Confrontation sur la langue

Mario Beaulieu est un « chicanier », accuse Lisée

QUÉBEC — Le chef péquiste Jean-François Lisée n’a pas le droit de baisser les bras devant sa responsabilité en matière de défense de la langue française au Québec. En choisissant de rogner les mesures « déjà insuffisantes » proposées par Pauline Marois, il conforte le sentiment d’impuissance qui fait abdiquer bien des francophones quand vient l’heure de défendre leur langue.

Sortie cinglante, hier, de Mario Beaulieu, député bloquiste de La Pointe-de-l’Île, qui, depuis plus de 20 ans, a fait de la défense du français le leitmotiv de son implication politique. L’ancien chef du Bloc – il est toujours président du parti – avait été l’un des fondateurs du Mouvement Québec français lors de sa résurgence à l’époque du gouvernement Bourassa. « Défendre la Charte de la langue, ce n’est pas de nature à diviser les gens, mais bien à les rassembler. Cela prend une charte forte pour former une société cohérente et solidaire », observe M. Beaulieu.

En point de presse, le chef péquiste a jeté les gants. Ironique, il dit « remercier » Mario Beaulieu pour sa prise de position. En sortant de son devoir de réserve à titre de président du Bloc, observe Lisée, le bloquiste illustre « le contraste entre une attitude chicanière et une attitude plus ouverte, plus décomplexée ». 

« J’ai la conviction que l’immense majorité des membres du Parti québécois veulent passer à autre chose et veulent faire les choses autrement », a poursuivi Lisée, ajoutant qu’il espérait qu’en bout de course, Mario Beaulieu rentrerait dans le rang. « J’ai été élu chef pour opérer ce changement, il ne se fera pas en un jour. Il y aura toujours des gens qui seront contre jusqu’à la fin, même une fois que ça aura marché », de conclure le chef péquiste.

Beaulieu réfractaire

Tôt hier matin, Mario Beaulieu avait sonné l’alarme sur sa page Facebook, citant Le Devoir : « “Jean-François Lisée larguera une bonne partie des éléments du projet de loi 14 du gouvernement Marois visant à renforcer la loi 101 […].” Déjà, les mesures annoncées dans [le] projet de loi 14 étaient insuffisantes pour faire du français la véritable langue officielle et commune… Est-ce qu’on peut se permettre de laisser la langue française reculer encore davantage au Québec ? »

M. Beaulieu s’oppose aux changements que propose le nouveau chef péquiste en matière linguistique. M. Lisée ne veut plus retirer le statut de villes bilingues aux municipalités qui ne remplissent plus les critères actuels parce que les anglophones les ont désertées. De plus, il consentirait à ce que les militaires francophones puissent envoyer leurs enfants à l’école anglaise parce qu’ils sont susceptibles d’être postés à l’extérieur du Québec.

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