Chronique

Qui est-ce qui lui a jeté un sort ?

Présentement, vous avez assurément une chanson de Laurence Jalbert dans la tête. « J’perds tout ce que j’aime et même le Nord ». C’est bien correct. C’est une très bonne ritournelle.

Dans La malédiction de Jonathan Plourde, la nouvelle minisérie comico-fantastique de Super Écran, le personnage principal ne sait pas ce qui l’a ensorcelé et qui anéantit sa vie sentimentale. Dès que Jonathan Plourde (solide Félix-Antoine Duval) tombe amoureux d’une fille, boum, celle-ci meurt dans des circonstances inexpliquées.

C’est arrivé avec Ludivine, Camille et Andrea. Accident de voiture, chute de plusieurs étages sur le béton et noyade dans une piscine. Adieu. Les amoureuses de Jonathan, 23 ans, périssent au moment où des sentiments plus profonds se développent. C’est la malédiction qui afflige le jeune veuf, d’où le titre de la série qui décolle le lundi 12 novembre, à 21 h, à Super Écran. Il n’y a que six épisodes d’une heure à enfourner.

L’idée de base, développée par le réalisateur Stéphane Lapointe (Faits divers), est excellente. Comment Jonathan chassera-t-il l’esprit malveillant qui empoisonne son existence ?

La malédiction de Jonathan Plourde flirte avec l’horreur, le paranormal et les sciences occultes. Ce volet marche très bien, avec quelques scènes joliment terrifiantes.

Le problème de La malédiction de Jonathan Plourde loge plutôt dans les ruptures de ton. Pour attirer un plus large public, la série se sert maladroitement d’éléments comiques pour aborder des sujets graves. Par exemple, les auteurs (Stéphane Lapointe, Pierre-Marc Drouin, Marie-Sissi Labrèche et Philip Rodrigue) font dire à leur héros, alors que le corps de sa copine n’a pas encore eu le temps de refroidir : « Le salon funéraire va m’offrir une carte de fidélité. Après neuf décès, le dixième est gratis. » Trop tôt, a-t-on le goût de répondre.

On regarde La malédiction de Jonathan Plourde et on ne sait plus si c’est une comédie burlesque ou un thriller surnaturel. Dans une séance chez une médium (Mélanie Pilon), ça commence à la rigolade, les mains jointes, puis des apparitions de fantômes nous glacent le sang. Ça fonctionne plus ou moins bien comme changement d’ambiance.

J’aurais préféré que La malédiction de Jonathan Plourde plonge à fond dans le spiritisme et la magie noire, plutôt que de tenter de plaire à deux publics complètement différents.

Il ne s’agit pas ici d’une mauvaise série, à fuir à tout prix. L’acteur principal Félix-Antoine Duval, qui incarne également Xavier dans L’échappée, s’en sort diablement bien. Sa collègue Marianne (Laetitia Isambert), qui entraîne Jonathan dans un univers parallèle, est tout aussi bonne. Autre point positif pour cette nouveauté : la série a entièrement été tournée à Ottawa, ce qui nous change des rues du Mile End.

Par contre, tant qu’à concocter une série aux touches sombres, pourquoi ne pas l’assumer à 100 % ? Pourquoi vouloir désamorcer ou diluer les moments vraiment effrayants ? Pourquoi ne pas tenter de fabriquer une vraie télésérie de genre à la Terreur 404 ?

C’est casse-gueule comme projet, mais pas impossible.

Le creux dans O’

Ouf. Mardi soir, TVA nous a probablement servi le pire épisode du téléroman O’ depuis un méchant bout. Sans blague, c’était gênant et ça dégageait un fort parfum de remplissage.

Inscrite à son fameux groupe de retraités actifs, dont on se sacre légèrement (pour rester poli), Jacqueline O’Hara (Marie Tifo) a participé à une compétition culinaire de type Les chefs ! Oui, oui. Et c’est Bob le Chef qui jugeait les plats.

Une équipe apprêtait du tempeh et l’autre, des pétoncles. Imaginez le suspense et l’intérêt ! Ça frôlait le ridicule.

O’ traverse actuellement une mauvaise passe et les auteurs sont en train de nous perdre. Toutes les intrigues tournent en rond. Mélanie (Karine Gonthier-Hyndman, que j’adore) drague Samuel (Guy Nadon), Mélanie drague Philippe (Louis-David Morasse).

Samuel prend la direction d’Agua, Samuel quitte la présidence. Charles (Stéphane Demers) arrête de boire, Charles rechute, Charles retourne en désintox.

Et la portion sur les contenants de bioplastique, sérieusement, ce n’est pas super palpitant. C’est dommage pour tous les bons acteurs de la distribution d’O’, à qui on ne refile pas des textes à la hauteur de leur talent.

Mardi, 772 000 personnes ont regardé Jacqueline faire frire son tempeh à la mexicaine, contre 1 073 000 qui ont opté pour Unité 9, où toute l’histoire entourant le post-partum de Jeanne (Ève Landry) étire tout autant l’élastique de notre patience.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.