Patrimoine religieux

Le cinéaste Bernard Émond à la défense des églises

Tout en se décrivant comme un mécréant, le cinéaste Bernard Émond a fait l’éloge des églises, grandes et modestes, comme lieux de recueillement et d’élévation de l’esprit, en ouverture du Forum sur le patrimoine religieux qui s’est déroulé à Québec, jeudi et vendredi.

Dans un discours inspirant, M. Émond a célébré le silence des églises, celui qui apaise et qui est surtout la condition à « certaines formes de pensée et de sentiment ». « Le silence d’une église n’est pas n’importe quel silence. Quelque chose l’habite », a-t-il souligné. On y retrouve, selon lui, le « souvenir érigé dans la pierre et le bois, des croyances et de l’espérance de ceux qui nous ont précédés ».

Le cinéaste, dont plusieurs films abordent la perte des repères culturels, a rappelé que les églises sont des témoins essentiels des valeurs qui ont modelé la société et que l’Église, comme institution, « a joué un rôle important dans notre continuité ».

« Que nous le sachions ou non, que nous l’admettions ou non, ce que nous sommes, ce que nous pensons a été façonné par le christianisme. Pour le meilleur et pour le pire, diront certains. Mais quelle culture n’a pas ses côtés sombres ? Faudrait-il, à cause de cela, préférer l’oubli à la pleine conscience de ce que nous sommes et de ce qui nous a faits ? J’ai bien peur qu’au Québec, nous ne préférions l’oubli », a affirmé Bernard Émond.

Ce dernier ne cache pas sa nostalgie et émet le souhait que les églises demeurent ouvertes pour ceux qui, comme lui, aiment les fréquenter même sans être croyants, afin de s’arrêter et de « se dégager un instant de la ronde infernale que nous nous imposons ».

DISPARITIONS ET TRANSFORMATIONS

Le texte de M. Émond a été le déclencheur des débats auxquels étaient conviés les participants du Forum. Les deux jours ont été l’occasion pour le Conseil du patrimoine religieux du Québec (CPRQ) de faire le bilan des 20 ans d’activité de l’organisme et de susciter la réflexion sur l’avenir du patrimoine religieux.

Le Québec voit disparaître de son paysage les églises au rythme d’une à tous les dix jours depuis douze ans, selon les résultats de l’enquête annuelle du CPRQ. La cadence des démolitions et des transformations des églises s’accélère.

La ministre de la Culture, Hélène David, qui était présente pour lancer les travaux du Forum, a donné l’assurance à l’assemblée que le gouvernement du Québec se préoccupe du patrimoine religieux. « Je suis la ministre des églises, et je le dis avec sérieux », a d’abord souligné Mme David.

« On a une responsabilité sociale par rapport au patrimoine religieux mais aussi aux églises. […] Et quand on dit responsabilité sociale, ce n’est pas que le gouvernement ou que les gens qui s’intéressent à la religion, ce sont tous les citoyens. »

— La ministre Hélène David

En marge de son discours, Mme David a confirmé que des sommes seront prévues pour la rénovation et la restauration des lieux de culte. La dernière injection de fonds publics remonte à 2014, alors que le précédent gouvernement avait accordé 20 millions sur deux ans. « Le patrimoine est une question extrêmement importante. On travaille très fort pour reconduire les budgets », a affirmé la ministre.

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