Soccer

Wandrille Lefèvre dans de beaux draps

Le défenseur de l’Impact de Montréal Wandrille Lefèvre pourrait trouver le temps long lors de son prochain voyage aux États-Unis. Selon un expert, l’athlète qui a publié une photo de lui armé mentionnant Donald Trump pourrait être longuement questionné ou même carrément refoulé à la douane américaine.

« Mon conseil à cet athlète, ce serait d’arriver à la douane longtemps d’avance la prochaine fois qu’il va aux États-Unis, parce qu’il pourrait devoir répondre à beaucoup de questions », a expliqué Michael Greene, un avocat spécialisé en droit de l’immigration.

Lefèvre a été suspendu hier par l’Impact pour une durée indéterminée. L’équipe lui reproche la publication sur Instagram d’une photo qui se voulait une blague. On y voit le joueur de 28 ans armé de ce qui serait un pistolet à air comprimé. Il indique sous la photo : « Depuis que Donald est au pouvoir, mieux vaut prévenir que guérir », ponctué d’un émoji moqueur.

L’Impact est maintenant en contact avec la MLS à ce sujet précis. Ce faux pas socio-médiatique semble donc être remonté jusqu’aux plus hautes instances de la ligue, qui compte 19 équipes aux États-Unis.

L’Impact n’a pas voulu faire de commentaire hier. L’équipe s’est contentée d’annoncer la suspension de Lefèvre sur Twitter. « À la suite d’une publication préoccupante pour le club sur les médias sociaux, l’Impact de Montréal a suspendu le défenseur Wandrille Lefèvre jusqu’à plus ample examen de la situation », a déclaré l’équipe.

La Presse n’a pas été en mesure, hier, de parler au joueur, qui ne voyait probablement dans cette publication, maintenant retirée, qu’une bonne blague.

Mais l’équipe et la MLS ne semblent pas l’avoir trouvée drôle. L’avocat Michael Greene pense que les douaniers américains pourraient aussi ne pas partager l’humour de Lefèvre.

« C’est un processus tout à fait discrétionnaire. Les douaniers ont beaucoup de marge de manœuvre pour refuser quelqu’un. »

— Michael Greene, avocat spécialisé en droit de l’immigration et ancien président de la section du droit de l’immigration au Barreau du Canada

« C’est drôle parce que c’est quelque chose que l’on voit souvent aux États-Unis, mais pas à la blague : des gens armés en photo qui tiennent des propos haineux ou racistes. Mais c’est une chose de publier une photo de soi armé quand on est américain, c’en est une autre de le faire quand on ne l’est pas », dit-il.

« Les gens doivent réaliser que les douaniers peuvent consulter les comptes des gens sur les médias sociaux. Ils le font même au Canada. Ils peuvent regarder LinkedIn ou Twitter pour voir ce qu’ils peuvent trouver, dit-il. C’est déjà arrivé à des Canadiens qui se rendaient aux États-Unis de devoir répondre à des questions sur leurs convictions religieuses ou politiques parce qu’ils ont vu certaines de leurs publications sur les réseaux sociaux. »

Le faux pas de Lefèvre pourrait donc avoir des conséquences imprévisibles. Il sera également intéressant de voir si Soccer Canada entend sanctionner le joueur, qui fait partie de son effectif. La Presse a laissé un message hier au porte-parole de l’organisation, qui n’avait toujours pas répondu au moment de publier.

Mme Pateryn s’en mêle

Ce cas s’est produit « par la bande », puisque l’athlète lui-même n’est pas l’auteur de la bourde. Le 15 février dernier, Stefani Pateryn a décidé d’étaler sur Twitter son mécontentement. Son mari, le défenseur Greg Pateryn, a été laissé de côté par le nouvel entraîneur-chef du Canadien, Claude Julien. « Different day same French fuck », a-t-elle écrit dans un commentaire au racisme patent. Moins de deux semaines plus tard, le 27 février, Pateryn a été échangé aux Stars de Dallas.

Pablo Sandoval aux toilettes

Le joueur de troisième but des Red Sox de Boston a réussi à se mettre dans le pétrin sans même publier une seule photo sur Instagram. Un journaliste s’est simplement rendu compte que Sandoval avait « aimé » deux photos d’une utilisatrice – nommée diva_legacy – en plein match de baseball. Sandoval a plus tard admis qu’il était allé aux toilettes en septième manche et qu’il avait apporté son téléphone avec lui. Il a été suspendu un match par l’équipe.

Nik Lewis va trop loin

En 2012, le joueur des Alouettes Nik Lewis a écrit un message sur Twitter. « Je viens d’acheter les gants d’O.J. Maintenant, tout ce qu’il me manque, c’est une fille blanche s’appelant Nicole », prenant soin d’ajouter le mot-clic #PeutEtreUnPeuTropLoin. Lewis, qui évoluait alors pour les Stampeders de Calgary, avait été mis à l’amende par la Ligue canadienne de football. Il s’était excusé deux jours plus tard pour cet humour plus que douteux.

Steve Clevenger et les Noirs

Le 22 septembre 2016, le receveur des Mariners de Seattle a fait une montée de lait contre le mouvement Black Lives Matter. Il a écrit sur Twitter que les manifestants, tout comme le président Barack Obama, devraient être « enfermés derrière des barreaux comme des animaux ». Le message n’a pas passé chez les Mariners. Le lendemain même, le directeur général de l’équipe, Jerry Dipoto, a suspendu Clevenger pour la saison.

Un Oiseau dans l’embarras

En mai 2015, le joueur de ligne défensive des Alouettes Khalif Mitchell a publié une série de tweets proches de l’antisémitisme. Il a entre autres publié un lien vers une vidéo négationniste. Mitchell s’excusera plus tard et décidera même de travailler avec l’organisme B’Nai Brith pour mieux se renseigner sur la question. La LCF l’a mis à l’amende, tout comme les Alouettes de Montréal.

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