BUREAU DU TAXI DE MONTRÉAL

« J’avais l’impression d’être dans une sorte

d’État policier »

Interpellé par une escouade anti-Uber, un grand chef italien critique le comportement des inspecteurs

Quand le grand chef italien Massimo Bottura s’est retrouvé mardi soir dans une rue de Montréal, aveuglé par une grosse lampe de poche dirigée directement vers son visage, il a pensé brièvement aux films mettant en vedette des agents du KGB en Russie.

« Peut-on me dire ce qui s’est passé ? », s’est-il exclamé, hier, en racontant sa mésaventure avec une escouade d’inspecteurs du Bureau du taxi de Montréal traquant UberX.

« J’avais l’impression d’être dans une sorte d’État policier. »

Invité par le Centre Phi, qui coproduit un documentaire sur un de ses projets contre le gaspillage alimentaire et par la conférence C2 Montréal, le chef Bottura est actuellement dans la métropole. Mardi soir, il est allé manger au restaurant Vin Papillon, rue Notre-Dame, avec son équipe. En sortant de là, il est monté avec son épouse et deux cuisiniers dans la minifourgonnette louée, tout à fait légalement, par le Centre Phi pour rentrer à son hôtel.

Mais quelques secondes plus tard, des inspecteurs du Bureau du taxi, gyrophares à l’appui, sommaient leur véhicule de s’arrêter. Raison invoquée : contrôle de permis. On cherche des véhicules UberX.

Sauf que M. Bottura et sa femme, qui ne parlent pas français, racontent qu’ils ont mis quelques secondes à comprendre ce qui se passait parce que les inspecteurs refusaient de leur expliquer la situation en anglais, impassibles devant le statut de touristes de ces visiteurs italophones… Leur comportement, racontent-ils, était plutôt intimidant et déplaisant.

« Je veux bien qu’ils contrôlent le permis du chauffeur, mais de là à pétrifier tous les passagers du véhicule… », a raconté l’une des passagères.

Le chef italien n’a pas apprécié de se faire pointer une lampe de poche au visage, le sentiment général et le temps perdu. Hier, toutefois, il en riait déjà.

SEMBLABLES À DES POLICIERS

Au Bureau du taxi, on invite le groupe à porter plainte et à faire ouvrir une enquête si le comportement des inspecteurs a été inacceptable. « Ils ont effectivement le pouvoir de demander à tous les passagers de s’identifier et de faire une inspection du véhicule », a expliqué hier Marie-Hélène Giguère, porte-parole du Bureau du taxi de Montréal.

« Je ne sais pas exactement ce qui s’est passé dans ce cas-là, mais c’est sûr que, de façon générale, l’intimidation, on n’endosse pas ça », a-t-elle ajouté.

Ce n’est pas la première fois que le Bureau se fait dire que le comportement de ses inspecteurs évoque celui des policiers. Souvent, dit Mme Giguère, les gens sont impressionnés par leurs gilets anti-perforation qui ressemblent à des gilets pare-balles.

Y avait-il une opération spéciale anti-Uber mardi, en pleine semaine de C2 Montréal, un événement rempli de visiteurs internationaux, qui a déjà établi un partenariat avec l’entreprise californienne, avant que le service UberX la rende si controversée ?

Non, a précisé Mme Giguère, mais il y a effectivement plus d’inspections qu’avant, puisque quatre postes d’inspecteurs ont été ajoutés depuis septembre dernier.

Ni le Centre Phi ni C2 Montréal n’ont voulu commenter l’incident relaté par leurs invités.

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