Train de Mascouche

Jusqu'à la gare Centrale sans correspondance dès janvier

Des usagers du train de banlieue de Mascouche pourront se rendre jusqu’à la gare Centrale, au centre-ville de Montréal, sans correspondance, dès le mois de janvier, malgré la fermeture définitive du tunnel ferroviaire du mont Royal.

La ministre déléguée aux Transports et responsable de la métropole, Chantal Rouleau, a annoncé hier qu’en vertu d’une entente intervenue avec le Canadien National (CN), le « train de l’Est » pourra faire le tour de la montagne, au lieu de passer dessous, en empruntant le réseau du CN à travers les voies de triage de Côte-Saint-Luc.

Seulement trois des cinq départs quotidiens du train de Mascouche se rendront au centre-ville. Les deux autres trains s’arrêteront à la gare Ahuntsic, dans le nord de Montréal. Ce contournement de la montagne pour le train de Mascouche avait déjà été annoncé en septembre. Sa mise en œuvre n’avait toutefois pas été anticipée avant juin 2020.

Des travaux ferroviaires de 30 millions seront nécessaires afin de permettre le passage des trains de banlieue sur cette partie du réseau CN, destinée au transport des marchandises. Un pont ferroviaire au-dessus de la ligne de train Deux-Montagnes devra être doublé, et une nouvelle voie ferrée d’environ six kilomètres de long sera construite entre ce pont et la gare de triage Taschereau.

Le contournement de la montagne allongera le trajet du train de Mascouche de 15 à 20 minutes lorsque l’ensemble des nouvelles infrastructures auront été connectées et automatisées, quelque part au printemps prochain. Dans l’intervalle, les trains qui se rendront jusqu’au centre-ville, à partir du 6 janvier prochain, pourraient prendre jusqu’à 30 minutes de plus que le trajet actuel.

Services transitoires

Ces nouveaux investissements s’ajoutent aux 192 millions déjà avancés par Québec et par la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) pour financer des services de transports collectifs transitoires en remplacement des lignes de trains de banlieue de Mascouche et Deux-Montagnes, qui n’auront plus d’accès direct au centre-ville au début de 2020.

En plus du devancement du parcours alternatif du train de Mascouche, la ministre Rouleau a aussi annoncé la création d’une nouvelle navette par bus (ligne 405) entre la gare de Deux-Montagnes et la gare de Sainte-Thérèse, sur la ligne de train de banlieue de Saint-Jérôme. Cette navette reliera les deux gares, sur une distance d’environ 15 kilomètres, en dehors des périodes de pointe.

De plus, la ministre Rouleau a annoncé une bonification importante aux départs de navettes qui relieront directement la municipalité de Deux-Montagnes et le centre-ville de Montréal, sept jours par semaine et 20 heures par jour, mais seulement hors des périodes de pointe. Le nombre total des départs dans les deux directions passera ainsi de 23, comme on l’avait annoncé en septembre, à 44.

Le 6 janvier prochain, le tunnel ferroviaire du mont Royal sera définitivement fermé aux trains de banlieue après plus d’un siècle d’utilisation. Le tunnel de 5 km entre la municipalité de Mont-Royal et la gare Centrale sera complètement réaménagé afin de répondre aux exigences de sécurité du futur Réseau express métropolitain (REM), un projet de métro léger de 6,3 milliards de la CDPQ.

Une première branche du futur REM sera mise en service en 2022 à partir de la station Du Ruisseau (à la gare du même nom sur la ligne de train de Deux-Montagnes). Mais pour une majorité des 15 000 usagers de la ligne de train de Deux-Montagnes qui vivent à Laval, en banlieue nord, ou dans l’ouest de l’île de Montréal, le REM ne viendra pas combler la perte du train de banlieue avant la fin de 2023.

Santé publique

« Percée » américaine dans les pneumonies liées au vapotage

Les autorités médicales américaines ont dévoilé vendredi midi qu’elles avaient trouvé un composé suspect, l’acétate de vitamine E, dans les poumons de victimes de la vague de pneumonies liées au vapotage. De plus, le problème semble lié au THC de contrefaçon obtenu sur le marché noir.

Agent de viscosité

« C’est une percée », a dit Anne Schuchat, directrice adjointe aux Centres de contrôle des maladies (CDC) du gouvernement américain, pendant une conférence de presse téléphonique vendredi. « C’est la première fois qu’on identifie une toxine potentielle dans des échantillons biologiques des patients, pris dans l’endroit où la blessure a eu lieu, les poumons. Jusqu’à maintenant, nous n’avions identifié l’acétate de vitamine E que dans des échantillons de liquides pour vapoteuses. » L’acétate de vitamine E, utilisé comme « agent de viscosité » pour vapoter du THC, ingrédient actif du cannabis, a été retrouvée dans du liquide pulmonaire de tous les 29 patients testés. Ce liquide a été recueilli dans le cadre de soins cliniques pour la pneumopathie, aux quatre coins des États-Unis.

Brûlures et surfactants

Le mois dernier dans le New England Journal of Medicine, une étude a rapporté que les victimes d’EVALI (nom scientifique de cette vague de pneumopathies graves) avaient des brûlures aux poumons. L’acétate de vitamine E peut-il brûler les poumons ? « On pense plutôt qu’il y a une interaction négative avec les surfactants », dit la Dre Schuchat. Ces surfactants empêchent les alvéoles pulmonaires de se replier. L’immaturité de la production de surfactants fait par exemple partie des problèmes des bébés nés très prématurément.

Marché noir

Une autre analyse, menée en Illinois, a montré que le risque de pneumopathie grave était particulièrement élevé, entre 8,5 et 9,2 fois plus élevé, pour les vapoteurs qui ont vapoté du THC de contrefaçon appelé « Dank Vapes », ou qui se sont procuré du THC auprès de « sources informelles ». Cette analyse a comparé les habitudes de 66 victimes d’EVALI avec celles de 4600 vapoteurs, dont 600 qui vapotaient au cannabis. « Le risque semble être beaucoup plus grand si le vapotage de THC implique des produits achetés de manière informelle », a dit la Dre Schuchat.

THC dans les poumons

Du THC a été également retrouvé dans le liquide pulmonaire de 23 des 29 patients. Cela ne veut pas dire que les six autres malades n’ont pas vapoté du THC, a prévenu Benjamin Blount, l’un des chercheurs des CDC qui ont mené l’analyse. « On ne s’attend pas à retrouver du THC dans les poumons, mais dans l’urine, alors c’est une proportion très élevée », a dit M. Blount. L’analyse de l’Illinois a montré que les vapoteurs qui prenaient du THC plus de quatre fois par jour ont trois fois plus de risque d’EVALI. Mais il est encore trop tôt pour parler de risque plus élevé avec une dose plus forte ou fréquente, selon la Dre Schuchat.

greffe de prothèses

Une nouvelle technique calquée sur les implants dentaires 

La RAMQ vient de commencer à financer une nouvelle technique de greffe de prothèses comparable aux implants dentaires. Le Centre universitaire de santé McGill a présenté vendredi une première patiente qui, à 50 ans, a dû être amputée à cause d’un accident de moto et ne pouvait utiliser de prothèse.

De la dent au fémur

L’ostéointégration consiste à installer une tige de métal reliant une prothèse à l’os, comme pour un implant dentaire. L’utilisation de l’ostéointégration pour les amputés a d’ailleurs été mise au point en Suède dans les années 90 par le fils de l’inventeur des implants dentaires dans les années 60, selon le chirurgien orthopédique Robert Turcotte. « C’est utile pour les patients ayant des problèmes d’emboîture avec les prothèses habituelles, dit-il. Ce n’est pas pour tout le monde ; il y a des gens qui font des marathons avec des prothèses, mais il y en a d’autres qui ne peuvent pas marcher et doivent se déplacer en fauteuil roulant, particulièrement chez les amputés bilatéraux. » Les problèmes sont particulièrement fréquents pour l’amputation « transférmorale », au-dessus du genou.

Accident de voiture

Michèle Forget a eu un accident à l’automne 2015, quand un ami l’a amenée faire une balade en moto pour lui faire oublier un peu son divorce. Une voiture ne s’est pas arrêtée à une intersection et, à 50 ans, Mme Forget s’est retrouvée amputée au-dessus du genou gauche. « Je marchais et je perdais ma prothèse, dit-elle. Je sortais de moins en moins. J’ai été déclaré invalide. L’été dernier, je ne pouvais même plus la mettre, je n’ai pas pu essayer mon vélo adapté. » La mère de deux enfants adultes peut maintenant envisager de retourner au gym. « Ça change ma vie. Dès les premiers pas après l’opération, je me rappelais la sensation de marcher naturellement », dit Mme Forget, qui est à la retraite après une carrière de technicienne administrative à Laval.

16 ans d’efforts

Le Dr Turcotte a mis 16 ans à importer cette technique ici. « On est allés en Suède en 2003 faire une formation. Depuis 2010, 2012, il y a de plus en plus d’opérations de ce genre en Europe et en Australie. On est rendu à 1200 patients dans le monde. L’armée américaine en fait, et d’autres centres aux États-Unis, mais au privé. Alors, il y a plus de données. En 2017, on est allés en Australie étudier les résultats là-bas et, cet automne, la RAMQ a décidé d’autoriser 50 opérations par année. On a fait les premiers patients au public au Canada. » Environ 25 patients montréalais se sont fait opérer en Europe ou en Australie, à un coût évalué à 100 000 $ par le Dr Turcotte, qui a aussi suivi l’évolution de ces patients afin de convaincre la RAMQ.

Les risques

Selon le Dr Turcotte, 5 ans après l’opération, 95 % des patients ont toujours leur implant au fémur. Des données suédoises montrent qu’après 10 ans, cette proportion baisse à peine, à 90 %. Il devrait être possible de reposer un implant, selon lui. Les patients ayant une amputation pour du diabète ou une cardiopathie ne sont pas de bons candidats à cause des risques accrus d’infection. Il peut aussi y avoir des fractures, particulièrement pour les patients atteints d’ostéoporose, mais, selon le Dr Turcotte, elles peuvent être réparées.

Ostéointégration dès l’amputation

En théorie, il pourrait être possible de faire une ostéointégration en même temps qu’une amputation. Mais le coût de l’opération est élevé à cause de l’implant, qui coûte de 22 000 $ à 25 000 $, selon le Dr Turcotte. « Il y a trois fabricants, dit-il. On espère qu’il y aura de la concurrence et que les prix baisseront. Il faut aussi attendre de voir les résultats à plus long terme. » L’ostéointégration est aussi possible pour les amputés des bras, particulièrement avec les prothèses activées par la pensée ou la stimulation des muscles.

Polytechnique, 30 ans plus tard

Les commémorations seront placées sous le signe du féminisme

Trente ans après la tuerie de Polytechnique, les organisateurs des évènements de commémoration insisteront cette année sur l’importance de mettre des mots précis sur la tragédie. « C’était un féminicide », martèle la présidente du comité Mémoire, Catherine Bergeron, sœur de l’une des 14 femmes tuées le 6 décembre 1989.

Le comité Mémoire, formé notamment de membres des familles des victimes et d’ingénieurs, a rencontré hier les médias pour détailler les évènements prévus dans le cadre de la commémoration de la tuerie, commise par un homme qui accusait les féministes d’avoir gâché sa vie.

En 2014, pour souligner le 25e anniversaire, « on avait senti le besoin de dire : “Voilà ce qui est arrivé”, dit Catherine Bergeron. Maintenant, c’est le temps de nommer les choses de la bonne façon. » L’ancien chef de police de Montréal Jacques Duchesneau, également membre du comité, reprend les mêmes mots. « C’était un féminicide, et on ne l’a pas assez dit. »

Le 6 décembre 1989, peu après 17 h, un homme armé d’une carabine semi-automatique a assassiné 13 étudiantes et 1 employée à l’École Polytechnique Montréal. Dès la première classe où il a commencé à faire son carnage, il avait ordonné aux hommes de sortir du local avant de tirer sur les femmes. « Je lutte contre le féminisme », avait-il déclaré avant d’abattre ses premières victimes. La tuerie a duré environ 20 minutes, le temps pour le tireur de visiter deux classes, la cafétéria, des locaux administratifs, puis de se suicider. Dans une lettre retrouvée après sa mort, il s’en prend de toute évidence aux « féministes », qui lui ont « toujours gâché la vie », notamment en « s’accaparant [les avantages] des hommes ».

Panneau corrigé

« Ça nous a pris beaucoup de temps collectivement à accepter ce qui s’est passé, observe Catherine Bergeron. Je pense qu’au début, c’était trop difficile à accepter, ça faisait trop mal. » Elle se réjouit de la décision de l’arrondissement Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce de modifier le panneau descriptif de la place du 6-Décembre-1989, qui qualifiera d’« attentat antiféministe » la tragédie commémorée par le parc. « Dire que le tireur était dérangé, ça n’explique pas tout », dit-elle. Il faut « mettre les vrais mots sur ce qui est arrivé ».

Le « comité de mémoire », formé notamment de membres des familles des victimes et d’ingénieurs, organisera le soir du 6 décembre une cérémonie au sommet du mont Royal. Comme c’est maintenant la tradition depuis 2014, 14 faisceaux de lumière seront allumés à partir de 17 h, heure où le tireur a commencé son carnage.

Cette année, le Comité a souhaité étendre le souvenir de l’évènement à tout le pays. Ainsi, 14 universités canadiennes, de Halifax à Vancouver, participeront elles aussi à l’évènement en direct, en allumant tout à tour un faisceau lumineux. Les familles ont également participé à la rédaction d’un livre, Ce jour-là – Parce qu’elles étaient des femmes, qui sera lancé officiellement le 6 décembre.

Fin de l’enquête sur la Société immobilière du Québec

Québec n’écarte pas des poursuites civiles

Surpris de voir l’Unité permanente anticorruption (UPAC) mettre un terme à son enquête à propos d’allégations de malversations à la Société immobilière du Québec (SIQ), le gouvernement Legault n’écarte pas la possibilité d’intenter des poursuites civiles.

En marge d’une annonce à Lebel-sur-Quévillon, vendredi, dans le Nord-du-Québec, le premier ministre François Legault n’a pas caché son étonnement. « On avait quand même vu des reportages qui montraient qu’il semblait y avoir des preuves de corruption », a-t-il dit au cours d’une mêlée de presse. « On regarde la possibilité de poursuivre au civil. Il faudra demander à l’UPAC d’avoir un peu plus les raisons pourquoi on est arrivé à cette conclusion, mais je suis surpris. »  

Dans un communiqué de quelques paragraphes publié en début de journée, le commissaire à la lutte contre la corruption, Frédérick Gaudreau, qui vient d’être nommé à la tête de l’UPAC, souligne que les conditions n’étaient « pas réunies » pour aller plus loin avec le projet Justesse, qui s’était amorcé en 2010. Il est indiqué qu’on ne pouvait pas « aller plus loin et soumettre une demande d’intenter des procédures au Directeur des poursuites criminelles et pénales ».

On ne déposera ainsi aucune accusation criminelle. Cette enquête se penchait sur des transactions douteuses à la SIQ. Une partie de son contenu avait été révélé par un reportage de l’émission Enquête. Elle visait William Bartlett, Franco Fava et Charles Rondeau, trois collecteurs de fonds pour le Parti libéral du Québec, ainsi que Marc-André Fortier, ancien président-directeur général de cette société d’État. Ceux-ci se seraient notamment partagé 2 millions grâce à des transactions faites avec la SIQ.

Par l’entremise d’un message relayé sur son compte Twitter, la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, s’est dite « surprise » de la décision de l’UPAC, ajoutant qu’il ne s’agissait pas du « dénouement souhaité ». « Cela étant dit, il s’agit d’une décision prise en toute indépendance et les raisons leur appartiennent, a-t-elle écrit. Avec la SIQ, nous évaluerons les options, dont un recours au civil. »

Rectificatif

Îles de la Madeleine

Les îles de la Madeleine s’alimentent actuellement en électricité par l’entremise d’une centrale thermique à moteur diesel, et non au charbon, contrairement à ce que nous avons écrit dans le texte « Télécommunications : les îles de la Madeleine toujours à risque », publié hier. Toutes nos excuses.

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