AMÉLIORER LA QUALITÉ DES FROMAGES DU QUÉBEC
On connaît le rôle de la génétique dans le traitement de certaines maladies. Cependant, on sait moins que les gènes peuvent également influencer le contenu de nos assiettes. En effet, la génomique pourrait notamment servir à améliorer la qualité des quelques 900 variétés de fromages québécois, qu’ils soient de fabrication industrielle ou artisanale.
L’odeur et le goût d’un même fromage peuvent varier d’une fois à l’autre, selon le lot et la période au cours duquel il a été fabriqué. Le chercheur Steve Labrie et son équipe de l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels (INAF) de l’Université Laval ont relevé le défi d’Agropur, et décidé d’utiliser le séquençage des gènes pour maîtriser le fragile écosystème des bactéries, levure et moisissures qui rendent la fabrication du fromage si complexe.
« La microflore des fromages, qui explique les changements au niveau de l’odeur et du goût des fromages, est très difficile à maîtriser, indique Steve Labrie. Notre mission est donc d’identifier les souches microbiennes spécifiques aux fromages du terroir québécois, ce qui permettra ensuite de mieux comprendre leur évolution, et à terme de contrôler la fabrication. »
Pour y parvenir, son équipe a reçu un financement de près de 750 000 $ sur trois ans d’Agropur, Génome Canada et Génome Québec. Agropur est une des plus importantes coopératives du Québec qui appartient à 3400 producteurs laitiers et transforme plus du quart du lait produit au pays.
L’enjeu est de taille. Plus d’un millier de sortes de fromages sont produits au Canada. Cette industrie génère près de 85 000 emplois au pays et réalise des ventes annuelles de près de 14 milliards de dollars. Au Québec (la moitié de la production canadienne de fromages), on dénombre près d’une centaine d’usines de transformation qui réalisent des ventes annuelles de plus de 2 milliards de dollars.
« En régularisant la qualité, nous permettrons aux producteurs de fromages de commercialiser des produits plus concurrentiels, en plus grand nombre, et du même coup d’augmenter leurs revenus », souligne Steve Labrie.
Au terme des trois années de recherche, la technologie mise au point dans les laboratoires de l’Université Laval sera transférée à la coopérative Agropur, qui pourra s’en servir pour améliorer sa production et développer de nouveaux produits. Plus largement, les découvertes du professeur Labrie pourront bénéficier à l’ensemble de l’industrie au pays, puisque l’Université Laval restera propriétaire de la technologie.