Le Canada dans le monde

Il vous reste un an, monsieur Trudeau 

Le bilan des libéraux en matière de politique étrangère est un triste échec

Pendant que l’Arabie saoudite est en train de nous produire l’un des plus énormes mensonges de la politique internationale récente – avec le meurtre du journaliste Khashoggi –, le Canada peine à critiquer du bout des lèvres ces actes de barbarie, et hésite à remettre en question nos ententes de ventes d’armes avec ce pays.

Autrement dit, le Canada – nous, vous et moi – est d’accord avec la sauvagerie, avec la manière dont ce pays se comporte avec les armes que nous produisons, et avec les mensonges crasses qu’il nous envoie. Au même moment, Berlin gèle ses propres ententes avec Riyad. 

Cette situation est un moment opportun pour rappeler que cela fait bientôt trois ans que le gouvernement Trudeau est en place et que son bilan en politique étrangère est clair : un triste échec. Comme le mentionne Jocelyn Coulon dans son livre, le Canada a un discours de façade et notre premier ministre Trudeau est incapable de leadership, de prise de position structurante sur l’avancement de l’humanité, que ce soit en matière de changements climatiques, des droits de l’homme, du maintien de la paix ou d’enjeux humanitaires criants – comme les crises du Yémen ou de Gaza. 

Pour que cela soit clair : le Canada est actuellement un frein pour l’amélioration de l’humanité. À l’heure où la planète est sur le bord du précipice, nous devrions pourtant être le leader espéré.

Loin d’être de retour, comme insiste M. Trudeau, nous sommes plutôt à reculons par rapport à l’étoffe que nous avions. Sur les différentes tables de la diplomatie internationale, on tape impatiemment du pied en espérant que le Canada prenne son rôle au sérieux. 

Vision naïve

C’est un constat dramatique, car le Canada est l’un des seuls pays avec la marge de manœuvre diplomatique et le privilège de pouvoir prêcher par l’exemple en proposant des alternatives au populisme ambiant et à l’antagonisme émergeant entre l’extrême gauche et l’extrême droite – qui se targuent mutuellement des mêmes vices. En somme, M. Trudeau est bien mal conseillé et il a lui-même une vision très naïve des enjeux de la mondialisation. 

Le gouvernement du Canada est incapable d’anticipation : il n’a pas de stratégie pour assurer le déploiement de personnalités crédibles à des postes clefs dans des organisations internationales ; il manque des rendez-vous importants comme ce fut le cas à la dernière Assemblée générale des Nations unies ; il n’a pas l’ambition de négocier avec l’échec annoncé de sa démarche boiteuse pour obtenir un siège au Conseil de sécurité ; il prêche pour l’environnement, mais agit a contrario. Autant d’exemples qui nous montrent que les changements tant espérés et qu’on nous avait annoncés n’y sont simplement pas.

Même si l’idée de la politique d’aide internationale féministe pouvait être un tremplin, l’empreinte de celle-ci est inexistante étant donné qu’aucune ressource structurante n’y est associée. 

Il est minuit moins une pour que le Canada se ressaisisse, M. Trudeau. Il vous reste un an pour nous démontrer qu’au-delà des mots, vous et votre équipe avez ce qu’il faut pour prendre le leadership international et aider la planète à passer à travers des défis historiques qui vont au-delà de la partisanerie et du clientélisme. Il vous reste un an pour faire la démonstration que vous êtes au-dessus de la petite politique et rassurer les prochaines générations qui nous suivent sur le futur de notre planète. 

Malgré ce constat partagé par plusieurs, on ne voit malheureusement personne se mobiliser à 12 mois des élections. Il est vrai que les enjeux internationaux n’ont malheureusement jamais été importants dans les élections canadiennes. Les ONG sont elles-mêmes prisonnières et tenues au mutisme en raison de leurs contrats avec ce même gouvernement. Les citoyens sont détachés et vivent dans une triste indifférence technologique aphasique, cette indifférence qui est le cancer généralisé des démocraties modernes, mais des démocraties bien mourantes : un contexte malheureusement très favorable aux politiciens professionnels.

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