Le mois du poil
« On voulait créer un mouvement pour une plus grande diversité corporelle et une plus grande diversité de modèles de beauté, explique une des ambassadrices du projet, la comédienne Mélanie Chouinard. Le poil est un prétexte. » Certes, mais pas innocent pour autant. Car aussi universel soit-il, caché la plupart de l’année, sous vos bras ou dans votre slip, il demeure parfaitement « tabou », dénonce-t-elle.
Entendons-nous : Maipoils n’est pas une prise de position pour ou contre le poil. Simplement pour le droit de faire un choix. Un choix qui, aujourd’hui, est inexistant, poursuit Mélanie Chouinard. « La seule option, c’est de ne pas en avoir ! dit-elle. Partout, le seul moyen d’être belle, c’est sans poil ! »
L’objectif de ce mois, donc, c’est de montrer le plus de poils possible sur la place publique, « pour permettre aux jeunes, aux vieux, de voir des poils, dire que c’est correct, pas laid, pas sale, pas négligé ». Ultimement, avec la force du nombre, l’ambassadrice de Maipoils espère aussi qu’on pourra enfin arrêter d’avoir honte d’en avoir. « L’essentiel, c’est d’être bien avec son corps ! »
Maipoils sera lancé officiellement demain, à 17 h, au café Reine Garçon. Pour accompagner les valeureux participants, on diffusera chaque jour des capsules de témoignages, et le 31, pour clore l’expérience en beauté, on nous promet une vaste séance de photos, un spectacle burlesque et diverses performances, le tout au café Cagibi.
La sociologue de la mode Mariette Julien voit régulièrement apparaître des mouvements « marginaux » pro-poils du genre, depuis 10 ans. « Laisser pousser son poil, c’est avoir une attitude rebelle, et c’est tendance, vouloir être marginal. » On pense ici à Miley Cyrus, Madonna, Lourdes (sa fille) et Lady Gaga. Mais ce qu’il faut savoir, c’est que la volonté d’« exterminer » les poils ne date pas d’hier, mais remonte plutôt à l’Égypte ancienne, et n’a d’ailleurs, à travers le temps, pas toujours été limitée aux femmes. De nos jours, même si on assiste à ce qu’on pourrait appeler une « démocratisation de la beauté », la sociologue croit que le « lisse » et la « jeunesse » sont bel et bien là pour rester. « On pense qu’on s’est beaucoup libérés, mais on n’a jamais été aussi esclaves qu’aujourd’hui. Et tant qu’on aura comme valeur la jeunesse qui prime, ça va être très difficile d’échapper au stéréotype du lisse », tranche-t-elle.