Le chat parti, les souris dansent ?

Les Grands Prix cyclistes de Québec et de Montréal se disputeront cette semaine sans leur acteur principal des dernières années, le champion mondial Peter Sagan. Et si ça ouvrait davantage les courses ?

Québec — Michael Matthews n’avait pas encore consulté la liste des partants en atterrissant à l’aéroport international Jean-Lesage, hier après-midi. Le cycliste australien avait toutefois une bonne idée de l’opposition à laquelle il ferait face aux Grands Prix cyclistes de Québec, vendredi, et de Montréal, dimanche.

« Je n’ai pas regardé, mais j’imagine que les gars qui étaient assis à mes côtés en classe affaires sont probablement les principaux coureurs pour chaque équipe », a relevé Matthews à sa sortie du vol nolisé en provenance de Paris, à bord duquel voyageait la majorité des coureurs et accompagnateurs. « Il y a plusieurs bons gars dans une excellente forme, qui l’ont démontré au cours des dernières courses. »

Il pensait entre autres à John Degenkolb, son voisin de siège de l’autre côté de l’allée.

Après un accident terrible survenu à l’entraînement en janvier 2016 *, l’Allemand de Trek Segafredo revient au Québec auréolé d’une victoire émotive au dernier Tour de France, lors de l’étape se terminant à Roubaix.

« On a une équipe forte, avec Jasper [Stuyven] qui est aussi en excellente condition », a souligné Degenkolb, qui vise surtout un succès à Québec. « On verra ce que j’ai encore dans les jambes. »

Anthony Roux, de Groupama FDJ, ne voyage peut-être pas en classe affaires, mais son statut a nettement changé depuis sa victoire aux Championnats de France, le 1er juillet. Troisième à son dernier passage dans le Vieux-Québec en 2016, il tentera d’imiter son compatriote Thomas Voeckler, qui s’était imposé dans le maillot bleu-blanc-rouge de champion national à Québec, en 2010.

« Ce maillot, ça met de la pression parce qu’on n’a pas envie de décevoir, a-t-il dit. En même temps, ce n’est que du bonheur parce que c’est un maillot magnifique. Je n’ai rien contre celui à la feuille d’érable, c’est sûr, mais d’avoir ce maillot… »

Pour Roux, pas question de froisser son coéquipier québécois Antoine Duchesne, qui étrenne actuellement son maillot de champion canadien au Tour d’Espagne…

Hugo Houle, lui, sera des GP, très en jambes et au sein d’une formation Astana qui figurera assurément parmi les favorites avec des poids lourds comme Michael Valgren, Jakob Fuglsang et Magnus Cort Nielsen.

Le grand absent

Dans l’avion, deux coureurs de renom brillaient par leur absence. Greg Van Avermaet, quatre fois sur le podium à Québec et vainqueur à Montréal en 2016, avait simplement atterri une heure plus tôt sur un vol en provenance de Toronto. Le champion olympique belge, huit jours en jaune au dernier Tour de France, sera forcément à suivre.

« C’est un gars toujours motivé, je ne l’ai pas vu depuis quelques semaines, mais à mon avis, il veut faire un bon résultat ici », a confirmé Simon Gerrans, son coéquipier de BMC. Seul double gagnant des épreuves canadiennes la même année (2014), l’Australien agira à titre d’équipier pour Van Avermaet dans ce qui sera son chant du cygne du cyclisme professionnel.

L’autre grand absent est évidemment Peter Sagan, le double tenant du titre à Québec, qui a préféré disputer la Vuelta cette année.

« Je comprends parfaitement sa décision. On doit venir ici en pleine possession de ses moyens, sinon il n’y a rien à faire. »

—  Serge Arsenault, président des Grands Prix cyclistes de Québec et de Montréal, au sujet du Slovaque Peter Sagan

Chose certaine, l’absence du triple champion mondial slovaque ne fera pleurer aucun de ses rivaux. « Avec un peu de chance, ça rendra la course plus excitante », a même supputé Matthews, qui est monté deux fois sur le podium à Québec depuis 2015.

« Quand il est là, tout le monde a comme peur de tenter des attaques. Espérons que ce sera plus ouvert et que différents gars tenteront différentes choses. Ça rendrait la course plus excitante pour nous et pour la foule. »

À confirmer ou infirmer vendredi sur la Grande Allée.

* Degenkolb et cinq de ses coéquipiers de Giant-Alpecin avaient subi de graves blessures après qu’une dame âgée roulant en sens inverse eut percuté le groupe de plein fouet avec son auto.

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