Conférences

Juste pour rire veut vous faire réfléchir

Les conférenciers sont à la mode. Acteurs, humoristes, journalistes et autres personnalités publiques, ils sont nombreux à se lancer dans cette industrie en ébullition, représentés par des agences qui vendent leurs services à des entreprises et à des regroupements professionnels. Hier, Juste pour rire s’est lancé dans le marché en créant Juste pour réfléchir. Bilan d’un secteur recherché.

Depuis plus de 30 ans, Juste pour rire divertit les Québécois, mais à l’avenir, l’entreprise montréalaise voudra aussi les faire réfléchir.

Les sœurs jumelles Luce et Lucie Rozon ont annoncé hier la création de Juste pour réfléchir, une nouvelle division qui proposera aux entreprises, aux congressistes et aux regroupements professionnels des conférences de personnalités comme Corneille, Denise Filiatrault, Emmanuel Bilodeau, Maxim Martin et bien d’autres.

« Ces dernières années, j’ai traversé deux cancers, ma nièce a eu un accident de voiture, puis j’ai réalisé que les gens que j’ai rencontrés et qui ont partagé avec moi leurs expériences de vie m’ont permis de rester lumineuse malgré ces défis », a expliqué Luce Rozon en entrevue avec La Presse.

L’idée de se lancer dans l’industrie des conférenciers, où de grands acteurs sont déjà bien établis, lui est venue après avoir assisté à la conférence de l’éthicien René Villemure, qu’elle représente dorénavant.

« Les gens comme René sont inspirants et donnent des clés pour mieux gérer nos vies. On n’a pas tous le temps d’aller trois ans à l’université pour étudier une variété de domaines. […] Ceux qu’on a choisis ont un vrai parcours, ont connu de vraies difficultés, mais ont tous réussi à leur façon », précise Luce Rozon.

« Je reçois énormément d’appels et de demandes pour des conférences. Je ne crois pas qu’il faut arriver devant les gens en étant des donneurs de leçons. Il faut partager ce que l’on sait en y mettant de l’humour, pour que ça soit digeste. »

— Gilbert Rozon, président de Juste pour rire, qui fera partie de l’aventure de Juste pour réfléchir à titre de conférencier

Des concurrents attentifs

Que des personnalités publiques qui ont un vécu particulier proposent leurs services aux entreprises n’a rien de nouveau. Le groupe OriZon, en affaires depuis 16 ans, a été aux premières loges des mutations de cette industrie.

« Depuis 16 ans, les conférenciers ont gagné en visibilité. […] Or, le terme est parfois un peu galvaudé, car on a encore de la difficulté à faire la différence entre une conférence professionnelle et des gens qui font du développement personnel », explique David Larose, président fondateur du bureau de conférenciers OriZon.

Son entreprise, qu’il estime être un leader dans ce créneau au Québec, tente désormais d’exporter ses conférenciers à l’international. Jusqu’à maintenant, certains se sont rendus en France, en Belgique, aux États-Unis, ailleurs au Canada, mais aussi en Côte-d’Ivoire. Le thème qui est le plus populaire ces temps-ci est le leadership, affirme-t-il.

« La compétition, c’est quelque chose de bien. Si on peut faire rayonner les conférenciers à leur pleine valeur, c’est tant mieux. Alors [concernant l’arrivée de Juste pour réfléchir], on va voir quel sera leur positionnement, mais on espère qu’on aura droit aux mêmes subventions », plaide-t-il.

Luc Quintal, agent pour le marché francophone chez Pierre Gravel International, établi à Granby, voit pour sa part d’un bon œil l’arrivée des sœurs Rozon.

« Les entreprises qui investissent en recherche et en développement ont souvent besoin d’idées, ce que peuvent offrir les conférenciers. C’est un service qui fonctionne très bien », explique-t-il, citant en exemple l’humoriste Sylvain Larocque, qu’il représente, et qui donnera au cours des prochains mois une vingtaine de conférences sur le thème de l’humour en milieu de travail.

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Les conférenciers

Nous avons demandé à quelques personnalités de Juste pour réfléchir de présenter leur conférence en quelques mots.

Denise Filiatrault, femme de théâtre

« Je raconte comment mon métier était à l’époque, et comment il a beaucoup évolué. La différence entre moi et celles et ceux qui forment la relève, c’est qu’ils vont s’exporter. »

Jocelyne Cazin, journaliste retraitée

« Je suis une observatrice de la société et j’arrive avec des faits. Je parle de mon cheminement, de ma carrière et de ma vie depuis que je suis à la retraite. »

Maxim Martin, humoriste et auteur

« Pendant une certaine période, j’étais convaincu que je ne serais plus jamais heureux du reste de mes jours. Souvent, les gens ont tendance à s’accrocher aux malheurs des autres pour dire que c’est correct de vivre la même affaire. Moi, je dis non : mon expérience doit servir de tremplin. »

Janie Duquette, femme d’affaires

« Je parle beaucoup de complémentarité entre les hommes et les femmes. Les filles, sur le marché du travail, ont beaucoup exercé leur rôle comme les hommes, mais la réalité est qu’on n’est pas pareil. Je dis aux femmes : exercez votre leadership à votre façon. »

Corneille, auteur-compositeur-interprète

« J’ai toujours souhaité donner des conférences. Avec la chanson, de par ma créativité, je mets en scène ce que j’ai vécu, avec tout l’esthétisme de la poésie. J’ai envie de raconter mon histoire, mais sans les restrictions de la chanson. »

Emmanuel Bilodeau, humoriste et auteur

« J’ai envie de parler de la question : c’est quoi réussir dans la vie ? Est-ce que c’est devenir président d’une compagnie, être riche et célèbre, exister dans les yeux des autres ? J’ai le goût de dire au monde que ce n’est pas parce qu’ils ne sont pas connus qu’ils ne peuvent pas viser à réussir leur vie. »

Josélito Michaud, animateur et auteur

« J’offre une conférence interactive, où je parle au public, mais où le public me parle aussi. Je traite de mes expériences et je rebondis sur ce que les gens abordent comme questions. »

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