États-Unis

Chelsea Clinton se lancera-t-elle en politique ? 

New York — Des journalistes comptent ses tweets chaque mois : plus de 300 en février, soit une moyenne supérieure à 10 par jour. C’est plus que Donald Trump, cible de beaucoup de ses gazouillis.

D’autres tentent de prédire la fonction politique qu’elle pourrait briguer : représentante de New York à la place de Nita Lowery, démocrate bientôt octogénaire qui pourrait se retirer d’ici les élections législatives de 2018 ; ou sénatrice de l’État en remplacement d’une autre démocrate, Kirsten Gillibrand, qui pourrait se lancer à la conquête de la présidence en 2020.

Pendant que sa mère continue à panser ses plaies, Chelsea Clinton fait l’objet ces jours-ci de rumeurs incessantes concernant son avenir politique. Rumeurs nourries en partie par l’usage de plus en plus fréquent qu’elle fait de Twitter pour exprimer des opinions de plus en plus affirmées.

Or, la fille unique de Bill et Hillary Clinton a décidé hier de mettre un frein aux supputations.

« Je ne me porte pas candidate à une charge publique », a-t-elle déclaré dans une interview publiée sur le site du magazine Variety. « Je suis toujours surprise par ces histoires faisant de moi une candidate au Congrès, au Sénat, au conseil municipal, à la présidence. » 

« Je trouve cela plutôt cocasse, car je me suis toujours fait poser cette question, et la réponse n’a jamais changé. »

— Chelsea Clinton, en entrevue avec Variety

Plus tard, dans la même interview, la New-Yorkaise de 37 ans a nuancé cette réponse en précisant qu’elle ne se portait pas candidate à une charge publique « pour le moment ».

Il en faut évidemment beaucoup plus pour convaincre les journalistes de lâcher le morceau. Après tout, moins d’un an avant d’annoncer sa candidature à la Maison-Blanche en avril 2015, Hillary Clinton refusait encore de confirmer ses ambitions présidentielles.

Une jeune mère

Mais Jay Jacobs, allié des Clinton à New York, est prêt à croire Chelsea sur parole. Du moins à court terme.

« Chelsea Clinton, du simple fait de sa personnalité, de son talent et de son nom, serait une candidate formidable si elle décidait de faire le saut en politique », a dit à La Presse celui qui a été président du Parti démocrate de l’État de New York de 2009 à 2012. « Mais les gens doivent se rappeler qu’elle est une jeune mère. Elle a deux très jeunes enfants à la maison », a-t-il ajouté, faisant allusion à Charlotte, née en septembre 2014, et à Aidan, né en juin dernier.

Mais comment expliquer ses gazouillis aussi fréquents et acérés concernant les politiques de Donald Trump et de ses alliés républicains ? En se moquant d’elle, un compte tenu par des conservateurs a noté hier que Chelsea Clinton s’était dite sur Twitter au cours des derniers jours « dégoûtée, déçue, découragée, scandalisée, horrifiée, inquiète ».

Tout en retweetant ce gazouillis, Clinton a répliqué : « Eh bien, oui. »

« Chelsea Clinton a des convictions fortes, surtout touchant les questions sociales et économiques », a commenté Jay Jacobs. 

« Je ne pense pas qu’il faille se surprendre qu’elle ait repris le flambeau et continué les combats que sa mère a livrés pendant de nombreuses années. »

— Jay Jacobs, ex-président du Parti démocrate de l'État de New York

Sur Twitter, Chelsea Clinton peut compter sur plus de 1,6 million d’abonnés. Mais ce n’est pas l’unique façon de mesurer sa popularité. Fin mai, elle fera paraître un livre pour enfants qui trône déjà en tête des ventes sur Amazon dans sa catégorie. Intitulé She Persisted, l’ouvrage raconte l’histoire de 13 Américaines, dont Harriet Tubman, Sally Ride et Oprah Winfrey, « qui ont changé le monde ».

Grant Davis Reeher, politologue à l’Université de Syracuse, se dit surpris de l’intérêt que semblent manifester bien des démocrates pour une candidature éventuelle de Chelsea Clinton.

« Autant j’étais sûr qu’Hillary Clinton remporterait la présidence, autant j’étais encore plus sûr que sa défaite mettrait fin à la dynastie politique des Clinton. Ce n’est peut-être pas le cas », a-t-il confié à La Presse.

Mais Chelsea Clinton traînerait ses propres casseroles dans une campagne électorale. Même si elle et son mari, Marc Mezvinski, valent plus de 15 millions de dollars, elle n’a pas toujours brillé professionnellement. NBC News lui a notamment versé 600 000 $ pour quelques reportages médiocres. Dans un courriel publié sur WikiLeaks, un des responsables de la Fondation Clinton, dont elle est devenue vice-présidente, l’a par ailleurs traitée d’« enfant gâtée ».

« Pour toutes ces raisons, je ne m’attendrais pas à un couronnement ou à une promenade de santé, si elle se portait candidate », a estimé le professeur Reeher après avoir dressé sa propre liste des vulnérabilités de Chelsea Clinton.

Mais les journalistes seraient prêts à suivre une telle campagne.

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