Mon clin d’œil

« Si Greta veut faire du covoiturage à Montréal, je suis disponible. »

— Maxime Bernier

Réplique

Pas une clique, mais plutôt une secte au pouvoir

En réponse à la chronique de Mario Girard, « La clique d’Outremont », publiée le 5 septembre

Si le maire Tomlinson se sent comme la bulle du jeu de fléchettes, c’est qu’il l’a bien cherché.

Lors des élections de 2017, Projet Montréal s’est présenté sous son jour mielleux : respect des résultats du référendum sur la synagogue de l’avenue Bernard, revue des transferts de la ville-centre vers l’arrondissement, taxation au niveau de l’inflation, transparence décisionnelle, participation inclusive citoyenne, etc.

Les lendemains des élections ont été tout autres. Fort de sa majorité au conseil, M. Tomlinson et ses conseillères (dont la majorité n’habite pas l’arrondissement) en profitent plutôt pour imposer un programme bien différent.

Au-delà du non-respect des engagements électoraux, il y a aussi la méthode qui fait fi de toute discussion préalable. M. Tomlinson serait un adepte de la doctrine du despotisme éclairé qu’il n’agirait pas autrement.

Le projet surprise de réforme du stationnement est un bel exemple de la façon de régner de Projet Montréal. M. Tomlinson veut se payer des projets environnementaux spectaculaires, mais voilà, la caisse est à sec, car les ponctions de 400 000 $ par année de la ville-centre dans les allocations à l’arrondissement font mal.

La solution : taxer le stationnement à la hauteur de 400 000 $. Bien que le projet soit en élaboration depuis plus d’un an, M. Tomlinson n’a pas pu trouver le temps de consulter les citoyens sur ce plan de stationnement qui sera donc approuvé en cinq petites semaines lors d’une séance extraordinaire, par un bel après-midi de juillet.

M. Girard, votre billet fait écho aux prétentions écologiques du Plan de stationnement et, pourtant, le règlement adopté prévoit l’ajout de 400 places de stationnement tout en favorisant l’utilisation de la voiture par les non-résidants. En effet, alors que dans le passé, seulement 60 % du stationnement sur rue de l’arrondissement leur était accessible (et ce, généralement loin des points chauds, les autres places étant réservées à l’usage exclusif des résidants), c’est désormais 100 % des places que le nouveau plan leur accordera, tarifées, certes, mais facilement accessibles à des tarifs nettement moindres que ceux pratiqués par l’Université de Montréal à proximité.

Projet Montréal vient d’inventer l’économie circulationnaire bâtie sur le modèle du pompier pyromane : on transforme les rues en vastes stationnements incitatifs au bénéfice des banlieusards, et ce, afin de financer des projets pour diminuer la circulation automobile que l’on vient de créer.

Malheureusement, cela n’est qu’un exemple des nombreuses incohérences relevées par les citoyens dans ce plan. Devant un tel projet, les citoyens, pourtant ouverts à un contrôle rigoureux du stationnement, demandent de voir les études qui le sous-tendent : niet. Demandent une consultation publique : niet. Demandent une suspension de son application, le temps de le bonifier : niet. Demandent que la consultation publique obtenue grâce aux 2000 signatures recueillies en vertu du droit d’initiative soit confiée à l’Office de consultation publique de Montréal : niet. Pas surprenant que vous ayez décelé de la grogne, car contrairement à ce que vous avancez, M. Girard, il n’y a ni échange ni transparence et le respect fait souvent défaut.

On a ici affaire à un maire Projet Montréal pour qui la cause justifie les moyens. M. Tomlinson a beau affirmer le contraire, il n’y a pas de dialogue, car on escamote systématiquement tous les processus démocratiques de consultation.

À Outremont, on n’a pas une clique, mais bien une secte au pouvoir, et M. Tomlinson cherche à en être le grand prêtre, à moins qu’il ait décidé d’en être le martyr… une fléchette à la fois.

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