Bijoux Caroline Néron 

Le sort de l’entreprise connu dans 13 jours

Les créanciers des entreprises de bijoux de Caroline Néron, dont le principal est Revenu Québec, passeront au vote le 23 mai. Ils devront alors décider s’ils acceptent la proposition qui vient de leur être soumise et qui prévoit le versement d’environ 0,16 $ par dollar de créance.

La proposition, obtenue par La Presse, prévoit une distribution de 500 000 $, alors que les créances non garanties s’élèvent à quelque 3,2 millions. La somme serait versée sur une période de trois ans, le 31 décembre de chaque année, car « il y a une grande partie du chiffre d’affaires qui se fait en décembre », explique au bout du fil le syndic dans le dossier, Ronald Gagnon de BDO Canada.

Caroline Néron, qui fait elle-même partie des créanciers ordinaires (511 255 $), ne touchera pas un sou. Son ex-conjoint, l’homme d’affaires Réal Bouclin, devra dire adieu à 750 000 $.

Le vote de Revenu Québec, à qui l’entreprise doit plus de 2 millions de dollars, sera des plus importants. Ronald Gagnon « espère que Revenu Québec ne fera pas planter une entreprise qui fait vivre 80 personnes ». À l’heure actuelle, « aucune information » ne lui permet de croire que le vote sera défavorable.

De l’avis du syndic, il s’agit « de la meilleure proposition qu’on pouvait avoir », dans le contexte où « personne ne voulait mettre d’argent dans la compagnie ».

AUCUN INTÉRÊT VU L’ENDETTEMENT ÉLEVÉ

La recherche de financement à long terme s’est avérée vaine. 

« Le niveau d’endettement de l’entreprise n’attirait personne. Selon des standards de financement normaux, ce n’est pas intéressant pour qui que ce soit. »

— Ronald Gagnon, de BDO Canada, syndic dans le dossier des Bijoux de Caroline Néron

Ainsi, l’entreprise devra continuer de vivre uniquement des liquidités générées par ses ventes. Celles-ci, espère-t-on, bondiront une fois le vote passé, puisque la situation actuelle crée une incertitude qui paralyse les clients, tant du côté de la vente de gros que de détail.

« Costco, ça fait longtemps qu’ils n’ont pas passé une commande. Costco et Winners ont essentiellement arrêté », rapporte M. Gagnon, précisant que rien n’indique qu’ils ne recommenceront pas à être d’importants clients.

L’espoir de retrouver ce type de clients et tous les autres a d’ailleurs motivé le dépôt rapide de la proposition.

DE 14 À 5 MAGASINS

Depuis le début de sa restructuration en vertu de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité, en janvier, l’entreprise de Caroline Néron a considérablement rapetissé.

Le nombre de magasins est passé de 14 à 5. Le nombre d’employés a fondu de 152 à environ 80. Le siège social occupe un espace deux fois moins grand dans un immeuble de la rue Beaumont.

Tout cela a permis de réduire de façon marquée les coûts d’exploitation. C’est ce qui permet la poursuite des activités, fait valoir M. Gagnon.

LES 5 MILLIONS DE FIERA CAPITAL

Le prêt de 5 millions accordé par Fiera Capital l’an dernier – et cautionné par Réal Bouclin – n’est pas visé par cette proposition aux créanciers. La somme continue donc d’être due selon les termes initiaux de l’entente, à moins d’une renégociation.

Idem pour le prêt intérimaire de 400 000 $ au taux de 14,2 % (NDLR: financement DIP – debtor-in-possession – dans le jargon) obtenu in extremis auprès d’un ami de la famille – à la tête de la Corporation financière Norty –, en mars. Celui-ci devra être remboursé en entier. La somme est alors nécessaire pour payer les employés. « Il est minuit moins une », avait dit Caroline Néron au Tribunal avant d’ajouter que sans ce prêt, « ce sera[it] la faillite ».

En cas de faillite, la Corporation financière Norty serait payée en entier, mais pas Fiera Capital, même s’il s’agit d’un créancier garanti, puisque la valeur des actifs n’est pas assez élevée. Les stocks valent 2 millions de dollars, « mais en cas de faillite, ça vaudrait 1 million », précise M. Gagnon.

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