Génération Y

Montréal pris d’assaut

La génération Y, la génération la plus populeuse depuis celle des babyboomers, celle qui dictera les tendances à l’avenir, arrive sur le marché du travail et aura bientôt l’âge de fonder une famille.

La Presse a voulu savoir dans quels quartiers exactement s’établiront les membres de cette génération d’influence au cours des prochaines années.

La firme Optima Marketing a repéré au bénéfice de nos lecteurs les secteurs chauds où le poids des Y sera le plus élevé en 2021 parmi les 921 secteurs de recensement de la région métropolitaine de Montréal (RMR de Montréal).

La firme spécialisée en marketing et en intelligence d’affaires obtient ces résultats à partir des données des deux derniers recensements et de son propre modèle de projections.

Les 1 206 765 milléniaux de la région auront alors de 20 à 39 ans, en âge et en moyen de consommer. Ils deviendront la clientèle de prédilection des détaillants et des annonceurs.

Dans cinq ans, les quartiers Y par excellence se concentreront presque exclusivement dans le centre de l’île de Montréal, le long des lignes orange et verte de métro. Dans le top 60 des quartiers où le poids des Y pèse le plus lourd, 58 sont situés sur l’île de Montréal.

DES QUARTIERS EN PROFONDE TRANSFORMATION

Au sommet de la liste des quartiers les plus Y, on trouve évidemment des quartiers estudiantins, mais pas seulement, comme Griffintown, Notre-Dame-de-Grâce, dans le secteur jouxtant au nord le nouveau Centre universitaire de santé McGill, le quartier au nord-est de Sherbrooke et du boulevard Saint-Laurent, de même que Villeray, entre les rues Saint-Denis et Lajeunesse.

Dans tous ces secteurs, la génération Y – technobranchée, hédoniste, verte et qui a peur de manquer de temps – représentera 40 % et plus de la population totale en 2021, une masse critique suffisante pour imposer des comportements de consommation, voire influencer le mode de vie.

Optima s’est intéressée de plus à l’évolution du lieu de résidence des milléniaux, en commençant en 2001, quand ils étaient enfants (0-19 ans), jusqu’en 2021, une fois qu'il seront devenus adultes (20-39 ans).

Elle cherche à préciser les endroits qui subiront une transformation plus marquée que la moyenne causée par la mobilité des Y. La conclusion est sans appel : les quartiers centraux attirent les enfants des babyboomers comme des aimants.

L'île de Montréal, qui figurait en 2001 en queue de peloton des cinq régions de la RMR avec le plus faible poids de la génération Y, soit 21,5 %, passe au premier rang en 2021 avec un poids de 29,4 %.

À l’échelle des arrondissements, la croissance la plus marquée se vit au centre-ville, où demeureront plus de 40 000 membres de la génération Y en 2021. Viennent ensuite le Plateau-Mont-Royal, Rosemont–La Petite-Patrie, Mercier–Hochelaga-Maisonneuve et Verdun.

DES RESTOS BRANCHÉS POUSSENT EN BANLIEUE

Mais est-ce une surprise ? Après tout, il est commun aux jeunes adultes d’arriver en ville pour poursuivre des études postsecondaires, peu importe la génération.

L’exode vers la banlieue survient quand vient le temps d’acquérir une première maison en vue d’y élever une famille. L’accès à la propriété y est plus abordable. Cette réalité existera toujours en 2021. Près de un Y sur deux vivra hors de l’île de Montréal en 2021.

Signe des temps, des restaurants à la mode, Chez Lionel, L’Gros luxe et Les Enfants Terribles, ont ouvert des établissements respectivement à Boucherville, Longueuil et Laval.

« C’est une génération qui veut triper. Quand ils quittent le centre-ville pour fonder une famille, ça leur prend une banlieue cool pour leur faire revivre l’environnement qu’ils ont connu. Le centre lifestyle, type DIX30, est une réponse. »

— Dominic Larivée, vice-président exécutif d’Optima et enseignant à HEC Montréal

D’autres indices donnent à penser que l’on vit un revirement de tendance, croit une sociologue versée en matière de mixité sociale en milieu urbain. Le plain-pied de banlieue perdrait de son attrait.

L’évolution des migrations entre Montréal et sa banlieue donne du poids à cette hypothèse. Les départs de Montréalais ont baissé de 37 % entre 2009-2010 et 2013-2014, note l’Institut de la statistique dans son dernier bilan démographique du Québec. Le déficit est passé de 24 000 personnes à 15 000 personnes. Ce déficit est toujours largement compensé par l’immigration internationale.

« Même si c’est cher, même si elles auront moins d’espace qu’en banlieue, les jeunes familles ont un attachement aux zones centrales, soutient Annick Germain, sociologue à l’INRS Urbanisation. Le Plateau, où, ces dernières années, il y avait surtout des solos, voit revenir les familles. C’est aussi le cas à Rosemont et à Verdun. »

Originaire de Longueuil, Stéphanie Paré-Chung, 31 ans, a donné naissance à un fils l’an dernier. Elle et son conjoint ont acheté en mars 2015 une copropriété de deux chambres, angle Christophe-Colomb et Saint-Zotique, dans Rosemont–La Petite-Patrie. Même si elle travaille au cégep de Saint-Jean-sur-Richelieu, elle ne veut rien savoir d’y habiter. « C’est loin pour nous », dit-elle. Son rêve serait d’avoir une maison en rangée, à proximité de la ligne de métro orange, pour prendre le bus pour le cégep au terminus de la station Bonaventure.

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