La question des câlins

La question éthique

La belle-famille débarque. Tout le monde se fait la bise. Mais fiston est farouche, il ne veut pas approcher sa grand-mère, tante Rose ou oncle Machin, et refuse de leur faire des câlins. Que faire ?

La réponse de la sexologue

« Bien sûr que les enfants peuvent refuser les câlins de grand-père, de tante Rose, de grand-mère ou de quiconque », répond la sexologue Jocelyne Robert. L’auteure de Te laisse pas faire, les abus sexuels expliqués aux enfants souligne ici que personne ne nous oblige, nous, les adultes, à aller embrasser « notre vieux tonton ou notre voisine de palier », alors pourquoi l’imposer aux plus jeunes ?

Quant à savoir s’il doit montrer davantage de gestes d’affection s’il vient de recevoir une voiture télécommandée, un drone ou un iPad, la réponse demeure évidemment non. « Ça n’est pas parce que fiston ou fillette vient de recevoir un beau cadeau qu’il doit “forcément” embrasser pour remercier. L’important est qu’il remercie poliment et respectueusement. On peut signifier sa reconnaissance autrement qu’en embrassant », tranche-t-elle.

Alors que les questions de consentement, d’inconduites et autres agressions sexuelles ont monopolisé les manchettes récemment, il est urgent de repenser la façon dont nous élevons nos enfants, croit-elle. « Les enfants sont souvent touchés, cajolés, pris dans les bras alors qu’ils ne le souhaitent pas. Voilà un code éducatif à repenser. Laissons l’enfant décider lui-même des gestes affectueux qu’il prodigue ou accueille. »

D’autant plus qu’en insistant pour un baiser ou un câlin en guise de remerciement, on envoie un message qu’on risque de regretter rapidement. « Comme parents, on aura l’air un peu fou ensuite quand on lui dira que son corps lui appartient et qu’aucun adulte n’a le droit de le toucher ou de l’embrasser contre sa volonté. »