Cinéma

L’ONF au festival Tribeca

La série web documentaire interactive Traque interdite sera présentée du 16 au 19 avril prochain au festival Tribeca de New York, dans la catégorie Storyscapes. Cette vitrine annuelle est consacrée aux œuvres transmédias. En ligne dès le 14 avril, la série coproduite par l’ONF fera vivre une expérience personnalisée aux visiteurs. Elle invite les internautes à partager leurs données personnelles afin de découvrir comment celles-ci sont recueillies, enregistrées et utilisées. Conçue et réalisée par le documentariste canadien et producteur web primé Brett Gaylor (RIP ! A Remix Manifesto), Traque interdite est un projet collaboratif rassemblant des diffuseurs publics, des journalistes, des concepteurs, des penseurs et des membres de médias indépendants du monde entier.

— Mario Cloutier, La Presse

ARTS VISUELS

La foire Papier concurrencée par les siens

Frustrées par l’organisation de la foire Papier 15 cette année, des galeries montréalaises membres de l’Association des galeries art contemporain (AGAC) – qui organise la foire Papier chaque printemps – ont décidé de créer leur propre foire en même temps que Papier 15.

Ex-président de l’AGAC, Éric Devlin est à l’origine de la création de la foire Papier à Montréal au début du siècle. Avec les galeries Yves Laroche, Robert Poulin et Lacerte, il a toutefois décidé de présenter en parallèle à Papier 15 « la première édition de la foire Art contemporain pour tous [ACPT] », du 23 au 26 avril.

En entretien, Éric Devlin dit que les galeries qui font bande à part ne partagent pas la décision de l’AGAC d’organiser Papier 15 dans le Complexe de Gaspé (quartier Mile End), cette année, au lieu de le tenir au centre-ville comme c’était le cas ces dernières années.

« On aurait pu l’organiser dans la Tour de la Bourse ou à la gare Windsor, dit-il. Au 10e étage d’un complexe industriel, ça pose des problèmes de logistique et c’est plutôt sinistre. »

Le deuxième point de discorde avec l’AGAC est le critère qui fait que les membres de l’Association ne peuvent pas tous participer ni exposer ce qu’ils veulent. 

« On est des entrepreneurs culturels privés. On peut bien accrocher ce qu’on veut dans notre stand ! »

— Eric Devlin, l’ex-président de l’AGAC

Du coup, la foire ACPT aura lieu au 6355, boulevard Saint-Laurent, sur 7500 pieds carrés, dans les galeries Yves Laroche, Lacerte et Robert Poulin. Elle accueillera une dizaine de galeristes (dont Elena Lee) qui exposeront le travail de leurs peintres, sculpteurs, graveurs, verriers, graffiteurs, etc.

Les galeries « rebelles » vont-elles démissionner de l’AGAC ? Non, assure Éric Devlin. « Il ne faut pas le voir comme une dissension. On n’est pas d’accord avec les décisions prises, alors on fait un événement qui répond plus à nos valeurs. L’an prochain, il faudra que les membres soient favorisés et qu’on élargisse les formes d’expression. »

Julie Lacroix, directrice générale de l’AGAC, rétorque que la majorité des membres de l’Association sont d’accord avec la création d’un jury externe qui choisit les membres qui ont un kiosque à la foire Papier. « On ne peut pas prendre les mêmes membres chaque année, sinon ce serait ennuyant, dit-elle. C’est une question d’espace, mais aussi de standard de qualité. »

Sur la décision de restreindre le nombre de participants, Émilie Grandmont Bérubé, présidente de l’AGAC, ajoute que les galeries qui feront bande à part n’avaient pas posé leur candidature cette année. Elle ajoute que Papier doit s’ouvrir sur l’extérieur.

« Il y a des visions qui s’affrontent, dit-elle. Je pense que la croissance fait peur et c’est normal. C’est important de le prendre en compte et de travailler ensemble. Ce ne serait pas rendre service à Montréal et à notre marché de l’art que de restreindre ou de stopper cette croissance. »

« Montréal a besoin d’un marché de l’art plus dynamique et plus ouvert sur le reste du Canada. Pour faire ça, on ne peut pas rester cloîtrés. »

— Émilie Grandmont Bérubé, présidente de l’AGAC

Julie Lacroix ajoute que Papier est né de la volonté de développer une clientèle de vrais amateurs d’art qui achèteront des œuvres sur papier plus abordables que celles créées sur d’autres supports. « Les galeries qui sont présentes à Papier sont exceptionnelles, mais elles trouvent ça un peu pénible d’avoir un public de curieux qui ne viennent pas pour acheter. On comprend qu’on a une mission éducative, mais il faut augmenter la clientèle d’acheteurs. Quand on a autant de curieux, il faut qu’il y ait de la place pour tout le monde. Pendant qu’un galeriste parle avec quelqu’un qui pose des questions de base, touche aux tableaux et n’est pas un acheteur, il va rater l’acheteur à côté qui veut lui parler. »

L’AGAC s’est engagée depuis quelques mois dans une « grande consultation stratégique » pour étudier ce que souhaitent ses membres. « On adaptera les choses en fonction de l’avis de la majorité », dit Julie Lacroix.

L’an dernier, Papier a augmenté sa fréquentation de 60 %. Le Complexe de Gaspé permettra d’accueillir des visiteurs sur trois étages. La superficie utilisable sera de 120 000 pieds carrés contre de 18 000 pieds carrés l’an passé.

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