Soccer

L'increvable Patrice Bernier

« Seuls les fous ne changent pas d’idée », a déjà répondu Patrice Bernier sur la possibilité de prolonger sa carrière au-delà de 2017, malgré l’annonce de sa retraite. En entrevue, les proches et les coéquipiers du joueur de 37 ans sont bluffés par ses performances actuelles et estiment qu’il possède la condition nécessaire pour prolonger l’aventure. Le tour de la question en citations.

« En ce moment, il est comme un enfant qui se régale à chaque match et à chaque minute. Il essaie d’en profiter au maximum. Sur le terrain, il est l’un, sinon le meilleur joueur de l’équipe. C’est génial de le voir avec cette forme-là et de le voir aider l’équipe à être à son top. »

— Hassoun Camara, défenseur de l’Impact

« Patrice doit être une idole et un modèle pour les jeunes joueurs de soccer au Québec. Il a une carrière incroyable, que ce soit en Europe ou à Montréal. Malgré son âge, il fait de l’excellent travail. C’est sa dernière année, mais on ne dirait pas que c’est le cas, vu comment il joue. »

— Samuel Piette, milieu du CD Izarra et de la sélection canadienne

« Il me donne l’espoir de rejouer au foot. Pour moi, il est dans les top 3 de la ligue et je ne dis pas ça parce qu’il est mon ami. Il est incroyable. Il a toujours eu une très bonne hygiène de vie. Je ne crois pas que ce soit sa dernière année. Il est encore capable de donner une saison supplémentaire, selon moi. »

— Ali Gerba, ancien attaquant de l’Impact, de la sélection canadienne et ami proche de Bernier

« Il se sent bien avec ses deux filles et il tient à être avec elles. Il sort, il va jouer, que ce soit du soccer, du patinage ou de la bicyclette. […] Ce côté familial joue en défaveur de la poursuite de sa carrière même si l’aspect sportif l’attire encore et qu’il aime jouer. Ça devient un sacrifice. Par exemple, il a rejoint l’équipe nationale pendant 10 jours, puis il a enchaîné avec un déplacement à Orlando. C’est beaucoup demander pour un gars de 37 ans qui a deux filles et bientôt un premier garçon. »

— Jean Bernier, membre du Temple de la renommée de la Fédération de soccer du Québec et père de Patrice Bernier

« On me pose la question depuis le match contre New York City, en mars [il soupire]. Comme je le dis à tout le monde, j’y vais un match à la fois. Le plus important est que je joue et que je m’amuse sans me mettre de stress. À mon âge, on ne peut pas regarder trop loin. Dans un mois, si je joue mal, tout le monde va dire que j’ai frappé le mur. On ne peut pas complètement fermer la porte, mais je ne regarde pas dans l’optique de 2018. »

— Patrice Bernier, capitaine et milieu de l’Impact

Une longue absence

Le retour en sélection canadienne était l’un des derniers objectifs que s’était fixés Bernier. Son absence a été tellement longue, plus de deux ans, que Will Johnson s’est même demandé si le Québécois ne devait pas pousser la chansonnette, une deuxième fois, en guise d’initiation.

« Je ne suis pas surpris qu’il soit encore à ce niveau. Ce qui m’a étonné, c’est qu’il n’ait pas été retenu lors des derniers rassemblements avec l’équipe nationale, vu son niveau dans la MLS avec l’Impact. Il est bon avec le ballon. Sa mobilité n’est évidemment plus ce qu’elle a déjà été, mais tu as toujours besoin d’un joueur qui tient le ballon, qui peut faire des jeux et qui peut faire parler son expérience. Il aurait pu nous aider lors des derniers matchs importants. »

— Will Johnson, milieu d’Orlando City SC et de la sélection canadienne

« Il fait la bonne passe chaque fois, c’est très rare de le voir perdre un ballon. Le style que je préconise mise sur la fluidité, ce qui exige de faire des transitions offensives de manière intelligente. Je compte sur lui. Bien honnêtement, je risque d’avoir un problème pour le remplacer quand il prendra sa retraite. Je l’ai convaincu de faire la Gold Cup, mais après ça, il se peut que j’aie une autre conversation pour qu’il continue encore un peu. »

— Octavio Zambrano, sélectionneur canadien

L'apprentissage d'un leader

Embauché en vue de la première saison de l’Impact en MLS, Bernier est immédiatement devenu le visage de l’équipe sur le terrain comme à l’extérieur. Il n’a pas été toujours compris par certains de ses entraîneurs, mais ses coéquipiers louent son apport, de plus en plus vocal, dans le vestiaire.

« En tant qu’homme, j’ai dû grandir parce que je représente l’Impact et le soccer québécois. J’ai toujours été reconnu, mais c’est monté d’un niveau ici. Il y a eu un ajustement à faire, pas dans mon comportement, parce que je suis resté authentique, mais je sais que je reçois plus d’attention qu’auparavant. »

— Patrice Bernier

« C’est quelqu’un que j’ai toujours admiré. Il a toujours été très technique et il a su bien évoluer. Il s’est donné toutes les opportunités de réussir. Il a toujours été le même : calme, posé et il réfléchit à ce qu’il fait. Il n’a pas beaucoup changé. »

— Ali Gerba

« C’est un garçon plutôt calme qui a pris un maximum d’envergure au fil des années. Je suis son cochambreur et on essaie d’avoir une certaine complémentarité afin d’aider l’équipe. J’étais comme son adjoint et j’essayais de motiver et d’haranguer l’équipe dans le vestiaire. Je le fais beaucoup moins parce qu’il a pris de l’envergure. C’est un vrai leader avant le match, il fait les discours et c’est le capitaine emblématique. Il fait un travail fantastique. »

— Hassoun Camara

« J’ai dû apprendre la réalité de la MLS. En Europe, il y a une pression à cause de la relégation. Ici, il ne faut pas se laisser trop emporter puisqu’on peut atteindre les séries avec une bonne séquence en fin de saison. Je suis plus patient après un passage de neuf ans en Europe. Au début, il y a des petites choses qui me dérangeaient dans l’ensemble du jeu. J’ai appris à être moins concentré sur moi-même pour mener un peu plus les autres sur le terrain. Je suis un peu plus communicatif. »

— Patrice Bernier

« Il nous parle de ses expériences en Europe, de la Ligue Europa et de tout ce qu’il a vécu là-bas. Des fois, ce sont des discussions plus techniques et tactiques. Il me dit ce qu’il voit depuis sa position puisqu’on n’évolue pas au même poste. De plus en plus, je réalise qu’il essaie toujours de créer quelque chose quand il reçoit le ballon. Il essaie souvent de jouer vers l’avant, ce qui est, pour moi, une très bonne qualité. Même s’il y a de la pression sur lui, il veut créer un jeu. »

— Louis Béland-Goyette, milieu défensif de l’Impact

« Il revient beaucoup plus [pour défendre] que je n’aurais pensé, surtout quand il joue plus en avant. Quand il joue en arrière [comme l’un des deux milieux défensifs], il a l’horizon devant lui, il regarde, il planifie. En meneur de jeu, il couvre physiquement beaucoup de terrain et ça me surprend encore. Mais il a encore une bonne hygiène de vie, il mange bien, il ne prend aucune boisson alcoolisée, sauf dans les soirées sociales. Son maintien physique lui permet de faire des choses qu’il réalisait à 25 ans. »

— Jean Bernier

Donner aux jeunes

Après sa carrière de joueur, le numéro 8 intégrera le personnel d’entraîneurs de l’Académie. Autant avec l’Impact qu’avec la sélection canadienne, Bernier prend toujours un peu de temps afin de dialoguer avec les plus jeunes joueurs.

« Peut-il être un bon entraîneur ? Seul le temps nous le dira. Ce n’est pas parce que tu es bon joueur que tu peux être un bon entraîneur. Le plus important est de savoir passer son message et sa vision. Je crois qu’il a ça en lui et qu’il est capable de bien expliquer le soccer en général. »

— Ali Gerba

« Qu’il arrête cette année ou l’année prochaine, il va être proche des jeunes de l’Académie. Ça l’empêchera de beaucoup voyager, ce qui est quand même une bonne transition. Après quelques années, il verra s’il veut continuer et se développer comme un entraîneur d’une équipe de MLS ou s’il ira dans les communications. »

— Jean Bernier

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