Mon clin d’œil

La neige blanchit le Québec ; Couillard, lui, blanchit Lessard et Coiteux.

Opinion : Protection de la forêt boréale

Résolu se trompe de combat

L’entreprise devrait revoir ses pratiques environnementales au lieu de partir en guerre contre ses critiques

Dans les dernières semaines, Produits forestiers Résolu semble s’être donné une mission : semer l’idée que Greenpeace aurait admis avoir menti. Et bien que cela porte à des titres accrocheurs, ce n’est tout simplement pas la vérité.

La réalité est que Greenpeace a critiqué les pratiques d’exploitation forestière non durables de Produits forestiers Résolu. Nous avons toujours soutenu ces allégations comme étant exactes et fondées sur des faits scientifiques. C’est cet argument fondamental que Greenpeace Canada, Greenpeace U.S. et Greenpeace International ont déposé devant les tribunaux relativement aux deux poursuites judiciaires intentées contre nous par Résolu.

Nous sommes convaincus que notre droit de défendre l’intérêt public sera confirmé par les tribunaux comme l’ont fait récemment les tribunaux de l’Ontario lorsqu’un groupe de juges a conclu que Résolu n’avait fourni « aucun exemple » pour appuyer l’allégation selon laquelle « Greenpeace a une stratégie visant à déformer la vérité et à faire du "sensationnalisme" avec les preuves ». La justice a qualifié l’accusation de « scandaleuse et vexatoire ».

Guerre médiatique

Résolu n’attend cependant pas que les juges tranchent sur la question devant un tribunal. Au contraire, l'entreprise fait une utilisation abusive des procédures judiciaires dans une guerre médiatique contre ses détracteurs.

Dans sa plus récente attaque, Richard Garneau, le président et chef de la direction de Résolu, a soulevé un seul argument juridique américain et a faussement prétendu que cela constituait un aveu de mensonge. En fait, les documents juridiques des entités de Greenpeace U.S. et de Greenpeace International disent l’opposé : « toutes les déclarations contestées sont vraies », elles sont « une opinion protégée […] et substantiellement vraie » et sont « soigneusement documentées avec des références à des études scientifiques ».

Prélever hors contexte des phrases juridiques qui concernent les lois américaines sur la liberté d’expression déforme leur véritable signification. « Hyperbole » et « rhétorique » sont des arguments juridiques techniques présentés dans de nombreux cas concernant le premier amendement aux États-Unis. Ils ne sont d’aucune façon des aveux de mensonge.

La protection de la forêt boréale, une forêt essentielle sur le plan écologique, est un élément clé du travail de Greenpeace.

Dans ce rôle, nous dénonçons les industries et les gouvernements qui nuisent à l’environnement en faisant pression pour les amener à changer leurs pratiques néfastes. Nous voulons que Résolu adopte des solutions qui fortifient les collectivités, qui garantissent des emplois pour aujourd’hui et demain, qui respectent les droits des Premières Nations et qui respectent l’environnement. Mais Résolu préfère plutôt perdre son temps et son argent en attaquant ses critiques devant les tribunaux et dans la presse.

Ces efforts ne seraient-ils pas mieux investis en travaillant pour identifier des solutions réelles à long terme ?

Résolu a intenté une poursuite en justice contre Greenpeace Canada, Greenpeace U.S., Greenpeace International et plusieurs employés de Greenpeace, ainsi que contre son propre vérificateur indépendant, Rainforest Alliance, après que ce dernier ne lui eut pas attribué la note de passage relative aux pratiques de l’entreprise. Résolu s’en est aussi publiquement pris à la Société pour la nature et les parcs du Canada, au Conseil de défense des ressources naturelles, à la World Wildlife Fund et au Forest Stewardship Council. Il semblerait que Résolu ne voie aucune place dans la société civile pour la critique de ses pratiques.

Greenpeace continuera à se défendre contre les accusations dépourvues de fondements de Résolu, car les enjeux sont trop importants ; il s’agit non seulement de l’avenir des forêts canadiennes, mais aussi de l’avenir de la liberté d’expression au Canada.

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