Mode enfantine – Deux par Deux

Un style unique pour traverser le temps

Fin 2016, la marque québécoise de vêtements pour enfants Deux par Deux a célébré ses 30 ans d’existence. Une longévité assez remarquable dans une industrie compétitive qui a subi plusieurs mutations profondes, rendue possible grâce à la vision créatrice et colorée des cofondateurs, Claude Diwan et Maurice Elmaleh. La Presse s’est entretenue avec le fils du couple, Zacharie Elmaleh, aujourd’hui vice-président de l’entreprise, pour en savoir plus.

Une histoire de famille… citoyenne du monde

Fondée à Montréal en 1986 par Claude Diwan et Maurice Elmaleh, Deux par Deux est une entreprise aux origines culturelles métissées : d’origine libanaise, Mme Diwan a vécu plusieurs années en France avant de faire le saut au Canada, alors que M. Elmaleh, né au Maroc, a trimbalé son baluchon dans plusieurs pays avant d’atterrir à Montréal, où il a rencontré sa future femme, avec qui il aura deux enfants, Zacharie et Elie-Jonas. Le commerce des vêtements est une affaire de famille : la grand-mère de Zacharie importait des vêtements du Liban pour les revendre en France, alors qu’une de ses tantes avait une entreprise de vêtements pour enfants. À son arrivée à Montréal, Mme Diwan vend des vêtements importés d’Europe, mais rapidement, le couple décide d’engager un designer et de créer sa propre entreprise, Deux par Deux.

Collections stylées, coupes soignées

Assez vite, l’entreprise québécoise connaît un beau succès, avec son côté ludique très affirmé, à l’époque où l’internet – et les copies qui viennent avec ! – n’existait pas encore. « Très vite, mes parents ont réussi à se démarquer en développant un style vraiment unique, croit Zacharie Elmaleh, qui était dans le ventre de sa mère lorsque l’entreprise a été fondée. Ils ont beaucoup osé au début avec des vêtements funky, flyés et très colorés ! » Bien vite, Deux par Deux s’inspire d’une particularité bien québécoise – les hivers rigoureux – pour se spécialiser dans un créneau fertile : les habits de neige. Une décision qui lui permet de dépasser les frontières du Québec, alors que d’autres pays nordiques, notamment la Russie et l’Ukraine, craquent pour les créations hivernales de l’entreprise. Une des clés du succès, selon le jeune vice-président, c’est que Deux par Deux n’a jamais oublié le style ou les coupes sous prétexte de faire des vêtements pour enfants. « On s’inspire des tendances de la mode pour adultes et on adapte ensuite aux enfants », détaille M. Elmaleh.

La créativité comme leitmotiv

Le leitmotiv de l’entreprise : des vêtements au goût du jour, oui, mais grâce auxquels l’enfant peut aussi exprimer sa créativité. « Notre message, c’est que n’importe qui peut projeter l’image de lui-même qu’il désire, dès son plus jeune âge ; qu’il n’y a pas de limite à l’expression de soi et qu’on peut le faire notamment à travers la mode. » Ainsi, chaque collection s’inspire de diverses thématiques – David Bowie, les chats, les flocons, par exemple – et met de l’avant un univers particulier et une gamme de couleurs, ce qui en fait un terreau fertile pour éveiller l’imaginaire et la créativité des enfants à travers les vêtements. 

S’adapter pour survivre

On le sait, les années 90 et 2000 ont été dévastatrices pour le secteur manufacturier au Québec, une réalité notamment provoquée par l’ouverture de l’économie chinoise. Si, au départ, toute la production de Deux par Deux était réalisée localement, la décision d’aller faire fabriquer les vêtements en Asie s’est rapidement imposée. « Plusieurs entreprises fermaient leurs portes et les coûts au Canada devenaient excessivement chers. Aller en Chine nous a permis d’élargir nos possibilités grâce à l’accès aux technologies et à davantage de matières », relate le vice-président, qui croit que cette décision a permis de garder l’entreprise en vie. Depuis 30 ans, l’entreprise n’a jamais été en croissance élevée, mais plutôt en croissance continue. « Nous avons grandi tranquillement, en nous concentrant sur notre point fort : un excellent service à la clientèle. On travaille vraiment pour nos clients. C’est pour ça que l’entreprise est toujours là », croit le jeune homme.

Une précieuse relève

Les deux cofondateurs sont encore présents dans l’entreprise : Mme Diwan est présidente et chef designer de Deux par Deux – « C’est vraiment elle qui a la vision du produit final, qui est l’ADN de l’entreprise » – alors que Maurice Elmaleh, qui a officiellement pris sa retraite, continue de visiter les bureaux tous les jours. Quant à Zacharie, il est littéralement tombé dedans lorsqu’il était petit. « J’ai vraiment grandi là-dedans ! J’ai fait des petits jobs d’été, du shipping… J’ai pas mal fait le tour de tous les services de l’entreprise ! », se souvient-il. Après avoir fondé et dirigé pendant huit ans sa propre entreprise de vêtements pour enfants qui créait des marques privées pour des magasins, le jeune trentenaire a décidé l’an dernier de mettre ses efforts dans l’entreprise familiale et est devenu vice-président de Deux par Deux.

Aujourd’hui… et demain !

Avec sa trentaine d’employés à temps plein dans ses bureaux situés dans le quartier Chabanel à Montréal, Deux par Deux crée aujourd’hui trois collections par année (printemps-été, automne-hiver, habits de neige), en plus d’une collection capsule de tenues plus chics pour le temps des Fêtes, le tout dans les grandeurs 3 mois à 12 ans. Tout est pensé, créé, dessiné (même les motifs !) à Montréal, mais la production se fait toujours en Chine. Revenir au Québec ? Peut-être éventuellement, pour des projets spéciaux, envisage le vice-président. L’entreprise compte aujourd’hui 300 points de vente au Québec et 700 dans le monde, notamment aux États-Unis, en Russie, au Royaume-Uni, en Espagne, en Allemagne, en Norvège et au Mexique. La suite ? Elle passe notamment par le commerce en ligne, Deux par Deux ayant lancé sa boutique virtuelle il y a environ un an, un créneau prometteur et qui permet aussi, plus que jamais, d’avoir une « vitrine sur le monde », conclut M. Elmaleh.

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