Stratégies

Ainsi va le Québec, ainsi va Hewitt

L’entreprise familiale Hewitt Équipement est connue dans l’Ouest-de-l’Île pour ses décorations de Noël illuminées qui consistent en une chargeuse grandeur nature remplissant de cadeaux la benne d’un camion tout aussi impressionnant. La tradition prend place devant le siège social, face à la route Transcanadienne, depuis 17 ans.

Ce que d’aucuns ignorent, c’est que le concessionnaire Caterpillar pour le Québec et les Maritimes fait partie du club sélect des milliardaires. Un club formé des quelque 70 entreprises québécoises affichant des revenus annuels de plus de 1 milliard de dollars.

Entreprise privée fondée en 1952, Hewitt y côtoie principalement des sociétés cotées en Bourse, comme les banques Nationale et Laurentienne, BCE, CN, Dollarama, Alimentation Couche-Tard, CGI et autres fleurons glorieux.

Plus fascinant encore est de réaliser que la famille Hewitt a aidé à écrire chacun des chapitres de la construction du Québec moderne. Les équipements Caterpillar ont en effet servi à bâtir la Voie maritime, Manic 5, Expo 67, Mirabel, le Parc olympique et la Baie-James.

Ainsi va le Québec, ainsi va Hewitt. Quand le prix des marchandises était au sommet en 2011 et 2012 et que les mines grouillaient d’activité dans le Nord, le vendeur de machinerie lourde ne chômait pas. Depuis, le concessionnaire a dû s’ajuster à la chute du prix des matières premières. Le nombre d’employés et la rentabilité ont reculé quelque peu. Il estime que le pire est maintenant passé.

« Aujourd’hui, le prix et la demande des marchandises se stabilisent. Il y a des possibilités de réouverture de la mine Bloom Lake, à Fermont, pour 2017 ou 2018 », dit Jim Hewitt, président du conseil et chef de la direction, 68 ans. La Presse l’a rencontré l’automne dernier au siège social de l’entreprise, à Pointe-Claire.

« Bloom Lake avait une grande flotte de Caterpillar. Quand une mine ferme subitement, l’impact sur nous est très direct et immédiat. On a momentanément perdu un très grand potentiel de service après-vente sur une base continue. »

— Jim Hewitt, président du conseil et chef de la direction de Hewitt

La reconstruction de Turcot, une manne

En attendant la reprise du marché du fer, les grands chantiers de 2017 se nomment La Romaine, le nouveau pont Champlain et Turcot. L’échangeur, en particulier, est un bon contrat pour Hewitt, parce que toutes ses divisions sont mises à contribution : la construction, la location, l’énergie, les camions sur route, les équipements de manutention. La société Kiewit y déploie environ 200 machines Caterpillar pour lesquelles Hewitt offre le service et les pièces.

« Chez Hewitt, ils ont beaucoup de ressources, dit Alexis Loisel, président de L.A. Hébert, entrepreneur général qui agit comme sous-traitant dans le chantier Turcot. Un fournisseur capable de nous donner un service accéléré, c’est apprécié. Ils ont beaucoup de pièces en stock. On n’attend pas après un morceau pour réparer la machine. C’est important pour nous de minimiser les temps d’arrêt. Une machine brisée sur un chantier, c’est un gros élément négatif », souligne-t-il.

Utiliser la technologie à son profit

Avec ses 2100 employés, ses 46 établissements, principalement au Québec et dans les Maritimes, et son propre centre de formation, Hewitt dispose de la taille et des moyens pour se démarquer.

« À Turcot, ils utilisent beaucoup la technologie, souligne M. Hewitt, l’un des deux actionnaires de l’entreprise avec son fils David, 42 ans. Des informations en provenance des machines sur le chantier nous sont transmises via satellites ou cellulaires. Ces informations nous donnent un aperçu de l’état de santé de la machine et de sa production. Ces détails à propos de l’opération sont traités à l’interne avant d’être renvoyés au client de façon à l’aider à devenir plus efficace dans ses opérations tout en évitant des réparations inutiles et coûteuses. »

En 2011, le concessionnaire a ouvert le centre futuriste D-Tech, qui permet de suivre en temps réel les machines CAT où qu’elles soient. Par exemple, une basse pression d’huile à moteur sera rapidement détectée à distance et analysée. Après l’intervention, le client sera peut-être invité à remplacer une valve et un injecteur pour environ 2000 $ plutôt que d’ignorer le mal et devoir plus tard changer le moteur au complet au coût de 80 000 $.

« On n’est pas juste là pour vendre des équipements à nos clients. Nous sommes présents avec du personnel très sophistiqué. On a la capacité de les conseiller et offrir du support dans l’exploitation de la flotte d’équipements. »

— Jim Hewitt

À la mine diamantifère Renard, au nord de Chibougamau, Hewitt a équipé la centrale au gaz naturel liquéfié composée de 7 groupes électrogènes d’une puissance de 14 MW, ce qui la rend moins polluante que la centrale au diesel initialement prévue. Il s’agit d’une première mine au Canada alimentée par GNL. Peu de fournisseurs avaient l’expertise voulue, explique au téléphone Patrick Godin, chef des opérations chez Stornoway.

« Hewitt fournit des équipements pour la génération d’énergie, pour la mine à ciel ouvert et pour la mine souterraine, énumère M. Godin. Il y a beaucoup de pièces dans les équipements de Caterpillar qui sont complémentaires, ça nous permet de minimiser et standardiser nos inventaires. »

Jim Hewitt souhaite voir les projets comme mine Renard se multiplier au Québec dans un avenir rapproché, de sorte que son entreprise puisse faire son entrée dans un club encore plus sélect : celui des sociétés québécoises ayant au moins 2 milliards de revenus annuels.

Hewitt Équipement en un coup d’œil

2100 employés

46 succursales

28 centres de location

Plus de 1 milliard de revenus

Actionnaires : Jim et David Hewitt

Forces

Avantages concurrentiels

Longue liste de réalisations

Faiblesses

Entreprise cyclique

Concentration géographique (Québec et Maritimes principalement)

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