Aventure

Traverser le Nunavik en solo

Les vents ont soufflé du bon côté pour l’aventurière Marilyne Marchand. Elle a complété en 19 jours la traversée du Nunavik en solo, de la baie d’Hudson à la baie d’Ungava.

Elle avait prévu une trentaine de jours pour cette traversée à pied et en packraft (un petit kayak gonflable) depuis le village d’Umiujaq, dans la baie d’Hudson, jusqu’au village de Tasiujaq, dans la baie d’Ungava, un trajet d’environ 590 km.

« Je n’ai pas eu besoin de m’arrêter en raison de mauvaises conditions météo et, sur le lac Minto, j’ai eu un vent de dos. Si j’avais eu un vent de face, ça m’aurait pris une bonne semaine de plus. »

— Marilyne Marchand

L’aventurière, comptable de profession, a effectué la première section du trajet à pied, avec tout le barda sur le dos, soit environ 40 kg d’équipement et de nourriture.

Le terrain était difficile : une toundra forestière particulièrement marécageuse, qui l’obligeait à gonfler son packraft pour traverser certains secteurs. Elle a d’ailleurs décidé de modifier légèrement son trajet pour emprunter davantage de cours d’eau : même si cela ajoutait du kilométrage, c’était moins difficile de placer le lourd bagage dans la petite embarcation gonflable que de le porter sur le dos.

Le packraft est devenu son principal moyen de transport à partir du lac Minto. Le reste du trajet consistait à pagayer sur les eaux du lac, puis sur celles de la rivière aux Feuilles jusqu’à la baie d’Ungava.

« Ç’a été plus facile que prévu. La rivière était très large, c’était donc facile de se trouver une ligne à suivre lorsqu’il y avait des rapides. »

— Marilyne Marchand

Elle a également bien vécu avec la solitude. Pendant tout le trajet, elle n’a rencontré que quatre personnes à son point de ravitaillement, la pourvoirie Leaf River Lodge.

« Ça faisait 13 jours que je n’avais vu personne, raconte-t-elle. Ç’ a été génial de parler avec des gens. J’ai pris une journée de repos à la pourvoirie. »

Pour son périple, elle s’était dotée d’une balise GPS InReach, ce qui lui permettait d’avoir un certain contact avec le monde extérieur.

« J’étais contente d’avoir des messages de mes amis. »

Elle a évidemment rencontré des Inuits à Umiujaq et à Tasiujaq, mais elle n’a pas voulu monter son voyage en épingle auprès d’eux.

« C’est une question de culture, ils ne comprennent pas vraiment pourquoi on fait cela, explique-t-elle. Eux, lorsqu’ils vont dans la nature, c’est pour des raisons de subsistance. »

Marilyne Marchand était heureuse d’arriver à Tasiujaq le 11 août, mais il y avait un peu de tristesse.

« J’étais triste que ça se termine aussi rapidement, mais je n’étais pas capable de ralentir le rythme. J’aimais faire de longues journées. »

Mais après 19 jours à manger la même chose (de la nourriture en poudre Soylent), elle était bien contente de visiter l’épicerie locale pour profiter de la diversité des aliments.

Marilyne Marchand a remporté la bourse Osez l’aventure de Frédéric Dion et Mountain Hardwear, ce qui l’a aidée à organiser l’expédition. Air Inuit lui a également donné un coup de pouce avec des tarifs préférentiels.

Rencontrés en chemin

• Deux bœufs musqués

• Cinq ours noirs

• Deux loups

• Des phoques

• Une loutre

• Quatre humains

• Des centaines d’oiseaux

• Des centaines de caribous

• Des milliards de moustiques

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