Intelligence artificielle

La pénurie d'experts freine les entreprises

Alors que l’intelligence artificielle (IA) fait fureur et que Montréal s’impose comme un pôle mondial, les entreprises québécoises sont à peine 23 % à vouloir investir dans ce domaine. Au banc des accusés :  la pénurie d’experts dans ce domaine, selon le portrait annuel qui sera publié ce matin par la firme NOVIPRO. Explications.

88 %

Pourcentage des entreprises canadiennes de 100 employés et plus qui comptent faire des investissements technologiques importants dans les deux prochaines années. C’est ce que constate le portrait 2017 NOVIPRO basé sur un sondage Léger, effectué auprès de 476 répondants sélectionnés. Une entreprise sur deux prévoit investir dans des solutions d’infrastructures et 43 %, dans des solutions d’affaires. L’intelligence artificielle arrive au dernier rang avec 23 %.

« On a été un peu surpris. Un gros pourcentage des entreprises comptent investir dans leurs infrastructures technologiques. On pensait que c’était pour se préparer pour l’IA, ce n’est pas le cas. »

— Yves Paquette, PDG de NOVIPRO, firme montréalaise spécialisée en diagnostics d’entreprise

Si une transformation impliquant les technologies est prévue ou en cours dans votre entreprise, pour quelles raisons le faites-vous ? (plusieurs réponses possibles) Pour réduire les coûts : 41 %

Pour l’aide à la prise de décisions : 30 %

Pour assurer la croissance de l’entreprise : 30 %

Pour innover et nous démarquer de la concurrence : 26 %

Pour survivre et assurer notre pérennité : 25 %

45 %

Pourcentage des entreprises dans les Maritimes qui veulent investir en IA dans les deux prochaines années, un sommet au Canada. « On n’a pas une donnée précise qui explique ce phénomène, mais on pense qu’il y a une plus grande difficulté dans les Maritimes à garder les jeunes, estime M. Paquette. Ils voient dans l’IA un gros potentiel économique pour rendre les entreprises plus attrayantes. » En Ontario, ce taux est de 26 %. Le Québec est dans la moyenne canadienne, avec 23 %.

43 %

Pourcentage des entreprises québécoises qui estiment « facile » de retenir leurs experts en intelligence artificielle, alors que la moyenne canadienne est de 50 %. C’est la catégorie de travailleurs en technologie de l’information la plus difficile à retenir.

« La rétention des talents est une préoccupation qui est sortie très fort. En apprentissage machine ou profond, c’est très difficile de retenir ces gens-là, et les jeunes se font rares. »

— Yves Paquette

Le paradoxe montréalais

On pourrait croire qu’avec la réputation et la capacité d’attraction de Montréal dans le domaine de l’IA, les entreprises québécoises profiteraient d’une manne inespérée d’experts. Ce n’est pas tout à fait le cas, constate l’étude : les entreprises sont en fait prises dans un cercle vicieux où elles ne peuvent proposer des projets motivants pour les spécialistes en IA… par manque de spécialistes en IA. « Les entreprises ont beaucoup de difficultés à identifier et lancer des projets-clés, dit M. Paquette. Il faut accompagner ces entreprises pour trouver des façons de faire, vulgariser les outils de l’IA. »

66 %

Les deux tiers des investissements mondiaux en IA se font aux États-Unis, rappelle le PDG, qui considère que le Canada est à la traîne.

« Si nos entreprises ne réagissent pas, elles devront affronter des grandes entreprises américaines qui ont intégré l’IA et vont avoir un grand impact. »

— Yves Paquette

44 %

Pourcentage des entreprises qui comptent utiliser un service infonuagique dans les deux prochaines années – elles sont présentement 39 % à le faire. Pour 55 % des entreprises, c’est la réduction des coûts qui motive le choix du « cloud ».

32 %

Près d’une entreprise sur trois aurait été victime de rançongiciel « ou de toute autre menace informatique ». Ce sont surtout les entreprises plus technologiques, ayant par exemple déployé des outils prédictifs ou des systèmes « hyper convergés », qui sont frappées.

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