Opinion

La solution politique du Comité international olympique pour la Russie

On a fait grand cas de la récente décision du Comité international olympique (CIO) d’exclure la Russie des Jeux olympiques d’hiver en Corée du Sud. Plusieurs jugent qu’il s’agit d’une décision historique.

En fait, le CIO était sous pression d’agir, ayant été fortement critiqué pour avoir laissé les fédérations sportives internationales trancher seules sur les violations du règlement antidopage de la Russie, en route vers les Jeux de Rio. Alors, que penser de cette décision pour les Jeux d’hiver de 2018  ? D’abord, je me suis tourné vers le dictionnaire pour me rafraîchir la mémoire sur la définition officielle du verbe « exclure » : « empêcher de faire partie de ». Il est difficile de réconcilier cette définition avec les actions du gouvernement russe.

Un drapeau en moins

Nous savons que plus de 200 athlètes russes ont l’intention de participer aux épreuves en Corée du Sud en février, même s’ils doivent être identifiés comme athlètes olympiques de Russie (OAR), plutôt que de représenter leur drapeau directement. Pendant que le CIO tente toujours de déterminer combien d’athlètes russes répondent à ses critères de participation, ces athlètes poursuivent leur préparation avec le soutien des autorités sportives, des entraîneurs et prestataires de services, tout comme les athlètes des autres pays officiellement autorisés. 

Les athlètes russes remporteront des médailles olympiques et pourraient fort bien se couvrir d’un drapeau russe tendu fièrement par leurs partisans qui les regarderont faire un tour d’honneur, tout comme le feront les médaillés des autres pays. Ces athlètes monteront tout aussi fièrement sur le podium pour recevoir leurs médailles. Ils seront accueillis en héros par le président russe Vladimir Poutine. Ils seront louangés en tant que modèles de force, ayant surmonté l’adversité et triomphé sur la scène mondiale malgré la conspiration occidentale.

Alors, que manquera-t-il  ? Qu’a exclu le CIO, exactement ? Simplement, nous ne verrons pas le drapeau russe. Nous ne verrons pas de référence à la souveraineté de la Russie et n’entendrons pas son hymne national lors des cérémonies de remise des médailles. Voilà toute l’ampleur de la punition du CIO pour avoir mis sur pied et exécuté la plus importante opération de dopage de l’histoire du sport.

Une véritable exclusion empêcherait la participation des Russes aux Jeux, point. Simplement censurer un drapeau et un hymne national ne représente pas une exclusion. 

Certains diront qu’une exclusion complète serait indûment sévère. Oui, ce le serait. Mais la punition doit correspondre au crime et celui-ci est sans précédent. 

Le gouvernement russe a institutionnalisé le dopage et l’a appliqué à l’ensemble des sports d’hiver. Richard McLaren, Dick Pound et plusieurs autres ont diligemment exposé au monde les preuves irréfutables qui confirment cette réalité. En route vers les Jeux de Sotchi, de nombreux athlètes russes ont suivi des régimes de dopage organisés, et ceux qui n’y avaient pas recours étaient, dans plusieurs cas, au courant de ces pratiques. 

Mettre fin au dopage

Si nous voulons que les règles du jeu soient équitables, ce ne sont pas seulement les athlètes, mais les comités olympiques nationaux du monde entier qui doivent coopérer et établir des standards de gouvernance plus élevés. Les athlètes qui souhaitent vraiment des règles équitables devront s’autodiscipliner. Les comités olympiques nationaux devront être plus vigilants chez eux, tout en insistant pour que le CIO prenne des décisions fermes et crédibles sur le dopage à l’échelle planétaire. Le Comité olympique canadien devrait prendre l’initiative afin de combler le déficit de crédibilité du CIO et donner l’exemple, autant au pays qu’à Lausanne.

Le dopage est un phénomène mondial. Le chemin vers un sport sans dopage a besoin de leadership et d’un objectif. Que cette exclusion qui n’en est pas une soit une ligne dans le sable. Il est plus que temps que cesse cette trahison des idéaux olympiques, retroussons nos manches et attaquons-nous de face au problème.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.