ALENA

Les trois priorités de Couillard

Si l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) doit être renégocié, il devra prendre acte de l’économie numérique, garantir la libre circulation des biens et des personnes et améliorer l’accès aux marchés publics, estime le premier ministre du Québec Philippe Couillard.

M. Couillard a donné ces précisions devant quelque 600 gens d’affaires canadiens et américains réunis hier par la Fédération des chambres de commerce du Québec.

Il a rappelé que l’arrivée de l’administration Trump et sa volonté de renégocier l’ALENA « éveillent des inquiétudes chez nous ». « Autour de ma maison, ce sont des agriculteurs et des forestiers et je ne l’oublierai jamais », a-t-il dit au sujet de sa circonscription de Roberval.

Mais il a précisé que l’accord méritait d’être modernisé, en citant en exemple le nouvel accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne.

Il a affirmé en outre que la renégociation devait se faire à trois, entre le Canada, les États-Unis et le Mexique.

« Nous devons garder les négociations trilatérales, pour des raisons économiques, mais aussi géopolitiques, a-t-il dit. Ce n’est pas dans l’intérêt des États-Unis de déstabiliser le Mexique. »

Il rejoint en cela la position officielle du Canada, exprimée récemment par la ministre des Affaires étrangères du Canada, Chrystia Freeland.

M. Couillard partageait la tribune avec Maryscott Greenwood, du Canadian American Business Council, qui s’est montrée sceptique à cet égard.

« Je vis à Washington DC et dans le monde politique réel actuellement, le multilatéral n’a pas la faveur. Si on est réaliste, si la négociation avec le Mexique s’éternise, il faudra faire avancer celle entre le Canada et les États-Unis. »

— Maryscott Greenwood

M. Couillard a aussi affirmé, chiffres à l’appui, que le Canada n’est pas la cause du déficit commercial des États-Unis et que cette relation bilatérale est bénéfique pour les deux parties. « C’est évident que le Canada n’est pas le problème », a-t-il dit.

Brochette de grands noms

L’ambassadeur du Canada aux États-Unis, David McLaughlin, avait pris la parole plus tôt dans la journée, se disant « optimiste » après ses nombreux contacts avec le Congrès et l’administration Trump.

Au cours de la matinée, les deux hommes ont participé, en compagnie de plusieurs ministres du Québec, à une réunion à huis clos avec une cinquantaine de dirigeants d’entreprise venus exprimer leurs inquiétudes et proposer des pistes de solution pour souligner les succès de la relation commerciale Canada-États-Unis, la plus importante du monde en volume.

Parmi ceux-ci, le président de Bombardier, Alain Bellemare, de Cascades, Mario Plourde, de Gaz Métro, Sophie Brochu, de la Coop fédérée, Gaétan Desroches, de Rio Tinto Aluminum, Alfredo Barrios, et plusieurs autres. Plusieurs grandes entreprises américaines étaient aussi représentées.

Le PDG de la Caisse de dépôt, Michael Sabia, était également à la table, ainsi que Daniel Boyer, président de la FTQ.

La réunion a été organisée à deux semaines d’avis seulement par la Fédération des chambres de commerce du Québec. « Le fait que la réunion ait lieu est en soi un signe de progrès », a affirmé M. Couillard.

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