Hockey

Peter Budaj n’a pas dit son dernier mot

Le 10 octobre 2015, Peter Budaj a fait ce qu’il n’avait pas réussi depuis plus de 18 mois.

Il a gagné un match.

Ça ne se passait pas au Centre Bell, au Pepsi Center de Denver ou dans un autre aréna de la Ligue nationale où Budaj a joué de 2005 à 2014. C’était au Rabobank Arena de Bakersfield, où il défendait le filet du Reign d’Ontario, le club-école des Kings de Los Angeles.

Et Budaj y a pris goût, si bien que l’ancien adjoint de Carey Price présente maintenant une fiche de 14-3-1 dans la Ligue américaine cette saison. N’oublions pas qu’en 2014-2015, dans cette même Ligue américaine, Budaj avait été incapable de gagner un seul des 19 matchs auxquels il a participé.

« L’an passé, mon état d’esprit était différent. Je n’étais pas prêt à vivre ce que j’ai vécu, admet le Slovaque, en entrevue avec La Presse. Je pensais seulement à retourner dans la LNH et je pensais moins à arrêter le tir suivant. Je voulais tellement y retourner vite, c’est à ça que je pensais au lieu de faire mon travail. »

LE TÉLÉPHONE NE SONNAIT PAS

En quelques mois, en 2014, Budaj est tombé de haut.

Pendant ses bons moments à Montréal, notamment en 2013, il faisait partie des meilleurs gardiens auxiliaires de la LNH. À cela s’ajoutait l’image du coéquipier exemplaire, loyal, qui acceptait son rôle.

Mais un an plus tard, quand Price est tombé au combat en finale de l’Est contre les Rangers, le Canadien lui a préféré Dustin Tokarski pour terminer la série. Le changement de garde s’est confirmé l’automne suivant, le Tricolore échangeant Budaj aux Jets de Winnipeg pour faire de Tokarski le nouveau gardien numéro 2 de l’organisation.

Immédiatement rétrogradé au club-école des Jets, qui était alors à St. John’s, Budaj a connu la pire saison de sa carrière, et au pire moment possible : la dernière année de son contrat. Dans ce contexte, à l’approche de ses 33 ans, disons qu’il n’était pas le gardien le plus demandé l’été dernier.

« J’essayais d’obtenir n’importe quoi. Je voulais simplement une chance de jouer et de montrer que j’avais encore ma place dans la LNH, mais il n’y avait pas beaucoup d’offres, relate-t-il. La période cruciale approchait. Le 25 août, je n’avais rien reçu encore. Puis, les Kings m’ont offert un contrat d’essai. Et heureusement, j’ai pu rester en santé et les pions se sont mis en place. »

Par « pions », il fait notamment référence au gardien Jean-François Bérubé, que Los Angeles a soumis au ballottage à l’issue du camp. Les Islanders l’ont réclamé, créant du coup un trou dans la hiérarchie des gardiens des Kings.

Deux mois plus tard, Budaj a pleinement profité de sa chance. Il domine la Ligue américaine pour la moyenne (1,49) et vient au deuxième rang pour l’efficacité (,939). S’il maintient la cadence, il devrait récolter sa part de votes pour le trophée Aldege « Baz » Bastien, remis au meilleur gardien de la Ligue américaine. Ou, mieux encore, forcer une équipe de la LNH prise avec des blessures devant le filet à soumettre une offre pour l’obtenir.

Et si les Kings le rappellent, il devra passer par le ballottage, où ses chances d’être réclamé augmentent à chaque victoire qu’il signe.

Pas mal pour un gardien qui, l’été dernier, commençait même à se demander si son avenir ne passait pas par l’Europe.

« Quand ça ne bouge pas, c’est difficile de rester patient. Je voulais rester en Amérique du Nord, mais il ne se passait rien. Mais je n’ai jamais voulu abandonner, je ne suis pas ce genre de personne. »

— Peter Budaj

Pour l’heure, Budaj file le parfait bonheur, même s’il ne cache pas que son but ultime est de remettre les pieds en LNH. « J’espère que les résultats parlent d’eux-mêmes », rappelle-t-il, en référence à sa fiche exceptionnelle.

En attendant, il profitera de son expérience pour vivre un premier Noël dans un climat chaud, lui qui a passé les dernières années de sa vie à Denver, Montréal et Terre-Neuve. « Ontario est une belle ville, c’est propre. C’est un bel endroit si on la compare avec d’autres villes de la Ligue américaine. Et la température est agréable. Ce sera mon premier Noël en Californie. »

Le retour dans la LNH, ça arrivera quand ça arrivera.

« Oui, je regarde les faits saillants de la Ligue nationale. Mais si je commence à me demander quelles équipes ont besoin d’un gardien, ça va me déconcentrer. J’essaie de rester dans le moment présent et de me concentrer sur mon travail, qui est d’arrêter le prochain tir. »

Quand Budaj parle ainsi, on jurerait entendre Price s’adresser aux médias. Visiblement, son passage auprès de Stéphane Waite l’a marqué !

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