neuropsychologie

Des réponses, enfin

Les organismes qui viennent en aide aux personnes autistes, atteintes d’un TDAH ou souffrant d’un trouble d’apprentissage sont formels : de plus en plus d’adultes demandent, eux aussi, à être évalués. Ils sont nombreux à avoir l’impression d’être passés dans les mailles du filet lorsqu’ils étaient petits.

Les demandes d’évaluation pour le trouble de l’attention, l’autisme, la douance ou un autre trouble d’apprentissage ne sont donc pas réservées aux enfants. « On en voit beaucoup, surtout auprès de parents dont les propres enfants ont reçu un diagnostic », confirme Alexandra Martel, neuropsychologue et cofondatrice du Centre d’évaluation neuropsychologique et d’aide à l’apprentissage. Ces adultes se reconnaissent dans les difficultés de leur enfant, et ils constatent qu’eux aussi, ils ont besoin d’aide.

« D’autres peuvent être en surcharge. Ils éprouvent des problèmes au niveau de l’humeur, comme la colère, l’anxiété… Ils vont commencer par voir un psychologue ou un médecin, et finir par conclure que la source peut être, par exemple, au niveau d’un trouble de l’attention », poursuit la neuropsychologue.

« On ne voyait pas autant d’adultes avant. Ç’a commencé à être plus important il y a deux ans, je dirais. Plus c’est connu, plus la recherche avance, plus des diagnostics précis sont posés, et moins c’est tabou. »

— Odette Raymond, consultante et formatrice à l’Institut des troubles d’apprentissage

Les personnalités publiques qui acceptent de parler d’un trouble ou d’une condition ont d’ailleurs un impact direct sur l’augmentation des demandes de consultation. « On reçoit régulièrement des appels d’adultes qui soupçonnent qu’ils sont autistes, mais lorsque [l’humoriste] Louis T est allé parler de son autisme à l’émission Tout le monde en parle, on a eu des téléphones, des courriels… ça fait vraiment une différence », note Jo-Ann Lauzon, directrice générale de la Fédération québécoise de l’autisme.

L’avancement de la recherche permet aussi à des adultes de comprendre aujourd’hui l’origine de difficultés contre lesquelles ils se battent depuis toujours. « Souvent, on voit des personnes qui ont fait preuve d’une grande débrouillardise toute leur vie, ou qui se sont dirigées dans un domaine où elles pouvaient pallier leurs problèmes, explique Odette Raymond. Mais à un moment donné, elles sentent le besoin de faire face aux difficultés. »

Un diagnostic pas automatique

Comment savoir si ces difficultés ne sont pas le lot d’un peu tout le monde ? « Il faut se demander à quel point les difficultés ont un impact sur notre quotidien, explique Alexandra Martel. Ceux qui demandent une évaluation se sentent dépassés. Ils ne peuvent plus compenser. Il va y avoir souvent des problèmes associés : des problèmes financiers, professionnels, conjugaux… »

Une demande d’évaluation n’entraîne toutefois pas automatiquement un diagnostic.

« Je dis aux personnes qui se présentent : “Je ne vous garantis pas un diagnostic. Je vous garantis un profil de forces et de faiblesses, et je vous garantis une compréhension de fonctionnement.” L’idée, c’est de permettre à la personne de compenser ses faiblesses à travers ses forces. »

— Alexandra Martel

En clair, qu’il y ait un diagnostic ou pas, l’idée est de trouver des solutions à une situation bien réelle, résume la spécialiste.

Où sont les ressources  ?

Une fois le diagnostic en poche, si c’est le cas, il importe ensuite d’apporter des aménagements au quotidien pour minimiser les impacts d’un trouble ou d’une condition particulière. « Devant notre employeur, il faut arriver avec des solutions concrètes, propose toutefois Odette Raymond. Quand on est rendus à 35, 40 ou même 50 ans, on sait ce qui marche pour nous et ce qui ne marche pas. On utilise ce que l’on sait de nous pour expliquer quels outils pourraient nous aider, quand c’est possible – un logiciel pour la révision, ou la réduction du bruit, par exemple. »

Rien n’oblige toutefois quelqu’un à révéler sa condition. Parfois, le milieu n’est pas très accueillant, préviennent les organismes d’aide. « Il y a tout un cheminement qui a été fait dans les écoles, mais on n’est pas là dans toutes les entreprises », croit Mme Raymond.

Même son de cloche à la Fédération québécoise de l’autisme. « En théorie, il y a des services pour les adultes, mais dans la pratique, cette offre est peu disponible », ajoute Jo-Ann Lauzon. Elle constate toutefois que plusieurs adultes qui vivent avec un trouble du spectre de l’autisme contribuent à la diffusion de l’information, et se montrent très revendicateurs.

L’objectif des organismes d’aide : faire tomber les tabous autour de ces troubles qui subsistent à l’âge adulte. « On a tous des forces. Parfois, elles sont cachées par les troubles d’apprentissage, mais il y a des forces développées grâce aux troubles d’apprentissage  ! La résilience, la persévérance, l’ardeur au travail, la capacité de se mettre en mode solution… il ne faut pas négliger ça non plus  ! »

Qui fait le diagnostic ? Qui intervient ?

Au Québec, les neuropsychologues sont souvent appelés à évaluer ceux qui soupçonnent un trouble comme le TDAH, ou encore un trouble du spectre de l’autisme. Des psychologues peuvent aussi procéder à une évaluation. Ces professionnels travaillent parfois de pair avec des médecins et des psychiatres, qui confirment les diagnostics. En plus de ces spécialistes, plusieurs autres professionnels, comme des orthophonistes, des orthopédagogues ou des ergothérapeutes peuvent ensuite épauler les adultes qui ont besoin d’aide.

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