Opinion  Voie ferrée du CP

Pour que les murs tombent

Chaque jour, des résidants et des travailleurs de Rosemont–La Petite-Patrie et du Plateau-Mont-Royal se butent à la voie ferrée du Canadien Pacifique (CP) – qui constitue un véritable mur entre les deux arrondissements – et se voient forcés de faire de longs détours, pouvant atteindre 30 minutes, pour passer d’un quartier à l’autre.

Quelque 400 piétons et cyclistes, quant à eux, décident quotidiennement de franchir l’obstacle de façon illégale, s’exposant ainsi à une amende de près de 150 $. À défaut d’avoir une excuse légitime, il est en effet illégal de traverser une voie ferrée et la police du CP patrouille régulièrement aux abords de la voie ferrée. Plusieurs citoyens ont ainsi reçu d’onéreuses amendes et ont contesté la situation devant les tribunaux, malheureusement avec peu de succès.

Le CP prétend utiliser des mesures répressives afin d’assurer la sécurité des citoyens sur ses installations. Cette technique ne donne cependant pas les résultats escomptés.

L’entreprise est en effet incapable de maintenir les clôtures bloquant l’accès à son emprise ferroviaire – des citoyens rompent ces dernières tous les jours – et le flux de piétons et de cyclistes est constant.

Depuis 2009, les élus de Projet Montréal du Plateau-Mont-Royal et de Rosemont–La Petite-Patrie réclament que le CP aménage des passages sur la voie ferrée qui scinde leurs quartiers.

Devant le peu d’empressement exprimé par l’entreprise, nous nous tournons vers les candidats et candidates fédéraux afin qu’ils prennent position dans le dossier de l’instauration de passages à niveau dans leurs circonscriptions – le réseau interprovincial de transport ferroviaire relevant du gouvernement du Canada.

DES PASSAGES ATTENDUS DEPUIS LONGTEMPS

Des passages sécuritaires sont réclamés depuis plusieurs décennies. Déjà en 1992, l’urbaniste Jean Décarie, alors employé de la Ville de Montréal, proposait de réduire la frontière que représente la voie ferrée du CP en implantant des passages à niveau tous les 500m. Ces passages permettraient aux piétons et aux cyclistes de circuler en toute sécurité, en plus de désenclaver des quartiers qui se sont grandement densifiés depuis la désindustrialisation du secteur.

En 2011, à la demande des élus, la Ville de Montréal a envoyé une demande formelle de passages à niveau au CP, laquelle est restée lettre morte. Pour comble d’insulte, le CP a détruit, en octobre 2014, une partie du Champ des possibles, un espace vert prisé et entretenu par les citoyens.

Des solutions existent pour encadrer de façon sécuritaire le passage des piétons. Nous sommes aujourd’hui en droit de nous demander si la situation qui perdure à la frontière de Rosemont–La Petite-Patrie et du Plateau-Mont-Royal est toujours socialement acceptable. Avec l’aide du gouvernement fédéral, nous espérons amener le CP et les entreprises ferroviaires qui traversent notre ville à adopter un comportement de citoyen corporatif responsable.

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