Transport médical par hélicoptère

Barrette confirme un projet pilote de 3 millions

Le ministre de la Santé Gaétan Barrette a confirmé hier la création d’un projet pilote de transport médical par hélicoptère entre six établissements de santé et l’hôpital du Sacré-Cœur, à Montréal.

Comme l’avait révélé La Presse, ce projet sera d’une durée de 18 mois et devrait voir les premiers patients transportés en septembre prochain. Le ministre a indiqué qu’un minimum de 175 patients devraient en bénéficier, quoique ce chiffre « pourrait dépasser 200 ».

Québec investit 3 millions dans ce projet. Questionné sur les délais avant cette annonce – le Québec était la seule province canadienne dépourvue d’un service ambulancier intégré au système de santé –, M. Barrette a répondu que ce projet s’inscrivait dans la « séquence prévue » par sa réforme, qui lui a permis de dégager la « marge nécessaire » sur le plan financier.

Puis, invité à commenter le fait que la somme de 3 millions apparaît minime dans le budget de 38,5 milliards de son ministère, M. Barrette a invoqué les coûts d’un déploiement dans toute la province au terme du projet pilote, une opération que le gouvernement Charest avait évaluée à 20 à 25 millions de dollars en 2011.

C’est l’entreprise Airmedic qui assurera le service pendant la durée du projet pilote. Le gouvernement lui a accordé le contrat de gré à gré, mais fera un appel d’offres si jamais le service devait être élargi après 18 mois.

Le projet prévoit le transport de patients strictement entre hôpitaux, et non des interventions directement sur le terrain. Deux hélicoptères d’Airmedic et une dizaine d’employés y seront affectés en exclusivité. Pour chaque transport, le patient sera accompagné à bord par un médecin et une infirmière ou un infirmier ainsi qu’une personne accompagnatrice. Deux pilotes compléteront l’équipage.

Rayon précis

L’hélicoptère serait le moyen le plus rapide pour transporter des patients d’un établissement de santé à un autre dans un rayon de 75 à 275 km. En deçà de cette fourchette, l’ambulance traditionnelle serait plus efficace, et au-delà de 275 km, on privilégiera l’avion.

« En traumatologie, on connaît le principe de la “golden hour”, l’heure suivant [un accident] où chaque moment est critique, a dit M. Barrette en conférence de presse. Un avion n’est pas toujours le véhicule le plus rapide, simplement parce qu’il n’y a pas d’aéroport partout. »

Les transports ne sont toutefois pas prévus exclusivement pour les patients en trauma. Le ministre a donné l’exemple de patients victimes de problèmes cardiaques nécessitant une intervention d’urgence. C’est le CHU de Québec (Université Laval) qui fera le triage des demandes pour déterminer les situations où les hélicoptères seront mis à contribution.

Les six établissements de santé qui ont été retenus pour le projet pilote sont les hôpitaux de Shawinigan, de La Tuque, de Joliette, de Mont-Laurier, de Rivière-Rouge et de Sainte-Agathe. Des installations simples seront mises en place dans ces établissements pour accueillir les hélicoptères.

Les paramédicaux déçus

La Corporation des paramédics du Québec a indiqué par voie de communiqué en fin de journée hier qu’elle accueillait « favorablement le projet pilote », mais qu’elle déplorait que « les compétences et les soins professionnels des paramédics n’aient pas été retenus ». « Normalement, des paramédics accompagnent les membres qui utilisent le service de transport héliporté d’Airmedic en plus des autres professionnels de la santé tels que des infirmières, inhalothérapeutes ou médecins. Or, le projet pilote annoncé par le Ministère n’impliquera que des professionnels de la santé reconnus par les lois », y ajoute-t-on. « Nous sommes étonnés que notre expertise dans les évacuations de bénéficiaires et nos compétences dans les soins préhospitaliers aient été mises de côté », a déploré Patrick Dufresne, président de la Corporation, cité dans le même communiqué. 

Meurtre de Cheryl Bau-Tremblay

Alexandre Gendron coupable de meurtre non prémédité

Enceinte de cinq mois, Cheryl Bau-Tremblay n’en pouvait plus de l’alcoolisme de son conjoint. Une semaine après avoir appelé les policiers en panique, elle semblait déterminée à le quitter. Mais Alexandre Gendron n’a pas accepté l’ultimatum de sa conjointe : il l’a étranglée et a caché son corps sous le lit. Hier, le jury l’a reconnu coupable de meurtre non prémédité.

Le témoignage décousu et arrogant d’Alexandre Gendron n’a visiblement pas convaincu le jury qu’il n’avait « jamais » eu l’intention de tuer sa conjointe, le 1er août 2015. Certains jurés affichaient parfois un air de dégoût en écoutant son récit incohérent et truffé de commentaires sexistes. Alors qu’il racontait le moment précis de la mort de Cheryl Bau-Tremblay, Alexandre Gendron avait créé un malaise dans la salle d’audience en expliquant que les « chicanes, ça finit dans le lit. Tout le monde sait ça ».

L’homme de 38 ans visait un verdict d’homicide involontaire, et non un acquittement, puisqu’il reconnaissait avoir causé la mort de sa conjointe. Il soutenait l’avoir « chokée » sans le savoir pendant une dispute en lui retenant un bras dans les airs. Il voulait alors l’empêcher de le frapper avec une bouteille de parfum.

Dans un récit confus, l’accusé a témoigné avoir lancé sa conjointe sur le lit en trébuchant. « Elle a rebondi et elle est retombée sur le plancher de bois franc. Ça a fait badang ! Elle a reviré assise, elle est devenue grise, pis elle a fait rahhh », a-t-il raconté en reproduisant le dernier râle de sa conjointe.

Sous le lit

Alexandre Gendron n’a jamais tenté de réanimer sa conjointe et n’a jamais appelé les secours après cet événement. Il a simplement caché le corps sous le lit, en le dissimulant plus tard dans un sac de couchage. Les policiers ont finalement trouvé la femme cinq jours plus tard, alors que ses proches avaient signalé sa disparition.

Ce soir-là, Cheryl Bau-Tremblay retournait dans sa maison de Beloeil pour la première fois depuis une semaine. Dans un échange de messages, elle avait bien prévenu Alexandre Gendron qu’elle ne désirait pas sa présence. « Ostie, je ne feele pas pour me faire écœurer », avait-il rétorqué. « Deadline is over », avait-elle conclu.

Une semaine plus tôt, la jeune femme originaire de Saint-Félicien avait appelé le 911 en panique, enfermée dans la salle de bains. « Je suis avec mon conjoint et ça se passe pas bien. S’il vous plaît, envoyez-moi quelqu’un. Ça dégénère ! Il est agressif, il est soûl », avait-elle confié à l’agente du 911.

Alexandre Gendron avait consommé de 15 à 18 bières au moment de tuer Cheryl Bau-Tremblay. Il pouvait boire jusqu’à deux « caisses de 24 » par jour. « J’ai été sur la brosse toute ma vie », a-t-il résumé. C’est d’ailleurs pendant un traitement pour son alcoolisme que le couple s’était rencontré quelques années plus tôt.

Les observations sur la peine à imposer auront lieu les 9 et 10 juillet au palais de justice de Saint-Hyacinthe. Alexandre Gendron sera nécessairement condamné à la prison à vie, mais son admissibilité à une libération conditionnelle sera débattue.

Meurtre d’un adolescent à L’Île-des-Sœurs

L’accusé de 17 ans acquitté par un jury

Un Montréalais de 17 ans accusé d’avoir tué un adolescent de 15 ans pendant une fête à L’Île-des-Sœurs en octobre 2016 a été acquitté de meurtre non prémédité, hier après-midi, au terme d’un rarissime procès devant jury au tribunal de la jeunesse. « On est contents du verdict et du travail accompli. La famille est extrêmement satisfaite et soulagée », s’est réjoui l’avocat de l’accusé, Me Tiago Murias. L’accusé plaidait avoir utilisé un couteau en légitime défense, alors qu’il était menacé par un groupe de jeunes, le 28 octobre 2016. C’est un coup de tête asséné par l’accusé à la petite amie de la victime qui a mis le feu aux poudres. Une dizaine d’amis de la victime ont pourchassé l’accusé et ses amis jusqu’à un parc. L’accusé a alors poignardé la victime d’un seul coup de couteau au thorax.

— Louis-Samuel Perron, La Presse

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