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Un chien d’assistance pour traiter le choc post-traumatique

Les Chiens Togo offrent à des vétérans de l’armée canadienne, notamment, des bêtes dressées spécialement pour désamorcer l’anxiété chez leur propriétaire.

« C’est le grand jour ! » La porte de la maison de Providence Godon à Lavaltrie s’ouvre. Lailou agite la queue à l’arrivée de Maxime Gleeton. Ce n’est pas la première fois que le jeune vétéran de l’armée canadienne fait le chemin depuis Québec pour cajoler la chienne noir et caramel, mais aujourd’hui, il repart avec elle. Lailou est le remède à son choc post-traumatique.

Providence Godon, directrice du volet canin et bien-être animal chez les chiens Togo, invite Maxime à passer au salon. Lailou, docile, les suit avant de s’installer confortablement sur son coussin, au centre de la pièce. « Elle est un peu fatiguée, elle a déjà fait sa sortie dans le bois », précise l’éducatrice. « Elle en refera une ce soir », promet Maxime.

Il y a presque un an que Maxime Gleeton attend d’accueillir chez lui un chien de soutien psychologique formé par les chiens Togo. L’homme de 33 ans est un jeune « retraité » de la base militaire de Valcartier. Il a participé à une mission en Afghanistan en 2009. Les premiers signes d’un choc post-traumatique se sont manifestés quelques mois après son retour au pays.

« [Lailou] me calme. C’est plus facile avec elle. » Maxime Gleeton avait entendu parler des chiens Togo, un organisme né il y a deux ans à peine, de la bouche d’autres vétérans. « On disait que c’était comme la Cadillac des chiens d’assistance », lance-t-il. Et il les croit maintenant. Lailou est entraînée pour désamorcer l’anxiété dès que les premiers symptômes apparaissent.

« Quand mes jambes tremblent, elle va venir me voir », illustre-t-il. L’amie à quatre pattes a passé les deux derniers mois chez Providence Godon, mais aussi chez Nancy Daubois, autre éducatrice canine du programme, où la chienne a apprivoisé son nouveau rôle. Elle peut, entre autres, exercer des « points de pression » sur son maître quand elle détecte qu’il n’est pas bien.

Seconde chance

Les chiens Togo offre une seconde chance aux chiens abandonnés en les recrutant dans des refuges de la province pour en faire des chiens d’assistance. Grâce à plusieurs partenaires, dont Wounded Warriors Canada et Paws Fur Thought, les animaux peuvent être remis gratuitement à des vétérans qui en ont besoin et qui auront été orientés par un professionnel de la santé.

« Le chien est un animal qui vit dans l’instant présent, explique Mme Godon. Quand il y a une manifestation d’anxiété, le chien va ramener l’humain plus rapidement [dans le présent] et éviter que le stress continue de monter, que ça aille trop loin. » Dans le salon de Providence, Maxime écoute attentivement les instructions pour le retour à la maison.

Rien n’est laissé au hasard par l’organisme. Matin et soir, les éducatrices prendront des nouvelles durant les prochaines semaines grâce aux réseaux sociaux. « N’importe quand, si tu as une question, tu nous fais signe », prévient-elle. De petites cartes sont aussi remises à Maxime pour qu’il les transmette, au besoin, aux curieux qui l’aborderont pendant les sorties.

« Pour certaines personnes [souffrant d’anxiété], c’est souvent un défi de sortir dans un endroit public et les gens, quand ils voient un chien, sont parfois portés à aller le flatter. Ce sont des cartes qui expliquent que le chien est au travail, de ne pas les déranger », indique Mme Godon. Les mots « Oui, je suis adorable... mais je travaille » sont aussi imprimés sur le bandana de Lailou.

Rendre la vie plus facile

Providence laisse d’ailleurs le soin à Maxime de le lui attacher au cou pour marquer le fait que Lailou est désormais son chien. « [C’est] pour plus gérer mon anxiété, canaliser mes émotions », énumère le vétéran, quand on lui demande ce qu’il espère de Lailou. « C’est pour rendre ma vie plus facile », résume-t-il simplement.

« Je l’attendais depuis longtemps, j’avais hâte à ce jour-là. »

— Maxime Gleeton

Tout le monde se rend à l’extérieur pour le grand départ. Providence place le tapis, le même qui était sur le coussin du salon, dans le fond de l’arrière de la voiture pour rassurer la chienne qui y grimpe, sans hésiter. Maxime a l’air bien. La porte se referme. Les yeux de Providence et de Nancy se mouillent en regardant l’auto s’éloigner. « Il y a des chiens plus spéciaux que d’autres. »

Depuis 2015

Noémie Labbé-Roy, diplômée en psychologie et en psychoéducation, a fondé les chiens Togo en 2015. L’organisme sans but lucratif recrute ses animaux dans les refuges pour en faire des chiens d’assistance pour les vétérans de l’armée canadienne, mais aussi pour les adultes aux prises avec de l’anxiété généralisée. Des chiens Togo sont aussi accueillis dans des familles avec enfant présentant un trouble du spectre de l’autisme. Plus d’une vingtaine de chiens ont été remis jusqu’à présent.

10

Nombre de demandes reçues chaque semaine par les chiens Togo, un chiffre qui a bondi depuis la création de l’organisme. Actuellement, le quart des demandes sont acceptées. La moitié des demandes proviennent de vétérans de l’armée canadienne. Seulement 5 % des chiens de refuge satisfont aux critères du programme.

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