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Édition du 13 février 2017,
section AFFAIRES, écran 3
Quand vous entrez dans cet hôtel centenaire, ce doux parfum vous chatouille les narines. Une fragrance qui se voulait jeune et zen, conçue par l’équipe de l’entreprise Flair marketing olfactif. Les clients ont si bien réagi que l’hôtel vend maintenant une gamme de produits avec la même odeur. « Le marketing olfactif fonctionne avec des inférences, affirme le professeur de HEC Montréal Jean-Charles Chebat. Si vous vous trouvez dans une entrée d’hôtel et que l’odeur est agréable, vous pouvez penser que le service sera aussi agréable. Si telle chose existe, j’en déduis que d’autres choses existent aussi. »
C’est ce que vous aurez bientôt l’occasion de sentir si vous voyagez à bord des avions d’une compagnie aérienne qui préfère garder l’anonymat. « Ici, le client souhaitait que les voyageurs fassent une association subtile de l’odeur avec la compagnie, explique Jonathan Rasier. Le mélange de musc et de thé blanc donne une impression de luxe, de confort et de frais. On veut donner l’impression aux gens qu’ils sont dans un avion d’un niveau plus élevé. L’odeur a été testée au siège social avec beaucoup de succès. On attend une certification pour l’introduire dans l’avion. »
« Quand on entre dans la Caisse, qu’on respire l’odeur "Desjardins", ça procure un état d’apaisement et de confiance, ce qui fait qu’on est prêt à se confier au conseiller devant nous, explique Pascal Desjardins, coordonnateur multimédia chez Aromaestro. La fragrance est présente dans une cinquantaine de succursales à travers la province. La Caisse située sur la rue Mont-Royal avait un problème d’odeur, parce que les itinérants viennent dormir dans le guichet automatique. Le diffuseur a pu neutraliser ces odeurs. »
« Dans le domaine de l’hôtellerie, l’odorat est très important, souligne Guillermo Coronel, directeur général de l’Hôtel Nelligan. Quand vous entrez dans un endroit, c’est la senteur qui va déterminer si vous restez ou si vous partez. Flair marketing olfactif a trouvé une odeur qui a tout de suite été remarquée par les clients. Plusieurs se demandaient ce qu’on avait changé dans le lobby. Quand j’ai vu l’impact de l’odeur, j’ai décidé de la mettre dans tous les corridors et dans les toilettes. L’odeur est diffusée dans le système de ventilation, sauf dans les chambres. »
« Ça a un côté frais et propre. Ça amène une assurance, une confiance, ça détend et ce n’est pas trop parfumé. Quand tu vas à la clinique, tu ne veux pas te croire chez La Baie, souligne Jonathan Rasier. Comme la senteur de chaque entreprise est unique et qu’il y a plusieurs sortes de thé vert, nous en avons conçu une plus florale et l’autre, plus citronnée. »
« Il fallait trouver la bonne odeur d’orange pour la campagne Un jus vraiment près du fruit, raconte Audrey Bernard, associée chez Élixir. Reproduire l’odeur du jus, ce n’est pas intéressant, parce qu’il y a de l’acidité. On cherchait à recréer ce que sent le bout des doigts quand on vient d’éplucher une orange. L’odeur de la pulpe. Les usagers du transport en commun, qui sont habitués de voir des images et qui ne les remarquent plus, ont été interpellés par l’odeur. »
Lors de cet événement international dans les bureaux de GroupM Montréal, les invités faisaient un parcours des senteurs de Montréal. Le gazon frais coupé représentait les espaces verts de la ville. Un concept réalisé par Élixir. « Les odeurs sont encore dans nos bureaux, raconte le président Axel Dumont. Au-delà de la soirée, les gens sont repartis à New York et à Toronto avec des odeurs de Montréal. On leur a laissé un souvenir intérieur de ce qu’est cette ville et qui va remonter quand ils vont revenir à Montréal. »
C’est l’odeur diffusée dans le vestiaire des femmes, une odeur féminine, tandis qu’une fragrance virile d’orange et de bergamote embaume le vestiaire des hommes. « Dans les autres zones, on a d’autres odeurs, selon le type d’ambiance qu’on veut y apporter, explique le directeur général, Kevin Antonucci. Dans le gym, on utilise une odeur d’Aromaestro subtile de thé vert et d’agrumes. Dans les salles de cours, c’est une anti-odeur citronnée. Comme la clientèle revient souvent et s’habitue, on fait des changements d’odeurs chaque saison. On veut apporter un marketing sensoriel intéressant, que les gens entrent et ressentent l’ambiance. »