Chronique

Courrier de la télécommande (suite)

Comme à l’époque de Manuel Hurtubise dans le magazine Filles d’aujourd’hui ou de Madame X à CKVL, me revoici à ce poste convoité de courriériste, poste qui consiste à apaiser vos questionnements existentiels à propos de la personne la plus importante de votre vie  : votre téléviseur.

Je ressors donc mon encrier antique, ma plus belle plume d’oie et mon CD de Kenny G. pour recréer cette ambiance feutrée propice à la confidence. Sentez-vous le doux parfum « bouleau givré » de ma chandelle Fruits et passion qui se répand présentement ?

Alors, Rodrigue L. se demande : Netflix, c’est à quel poste sur le câble ? Dans le même esprit, une lectrice anonyme s’interroge : est-ce possible d’enregistrer des émissions sur le Netflix ?

Seigneur, on part de loin. Netflix n’est pas une chaîne de télé traditionnelle, comme le bon vieux Canal 10. C’est un service en ligne qui offre du contenu en flux continu. Vous pouvez ainsi visionner de manière illimitée – ou jusqu’à ce que votre forfait internet explose – les émissions et les films qui vous plaisent, sur une télé connectée, un ordinateur ou une tablette.

Et non, vous n’avez pas à passer en mode « survivaliste » pour stocker tous les titres disponibles. À l’instar de Pierre Bruneau à TVA, ils seront toujours là. Toujours.

Yves L. déteste la lumière éblouissante dans Au secours de Béatrice : « On dirait que c’est tourné par des amateurs qui ne tiennent pas compte du reflet du soleil, ce qui fait que l’image est toujours délavée. Est-ce qu’il n’y a que nous que ça dérange ? »

Louise L., qui n’a aucun lien de parenté avec Yves L., renchérit : « Avons-nous affaire à un mauvais caméraman dans Au secours de Béatrice » ? Non, cet effet, très joli, je trouve, est voulu par le réalisateur Alexis Durand-Brault.

Écoutons ses explications : « C’est une signature visuelle pour la série, qui ajoute de la poésie aux évènements et de l’abstraction. Une lumière comme on en voit dans les hôpitaux est trop crue et je trouvais ça trop dur pour supporter les textes sensibles et introspectifs de Francine Tougas », détaille Alexis Durand-Brault. Clic, il fait clair, vive la lumière.

Parlons maintenant chiffons avec Julie P., qui se gratte le coco : « Pourquoi Hélène Bourgeois Leclerc n’a toujours qu’un bord de chemise rentré dans ses culottes dans District 31 » ?

Confession : j’ai pensé qu’il s’agissait d’une astuce mode pour accéder plus rapidement à sa carte magnétique. Mais non. Selon la responsable des costumes de District 31, Jennifer Miville, la raison est beaucoup plus simple : « parce qu’on aime tout simplement qu’elle la porte comme ça. Décontractée, inégale, à la David Beckham ». On déchire la contravention de style.

La solitude de Normand Despins (François Papineau) vous turlupine davantage que son œil de vitre. « Où sont passées sa fille, sa femme et sa grosse maison ? Les trois ont disparu. Despins habite maintenant seul dans son condo, son amant ayant également disparu », s’inquiète Marcelle R.

Officiellement, « on a entendu Despins dire en début de saison, alors qu’il était à l’hôpital, qu’il ne voulait pas inquiéter sa fille. Il vient à peine de sortir de sa convalescence. Il reste discret avec sa famille et on ne les reverra pas. La vie personnelle de Normand Despins n’est pas au cœur de l’histoire qui, elle, se passe en prison. Pour ce qui est de son amant, c’était un amant de passage. Il est donc célibataire », confie l’auteure d’Unité 9, Danielle Trottier.

Officieusement, la famille de Despins vit probablement dans la même commune secrète où se sont réfugiés la détenue Annie Surprenant (Anne Casabonne), Monsieur Musique (Jean Marchand) et la psychologue aveugle Lisa Côté (Edith Cochrane).

« Les comédiens dans les séries soupent-ils tous à 16 h ? Il fait toujours encore clair et très soleil quand ils mangent. N’y a-t-il pas moyen de contourner tout ça, comme fermer les rideaux ? » veut savoir Chantal B.

C’est la magie du petit écran, Chantal ! Il ne pleut jamais à la télé. C’est toujours l’été. Personne n’arrive au bureau avec le dessus de tête gelé par un blizzard de janvier. Pourquoi vouloir briser nos illusions de ce monde parfait, hein ?

Finalement, Denise B. tient absolument à ce que ce message d’intérêt public soit relayé à Magalie Lépine-Blondeau, qui incarne la lieutenante Nadine Legrand dans District 31 : pouvez-vous lui dire de mieux articuler et d’ouvrir « suffisamment » la bouche quand elle parle ?

Voilà, c’est fait. Bon sa-me-di, Ma-ga-lie ! Faudra par contre s’entendre sur la définition de « suffisamment », car cela peut varier énormément d’une personne à l’autre.

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