Hydro anticipe des lendemains difficiles
Habituée à voir la consommation d’électricité doubler tous les huit ans, Hydro-Québec doit maintenant s’ajuster à des ventes qui stagnent et qui pourraient même baisser d’ici 10 ans. Trouver des façons de maintenir les profits devient une priorité, affirme son président.
« Je ne suis pas en train de vous annoncer qu’Hydro-Québec va disparaître », a lancé le PDG Éric Martel, hier, devant les membres du Cercle canadien de Montréal. Mais selon lui, il y a une transformation majeure de l’organisation à opérer. « Le statu quo n’est plus possible », a-t-il insisté.
Ce n’est qu’une question de temps avant que les Québécois se mettent à produire eux-mêmes de l’énergie pour réduire leur facture d’électricité, a-t-il expliqué. C’est normal que ça arrive d’abord à San Francisco, où le kilowattheure coûte 42 cents, plutôt qu’au Québec, où il coûte 8 cents. « Mais ça va arriver tôt ou tard au Québec. »
« On prévoit qu’entre 2023 et 2025, le coût de l’autoproduction d’électricité [avec des panneaux solaires] sera équivalent à celui de l’électricité qu’on produit. »
— Éric Martel, PDG d'Hydro-Québec
Le futur train électrique de Montréal de même que l’augmentation prévisible des ventes de voitures électriques vont permettre à Hydro de vendre davantage d’électricité, mais pas énormément plus. « On a suffisamment d’énergie pour subvenir aux besoins de l’État de New York ou encore de tous les États de la Nouvelle-Angleterre », a rappelé Éric Martel.
Au cours des 10 dernières années, alors que la consommation d’électricité stagnait, Hydro-Québec a continué d’augmenter sa capacité de production. Une fois les travaux achevés au complexe La Romaine, en 2020, le réseau pourra produire 24 milliards de kilowattheures de plus. « Ça nous offre des opportunités d’exportation et ça sécurise notre approvisionnement en énergie, mais ça pose des défis pour maintenir les profits », a résumé le PDG.
C’est la raison pour laquelle l’entreprise s’est donné l’objectif de doubler ses revenus en allant chercher de nouveaux clients et en explorant de nouveaux marchés à l’international. Ça explique aussi sa volonté de se transformer. « Il faut s’engager dans la nouvelle réalité d’un système électrique entièrement numérique et transactionnel, dans lequel le consommateur participe ».