Futurs parents

Questions de mères

Elles ont porté ce petit être durant neuf mois. Mais les mamans aussi ont besoin d’être rassurées.

Mon bébé pleure sans cesse, je n’arrive pas à le consoler, suis-je une mauvaise mère ?

Tout comme les pères, les mères ont ici souvent de grandes questions existentielles associées au comportement de leur bébé. Elles se sentent parfois incompétentes, d’autant plus qu’elles ont tendance à être surinformées.

« Mais on n’a jamais fait ça avant, alors comment avoir confiance en ses capacités, il y a tant de messages contradictoires ! », illustre Marianne Prairie, auteure de La première fois que…, une série de conseils « sages et moins sages » pour les futurs parents. « Il y a beaucoup de stress associé à ça, confirme Geneviève Henry, intervenante psychosociale à la Ligne Parents. Ici encore, on donne de l’information, on explique les différents tempéraments, on relativise. »

Quant à savoir si elles sont de bonnes mères, l’intervenante propose de renverser ici la question : c’est quoi, être une bonne mère ? Est-ce que ç’a vraiment à voir avec le fait d’endormir un enfant ?

Je n’y arriverai pas, ce n’est pas ce à quoi je m’attendais, c’est trop exigeant…

La grande majorité des mères font appel à la Ligne Parents parce qu’elles sont épuisées. Solution ? « On prend le temps de regarder qu’est-ce qui les épuise, qu’est-ce qui les aide, et qu’est-ce qui pourrait aider », fait valoir l’intervenante Geneviève Henry. L’entourage ? Le conjoint ? Les voisins ?

« Si vous vous levez toutes les nuits, avez-vous pensé à mettre un petit lit à côté du vôtre ? », illustre-t-elle. « Il faut accueillir, comprendre, recevoir les questions. Mais souvent, vous savez, les mères qui appellent n’attendent pas tant de réponses, elles veulent surtout être entendues ! »

Et si je n’aimais pas mon bébé ?

Non, toutes les mères ne tombent pas nécessairement amoureuses en accouchant. Et oui, c’est tout à fait normal. « Peut-être que les mères sont très fatiguées, ça peut ne pas arriver tout de suite, précise Francine de Montigny, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la santé psychosociale des familles. Il faut se donner le temps de s’apprivoiser. »

Et même si peu de mères s’en vantent, « c’est beaucoup plus fréquent qu’on pense », assure-t-elle. Un truc ? En parler, dit-elle. « Souvent, juste le fait de nommer cette inquiétude la diminue. »

À noter : de nombreuses mères se posent également cette question à la naissance de leur deuxième enfant : « est-ce que je vais l’aimer autant que le premier, est-ce que j’ai assez d’amour dans mon cœur ?, etc. » Rassurez-vous, répond la mère et blogueuse Marianne Prairie : « ce sentiment-là est exponentiel ! »

Si les premières années de vie de mon enfant sont si importantes, est-ce que je devrais rester auprès de lui et arrêter de travailler ?

Nous ne réglerons pas ici le grand débat entre les mères au foyer et les mères au travail. « Rester auprès de votre enfant peut être une très bonne idée, mais cela dépend de vous, tempère le pédopsychiatre Yvon Gauthier. Est-ce que c’est vraiment ce que vous voulez ? »

Par ailleurs, poursuit-il, si les trois premières années sont certes fondamentales, cela ne veut pas dire que la mère doive pour autant être là « tout le temps », croit-il. L’important, « c’est la régularité de la présence et la capacité de répondre aux besoins ».

La solution ? Un bon service de garde, notamment. « Si ce n’est pas vous qui êtes là, assurez-vous que les conditions où sont votre enfant soient les meilleures possible, et là aussi, régulières, chaleureuses et consistantes. »

Je pleure sans cesse, est-ce que je suis en dépression post-partum ?

À la naissance d’un enfant, il est normal d’être fatiguée, souvent épuisée. Jusqu’à 80 % des mères vivent ce qu’on appelle un baby-blues, des montagnes russes émotives dans les deux à trois premières semaines de vie de leur enfant.

« Il faut voir la place que cela prend, explique l’intervenante psychosociale à la Ligne Parents Geneviève Henry. Quand ça devient handicapant dans notre rôle de parent, si ça persiste dans le temps et en intensité, alors on suggère de consulter le CLSC. »

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