Pointe d’humour

Je ne veux pas d’enfants

J’ai beaucoup de respect pour les femmes qui ne veulent pas d’enfants. D’abord, parce que c’est l’opinion inverse de la polémiste et mère ordinaire Bianca Longpré et que je suis fâchée contre elle parce qu’elle m’a bloquée sur Twitter. « Bianca ! Si tu lis ceci, débloque-moi ! J’ai trois enfants et à cause de toi, je n’ai pas accès à ton contenu et ma maison ressemble de plus en plus à celle de Marilou. À l’aide ! En plus, la mi-trentaine semble me rentrer dedans, l’autre fois, j’ai passé deux heures à magasiner des serviettes de bain sur le site de Bouclair, je t’avertis, si je me retrouve avec trop de coussins décoratifs sur mon lit, je vais t’en tenir entièrement responsable. »

Blagues à part, ce sujet me trottait dans la tête depuis un bout. À l’heure où émissions, blogues, publicités, spectacles, magazines glorifient la mère de famille, que faire de ces femmes à qui on ne cédera jamais sa place dans l’autobus car elles veulent que leur utérus reste vide ?

Moi, si tu ne veux pas d’enfants, je trouve ça merveilleux. On s’entend, on est 7 milliards, les femmes ne portent plus le poids de la survie de l’espèce. Elles en sont libres.

Il m’arrive d’ailleurs d’avoir mes trois petits strappés sur la banquette arrière, qui crient dans une auto sur laquelle ils ne font aucun paiement et de penser : « Et dire qu’à aucun moment je n’étais biologiquement ou religieusement obligée de me mettre dans cette situation. »

Mais mon utérus à moi affichait le chiffre 3. Quand j’en avais deux, je les mettais côte à côte et je voyais bien qu’il manquait quelqu’un. Et effectivement, il manquait Jeanne. Jeanne est maintenant là et nous pouvons fermer la shop.

Mais il y a des femmes dont l’utérus affiche 0 et ça, je ne le vois pas comme un deuil, je ne le vois pas comme une anomalie, je ne le vois même pas comme une question, je le vois comme un fait. C’est autant un fait que ça l’est pour mon amie qui en a trois et en poussant une balançoire, l’autre fois, me disait : « Mais je sens qu’il y en aura un quatrième. » Eh bien, certes.

Mais entre-temps, pouvons-nous sacrer patience à celles qui n’en veulent pas ? De toute façon, je trouve que fin vingtaine, début trentaine, on ne devrait jamais poser de questions sur la reproduction des gens. Ça ne peut pas tomber dans la catégorie small talk. Tu ne peux pas croiser un couple dans la rue ou à Noël et parler de la carrière de ses organes reproducteurs comme tu dirais : « Heille, beau chandail ! »

Les réponses à ces questions sont souvent compliquées et intimes, et pire que ça, beaucoup sont rendus sur la défensive, parce qu’ils ont l’habitude de subir le jugement des gens.

Mais qu’est-ce que ça peut faire ? Je trouve ça fabuleux, moi, une vie sans enfants. De toute façon, des enfants, y en a partout. C’est pas parce que t’en fabriques pas que t’auras pas accès à leur petit monde et à leur richesse, et puis, fais-moi confiance, s’il y a quelqu’un qui est bien placé pour comprendre un humain qui ne veut pas d’enfants, c’est un humain qui en a !

Les enfants, ça vient avec des thermos à laver et des mathématiques à refaire. Moi, j’avais fermé mes cahiers de maths en cinquième secondaire en me disant : lol, j’ai choisi philosophie et littérature pour la suite, check-moé ben dire bye à Pythagore.

WRONG. « Maman, c’est quel parallélépipède, ça ? » Ugh. J’entends pas, l’eau coule parce que j’avais oublié de laver ton thermos vendredi soir. Et fouille-moi pourquoi, un christie de thermos, ça va pas au lave-vaisselle !

Moi, mes amis, je trouve que ce qui manque cruellement à notre monde, ça n’est pas des enfants, ce sont des femmes qui vivent leur certitude. Alors, si la tienne, c’est que tu ne veux pas d’enfants, je t’en prie, vis-le haut et fort, inspire celles qui sont comme toi et booke-toi là, là, un voyage où tu vas à la plage en pouvant rester assise sur ta chaise, fais-le pour moi et toutes celles qui iront voir les shows de Bianca.

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