Jared Bednar

Les leçons de la Ligue de la Côte Est

Les joueurs de l’Avalanche et le personnel d’entraîneurs s’échauffent tranquillement sur la glace du Complexe Bell de Brossard, en ce vendredi midi, à la veille d’un affrontement avec le Canadien.

Un collègue, pourtant chevronné, surprend son voisin de la tribune de presse avec une question inattendue.

— C’est lequel, Jared Bednar ?

Le successeur de Patrick Roy à titre d’entraîneur en chef de l’Avalanche du Colorado a sans doute pu arpenter les rues de Montréal sans faire tourner la moindre tête ce week-end.

Bednar, après tout, a fait son chemin dans l’anonymat le plus complet. Quand Patrick Roy a remporté la Coupe Stanley avec l’Avalanche en 1996 après le célèbre échange avec le Canadien, Bednar, défenseur de 6 pi 3 po, jouait dans la Ligue de la Côte Est avec le Blizzard de Huntington.

Il a pris sa retraite un an avant celle de Patrick Roy, après trois saisons consécutives avec les Stingrays de la Caroline du Sud, toujours dans la Ligue de la Côte Est. Et Bednar, aujourd’hui âgé de 44 ans, était un modeste assistant chez les Falcons de Springfield, dans la Ligue américaine, lorsque Roy a été nommé entraîneur en chef de l’Avalanche du Colorado.

Mais après 16 ans dans la tristement célèbre « East Coast » à dormir dans les autocars ou encore les hôtels minables sur le bord des autoroutes, à titre de joueur, puis d’entraîneur, Bednar a vu son destin changer le printemps dernier.

« Une agréable surprise »

Notre homme a mené le club-école des Blue Jackets de Columbus, les Monsters du lac Érié, à la conquête de la Coupe Calder dans la Ligue américaine avec une formidable fiche de 15-2 en séries éliminatoires, un record.

Quand Patrick Roy a surpris le monde du hockey en démissionnant avec fracas en août, on s’est tourné vers Bednar, qui n’avait jamais touché à la LNH de près ou de loin, ni comme joueur ni comme entraîneur.

« J’ai été très surpris de l’appel [de Joe Sakic]. Les changements se produisent généralement à la fin de la saison, ou au plus tard lors du repêchage. Je me préparais à notre nouvelle saison à Cleveland avec les Monsters. Ce fut une agréable surprise. »

La poignée de main est franche. Le regard, direct et sérieux. Bednar se présente pour l’interview avec La Presse en survêtements et en sandales, parce qu’il bondira sur la glace du Complexe Bell de Brossard dans 20 minutes, sitôt l’entrevue terminée.

« Je n’ai pas eu le temps de réfléchir, juste de faire mes valises ! L’un des entraîneurs avec moi à Cleveland, Nolan Pratt, avait été embauché comme adjoint chez l’Avalanche quelques semaines plus tôt. Ça a facilité la transition. Nous nous sommes enfermés dans un bureau avec les autres adjoints pendant des semaines jusqu’au début du camp d’entraînement. Nous voulions voir si nous pouvions appliquer à la LNH notre façon de jouer avec les Monsters. »

Le système de jeu des Monsters du lac Érié (maintenant appelés Monsters de Cleveland) profite bien aux Blue Jackets de Columbus. Bednar avait déjà commencé l’an dernier à demander à ses défenseurs de limiter les passes latérales pour accélérer le jeu vers l’avant et user du maximum de vitesse, quitte à, parfois, commettre des erreurs par excès de fougue.

De l'admiration pour Werenski

Bednar a pu profiter le printemps dernier de la présence d’un garçon qui n’a pas fini de faire parler de lui : le défenseur de 19 ans Zach Werenski. Après avoir amassé 14 points en 17 matchs avec les Monsters, Werenski a 17 points en 25 matchs à Columbus et déjà le statut de défenseur numéro un. Le coach de l’Avalanche aurait bien aimé le cacher dans ses valises en route vers le Colorado.

D’autant que la défense demeure le maillon faible de l’Avalanche et que l’équipe a perdu son numéro un, Erik Johnson, pour une longue période.

Il rigole de l’allusion aux valises, puis on sent dans son regard toute l’admiration qu’il a pour ce jeune Werenski, solide candidat au titre de recrue de l’année malgré les exploits de Patrik Laine et Auston Matthews.

« C’est déjà difficile de s’intégrer à un club de la Ligue américaine quand on sort des rangs collégiaux à une telle période de l’année. Il a ouvert les yeux de tout le monde en ayant un impact immédiat. On avait un bon mélange de jeunes et de vétérans. La vitesse et le talent étaient exceptionnels, on avait de la profondeur à toutes les positions, nos défenseurs, avec l’addition de Werenski, étaient très forts en relance, on a joué à un rythme très rapide. Je continue à suivre les Blue Jackets. Je suis fier de nos jeunes joueurs. »

Naviguer en eaux troubles

Malgré les changements derrière le banc, l’Avalanche se retrouve dans la même position difficile au classement que lors des deux dernières saisons. L’équipe occupe le 29e et avant-dernier rang de la LNH avec une fiche de 10-14-1. Le gardien Semyon Varlamov connaît un début de saison pénible. D’ailleurs, son auxiliaire Calvin Pickard présente de bien meilleures statistiques que lui.

La défense, déjà faible, sera privée de Johnson pour plusieurs mois. Nikita Zadorov, Tyson Barrie, François Beauchemin, Patrick Wiercioch et Fedor Tyutin forment le top 5. On se demande s’il y a pire défense qu’eux.

L’attaque semble handicapée par la faiblesse de la relance et les jeunes Nathan MacKinnon, Matt Duchene, Gabriel Landeskog, Mikko Rantanen font ce qu’ils peuvent. L’arrivée probable du premier choix de juin, Tyson Jost, 18 ans seulement, déjà 18 points en 17 matchs à North Dakota, pourrait aider l'an prochain.

Les rumeurs d’échange n’en finissent plus de circuler à Denver. Bednar navigue du mieux qu’il peut en eaux troubles.

« On apprend autant dans la défaite que dans la victoire. Quand on ne gagne pas, on cherche les raisons de nos insuccès, puis quand on recommence à gagner, ça fait boule de neige, on a comme trouvé la clef. »

— Jared Bednar, entraîneur-chef de l'Avalanche

Les épreuves et la patience, il connaît. En neuf ans de carrière comme joueur, il n’a eu que de minces chances de percer… dans la Ligue américaine. Des saisons de plus de 200 minutes de pénalité constituaient la norme pour lui. Comme entraîneur, il a passé sept ans dans la Ligue de la Côte Est avant de faire le saut dans la Ligue américaine.

« Je me suis développé sur le tard. Je n’étais pas très talentueux. Je n’avais pas les habiletés naturelles pour monter les échelons. Je travaillais fort, par contre. À la mi-vingtaine, je voyais les jeunes promus sans cesse alors que j’étais coincé dans la Ligue de la Côte Est. J’ai su que je devais réorienter ma carrière. Le fait d’avoir coaché longtemps dans la Ligue de la Côte Est m’a aidé à devenir l’entraîneur que je suis aujourd’hui. J’ai fait mes erreurs, je les ai corrigées. À un moment donné, la formule devient plus claire. »

On lui souhaite beaucoup de succès. Plutôt tôt que tard. La patience n’est-elle pas la vertu des rois, après tout ?

coyotes de l’arizona

Domi sur la liste des blessés

Les Coyotes de l’Arizona ont placé le nom de l’attaquant Max Domi sur la liste des blessés, hier, en raison d’une blessure au haut du corps subie jeudi face aux Flames de Calgary. Son état de santé sera réévalué de façon hebdomadaire. Domi est le deuxième meilleur pointeur de l’équipe avec 16 points, et est premier au chapitre des aides, avec 11 en 26 matchs. Domi a jeté les gants en fin de deuxième période contre Garnet Hathawa, jeudi. Il n’est pas revenu au jeu par la suite. Pour prendre sa place dans la formation, les Coyotes ont rappelé le Québécois Laurent Dauphin de leur club-école de la Ligue américaine.

— La Presse canadienne

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