Rochette a hâte de voir l’élite

Joannie Rochette s’assoit dans le salon VIP qui surplombe la glace de l’aréna Sylvio-Mantha, à Montréal. Sous ses yeux, quelques-uns des meilleurs couples en danse répètent leur chorégraphie.

« Ça fait un an et demi que je n’ai pas vraiment mis les pieds sur une patinoire. Le froid ne me manque pas, mais je m’ennuie de l’intensité, de la préparation physique et mentale ou du travail en équipe avec mon entraîneuse », raconte-t-elle.

Du 26 au 28 octobre, l’ex-patineuse de 32 ans aura un point de vue semblable, mais cette fois depuis les gradins de la Place Bell à Laval. Elle a été nommée, hier, ambassadrice des Internationaux Patinage Canada, qui réuniront l’élite mondiale. Tout de même, n’aura-t-elle pas un petit pincement au cœur en voyant tout ce beau monde dans sa cour ?

« J’ai fait les Internationaux Canada à Québec, mais ça n’a jamais eu lieu dans les environs de Montréal. Plus jeune, ça aurait ajouté une certaine pression de patiner chez moi. Vers la fin de ma carrière, j’ai appris à faire avec. Il n’y a rien qui remplace le sentiment d’offrir une belle performance avec le public dans sa poche », reconnaît-elle.

Rochette, sacrée six fois championne canadienne, a disputé sa dernière compétition en 2010 en décrochant le bronze lors des Jeux olympiques de Vancouver. Elle a ensuite participé à quelques tournées avant de se concentrer sur ses études de médecine à l’Université McGill. Elle obtiendra son diplôme dans un an et demi. Pendant ce temps, le monde du patinage a continué à évoluer, à tel point qu’elle se considère aujourd’hui comme une « outsider ».

« Je ne suis même plus une matante pour ces patineuses-là, je suis rendue une grand-mère ! »

— Joannie Rochette

« Je n’ai jamais été en compétition avec ces patineuses-là. Elles m’ont vue aux Jeux de Vancouver, mais on ne se connaît pas personnellement. Deux cycles olympiques, c’est quand même long. Ça va être le fun d’avoir cette distance-là et de les rencontrer comme une fan. »

Elle suivra particulièrement l’Ontarienne Gabrielle Daleman, championne olympique en équipe, ainsi que la Russe Evgenia Medvedeva, médaillée d’argent à PyeongChang. Laval accueillera également le Japonais Shoma Uno, un habitué des podiums, et le couple canadien formé de Kirsten Moore-Towers et Michael Marinaro.

Une répétition

Les Internationaux Patinage Canada constituent la deuxième compétition de la série annuelle du Grand Prix ISU. Les autres événements ont lieu aux États-Unis, en Russie, en France, en Chine et au Japon. Le Québec ne les avait plus accueillis depuis 2007.

« Pour nous, c’est une pratique pour les Championnats du monde qui auront lieu ici en 2020 [au Centre Bell], explique la directrice haute performance de Patinage Québec, Nathalie Martin. Au niveau du développement, on va aussi faire des activités sur la glace ou hors glace pour que 150 patineurs de la relève voient ce qu’il faut faire pour se rendre à un niveau international. »

Et parmi ceux qui peuvent servir d’inspiration, Mme Martin nomme notamment Carolane Soucisse et Shane Firus, le « couple de l’avenir » au Québec, qui vient tout juste de prendre la quatrième place de l’Omnium Finlandia, en danse.

« On a augmenté notre pointage du programme court, ce qui est positif. Par contre, on a fait quelques erreurs techniques qui ont été coûteuses lors du programme long. On a appris beaucoup et on va pouvoir l’utiliser pour la suite, analyse Soucisse. Cette année, on n’a pas demandé à faire les Internationaux Canada, mais on est très heureux de l’invitation. »

« Ce sera très excitant pour nous de patiner devant nos amis et nos familles qui seront sur place, ajoute Firus. Ce sera une expérience différente pour eux de nous voir en direct plutôt que sur l’internet. »

La vente de billets va bon train, même s’il reste encore des places.

Patinage artistique

Une année de tests

L’année post-olympique est parfaite pour essayer de nouvelles choses sur la glace. Illustration avec le travail de Marie-France Dubreuil qui, en compagnie de Patrice Lauzon, entraîne six couples présents à Laval : « Avec nos couples, on essaie de pousser vers de la musique un peu plus moderne pour que les jeunes accrochent un peu plus. On essaie aussi d’amener sur la glace de nouvelles techniques de danse au sol. C’est la bonne année pour le faire, et si ça marche avec le public, j’ai confiance que les juges vont embarquer. »

Un meilleur niveau

La compétition est-elle aujourd’hui plus relevée qu’à l’époque où Joannie Rochette écumait la planète ? La principale intéressée le croit. « Avant, il y en avait peut-être trois ou quatre qui faisaient des triples-triples et ne qui faisait un triple axel. Maintenant, c’est presque tout le top 10 mondial qui fait des triples-triples. Ce sont les mêmes sauts, mais un plus grand bassin de patineurs les réussissent. »

La relève

Les représentants canadiens ont terminé sur le podium de quatre des cinq épreuves lors des derniers Jeux olympiques. Mais une page s’est tournée avec les retraites de Patrick Chan, Eric Radford et Meagan Duhamel. De leur côté, Tessa Virtue et Scott Moir n’ont rien annoncé officiellement, mais il serait étonnant de les retrouver à Pékin en 2022. « On a une belle relève comme Joseph Phan, 17 ans, qui est déjà médaillé dans des Grands Prix juniors, détaille Nathalie Martin, directrice haute performance de Patinage Québec. On a aussi Marjorie Lajoie et Zachary Lagha, qui vont accéder à la finale du Grand Prix à Vancouver en décembre. Le patinage se porte bien au Québec. »

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