ENTREVUE ÉDITORIALE
FRÉQUENTATION DES CÉGEPS
Pas la « crise appréhendée »
La Presse
Tous les cégeps, même les 12 établissements de Montréal (- 1 %), sont touchés par une légère baisse de la clientèle. Les deux seules régions qui tirent leur épingle du jeu sont les deux cégeps des Laurentides et celui de Laval, le collège Montmorency. Au cégep de Saint-Jérôme et au collège Lionel-Groulx, les inscriptions sont stables (+ 8 cégépiens), tandis qu’à Laval, la Fédération enregistre une hausse de 2,9 %, avec 224 élèves de plus. La baisse la plus marquée est en Abitibi-Témiscamingue (- 6,2 %), qui a 148 inscriptions de moins. Un cégep pourtant doté de quatre campus « passerelles » avec l’université (UQAT).
Selon le président de la Fédération, il ne faut pas chercher midi à quatorze heures la cause de la chute du nombre d’inscriptions. L’un des principaux facteurs est la baisse démographique, estime M. Tremblay. « Les étudiants qui ne sont pas nés ne sont évidemment pas dans les cégeps. C’est la baisse démographique. Ça, c’est une certitude. Sauf que nous réussissons à recruter des jeunes à l’international. Aussi, le taux de rétention des jeunes du secondaire a augmenté, et on a un bon taux de jeunes qui reviennent aux études. »
Secteurs qui demeurent les plus fréquentés au cégep (en 2015)
Sciences humaines : 42 785 élèves
Sciences de la nature : 21 735 élèves
La Fédération rappelle qu’à l’instar des commissions scolaires, les cégeps ont été contraints à des compressions budgétaires, de l’ordre de 157 millions. Dans ce contexte, M. Tremblay insiste pour dire que le recrutement ne se produit pas par miracle. « Quand, par exemple, le cégep de Baie-Comeau annonce qu’il compte plus de 700 étudiants alors que le Ministère en prévoyait 500, on devrait préciser que c’est 400 000 $ d’efforts budgétaires et humains pour recruter à l’étranger », explique le président-directeur général. On ne peut pas sabrer des postes d’enseignant, ajoute-t-il. L’impact des compressions se voit chez les professionnels. Les heures d’ouverture des bibliothèques et des laboratoires sont écourtées. Les techniciens, les psychologues et les professionnels, comme les orienteurs, sont touchés.
Les cégeps offrent 132 programmes techniques à l’heure actuelle. Sachant que plusieurs emplois de demain n’existent pas encore, la Fédération a l’intention de miser sur des formations, comme l’agriculture biologique, offerte au cégep de Victoriaville. « On a aussi les programmes de recherche appliquée qui répondent aux besoins des entreprises, explique Bernard Tremblay. Les temps sont encore difficiles, on a plein de formations qui vivotent à cause du manque d’étudiants. Parfois, c’est juste deux ou trois étudiants qui manquent pour mettre le programme en place. Mais je pense qu’on a une valeur ajoutée à présenter au gouvernement, mais surtout à la population. Et les entreprises ont leur rôle à jouer. »