Inondations

Pourquoi utilise-t-on toujours des sacs de sable ?

Le sac de sable, utilisé depuis des lustres, est-il vraiment le moyen le plus efficace de lutter contre la crue des eaux ? Certains en doutent, même si tous lui reconnaissent deux grandes qualités : sa disponibilité et son prix. Un argument que compte contester une petite entreprise de Victoriaville qui connaît du succès en Europe et se prépare à envahir le marché québécois.

50 cm

Niveau d’eau maximal pouvant être contenu par une barrière de sacs de sable, selon un document de l’agence environnementale britannique

60 à 80 %

Réduction des dommages grâce à des barrières de sacs de sable s’ils ne sont pas débordés, selon l’International Commission for the Protection of the Rhine (ICPR)

« Une solution efficace »

Professeur en génie civil à Polyechnique Montréal, Vincenzo Silvestri estime que les sacs de sable, correctement empilés et liés par des membranes, ont démontré leur efficacité.

Cette solution, baptisée aux États-Unis la « protection à 25 cents », puisque c’est le prix du sac en plastique vide, « est très facile à utiliser, on trouve rapidement le matériau pour le remplir… et ça empêche l’eau de passer », explique-t-il. « C’est évidemment temporaire. Mais dans bien des cas, les gens se sont installés près des berges et on ne peut installer une digue permanente. »

Remises en question

Depuis deux décennies, plusieurs rapports d’experts ont contesté l’utilité des sacs de sable en cas d’inondations. Du Great Flood du Mississippi en 1993 au Flood of the Century au Manitoba en 1997, en passant par les inondations historiques en Grande-Bretagne durant l’été 2007, on a maintes fois relevé leur efficacité limitée.

Les défauts

Importante main-d’œuvre nécessaire

Long temps d’installation

Efficacité douteuse dans les inondations importantes

Disposition optimale qui requiert une certaine technique

Nettoyage après le sinistre

Des solutions de remplacement

Il existe probablement des milliers de façons de lutter contre la crue des eaux. Un comité d’experts, dans un rapport remis au gouvernement du Canada à la suite des inondations au Manitoba en 1997, a essentiellement classé celles qu’on trouve sur le marché en six grandes familles. La plupart consistent essentiellement à dresser un obstacle, amovible ou non, en métal, en pierre ou en sable. 

La sixième catégorie, celle des géomembranes remplies d’air ou d’eau, est celle dans laquelle entre l’invention d’un dessinateur industriel de Victoriaville, Daniel Déry.

Conçue en 1998, la Water-Gate n’a réellement décollé que 15 ans plus tard, confie l’entrepreneur ayant fondé la firme MegaSecur, qui compte aujourd’hui 25 employés. « Disons que j’ai mangé mon pain noir. Là, depuis six mois, on ne fournit pas. » La Water-Gate, c’est essentiellement un long sac de PVC ouvert, qui gonfle quand l’eau y entre. Une seule personne peut l’installer en quelques minutes.

Le concept est convaincant et semble particulièrement apprécié en France et en Grande-Bretagne, où sont envoyés la majorité des quelque 1500 modules produits chaque année par MegaSecur. À 3600 $ pour un Water-Gate long de 50 pieds, ce ne sont pas les simples citoyens, mais les municipalités, les grands commerces et les industries qui sont la clientèle cible.

Le Québec représente à peine 0,5 % des ventes, mais la situation devrait changer d’ici 18 mois, annonce M. Déry. « Nous allons sortir un modèle moins coûteux pour monsieur et madame Tout-le-Monde, du genre qu’on va pouvoir trouver au Canadian Tire. »

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