile à obtenir. Certains clubs regardent leur liste, et ils n’ont plus vraiment de joueurs alléchants à leurs yeux. »

— Trevor Timmins

Timmins et son groupe de dépisteurs ont eu un coup de foudre pour Primeau en août 2016 lors du tournoi Ivan-Hlinka mettant aux prises les meilleurs joueurs de moins de 18 ans au monde. Ils n’ont jamais cessé d’apprécier son talent malgré un hiver très difficile dans l’USHL avec les Stars de Lincoln, où il a présenté une fiche de 14-11-1, avec une moyenne de buts accordés de 3,16 et un taux d’arrêts de ,895.

« Il n’a même pas participé aux 10 derniers matchs de la saison, raconte Timmins. L’équipe lui avait préféré un gardien européen [le Tchèque Josef Korenar, qui connaît lui aussi un début de carrière épatant dans la Ligue américaine avec le club-école des Sharks de San Jose après avoir été ignoré au repêchage] qu’elle voulait ravoir l’année suivante tandis que Primeau s’était déjà engagé à Northeastern. »

Bill Berglund

Le Canadien doit une fière chandelle à son vieux loup Bill Berglund, alors âgé de 71 ans, recruteur à temps partiel dans la région du Massachusetts depuis 2001.

Berglund fait du dépistage pour le Canadien depuis une quinzaine d’années tout en enseignant dans la région de Boston. Il vient de prendre sa retraite un an plus tôt et a déménagé près de Nashville. Mais il a encore le feu sacré.

« Il a continué pendant un an. Mais à un certain moment, je lui ai dit : “Bill, ça ne peut pas durer, tu ne peux pas faire du dépistage pour nous à Boston alors que tu habites Nashville. C’est insensé.” »

Comme il a déjà été gardien, dont cinq matchs dans l’Association mondiale avec les Whalers de la Nouvelle-Angleterre, Timmins lui propose une tâche particulière pour sa dernière année avec l’organisation avant une retraite complète : spécialiste des gardiens en prévision du repêchage de 2017. « Billy a suivi Cayden toute l’année, dit Timmins. Il a fait du bon travail. »

Fucale n’est plus dans l’organisation du Canadien depuis juillet 2018. Il n’a pas été retenu par le CH et a signé un contrat avec les Golden Knights de Vegas. Il se retrouve dans l’East Coast League depuis l’an dernier.

Charlie Lindgren, âgé de 25 ans, partage le travail avec Cayden Primeau à Laval. Ses statistiques sont nettement inférieures à celles du jeune homme.

Hawkey a été échangé aux Oilers d’Edmonton et son directeur général Peter Chiarelli en juin 2018 pour un choix de cinquième tour. Un an plus tard, il était libéré par les Oilers. Il joue lui aussi dans l’East Coast League. Il n’est attaché à aucun club de la Ligue nationale. Le Canadien a repêché l’attaquant Rhett Pitlick en 2019 avec ce choix.

« Pitlick est probablement notre espoir le plus sous-estimé, dit Timmins, malgré les statistiques modestes du jeune homme dans l’USHL. Il va vraiment surprendre tout le monde dans deux ou trois ans, peut-être quatre. Il patine comme Paul Byron. Il est tellement explosif ! Ses statistiques ne m’inquiètent pas. C’est difficile de produire dans l’USHL. »

Avec les performances de Primeau à Laval, on ne se demande plus si le jeune homme va atteindre la LNH, mais quand…

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