Ultramarathon

Comment suivre la Diagonale ?

Plusieurs Québécois prendront le départ de la Diagonale des Fous, en plus de Florent Bouguin et Jeff Gosselin. Le Montréalais Joan Roch y sera notamment. Comment suivre la course d’ici ? Il est possible de suivre la progression des coureurs sur l’internet. La station Radio Est Réunion doit par ailleurs diffuser la course en direct. Le vainqueur devrait mettre environ 24 heures pour la terminer.

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Joan Roch : terminer avant tout

Après avoir couru l’Ultra-Trail du Mont-Blanc au cours de l’été, le Montréalais Joan Roch va prendre le départ de la Diagonale des Fous cet après-midi. « Je ne me suis fixé aucun objectif pour cette course, à part de traverser cette île majestueuse au complet puis franchir la ligne d’arrivée samedi », dit-il. Roch n’a aucune stratégie pour cette course réputée harassante. « Plutôt que de m’inquiéter de ce que je ne connais pas, je compte profiter des paysages volcaniques et, normalement, en apprendre un peu plus sur moi-même et ce que je vaux comme ultramarathonien. »

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Deux amis parmi les fous

Il y a un an, ils ont gagné une course de 80 km main dans la main. Ils sont devenus meilleurs amis au passage. Un an plus tard, Florent Bouguin et Jeff Gosselin remettent ça. Aujourd’hui, ils prennent le départ de la Diagonale des Fous dans l’île de La Réunion. Pas pour gagner. Pas pour l’ego. Pour vivre 164 km d’émotions. Juste ça.

Ils étaient partis comme des fusées. Dans la nuit noire de Charlevoix, en septembre 2014. Les gars et les filles derrière n’ont pas pu suivre. De Florent Bouguin et Jeff Gosselin, le peloton ne reverrait que des traces dans la boue.

Les deux coureurs de Québec n’y croyaient pas trop : sûrement que quelqu’un les rattraperait. Personne ne les a rattrapés. À la fin, ils ont compris qu’ils allaient gagner. Aucun n’a pensé partir en sprint.

« Au dernier ravitaillement, au 65e kilomètre, les gens se demandaient : qu’est-ce qui va se passer ? a récemment raconté Florent Bouguin. Qui va attaquer ? Qui va sprinter ? Les gens se faisaient plein de scénarios. Mais jamais ça ne nous est passé par la tête. On venait de vivre ensemble une expérience tellement intense. »

Ils étaient partis amis et, 80 km plus loin, ils sont devenus meilleurs amis. À la ligne d’arrivée, Jeff souriait, Florent pleurait. Bouguin, un Réunionnais qui a refait sa vie au Québec, a commencé la course il y a quatre ans avec un seul objectif : réussir à parcourir un jour la mythique Diagonale des Fous. La course de 164 km avec plus de 9000 m de dénivelé positif tranche l’île de La Réunion dans son cœur. Un jour, il ferait cette course. 

Dans l’émotion de ce jour de l’automne 2014, touché par son ami en pleurs, Jeff Gosselin a pris une décision : il ferait la Diagonale avec son ami. Il serait là à La Réunion le 22 octobre 2015, au moment de prendre le départ. Ce jour, c’est aujourd’hui.

« Sur la fin du parcours, Florent est devenu vraiment, vraiment émotif. Et ça, ça m’a touché au cœur. C’était très beau, très intense, a raconté Gosselin, joint à La Réunion plus tôt cette semaine. J’ai mis une seconde à décider que j’irais rejoindre Florent à la Diagonale des Fous. J’ai rajouté une couche d’émotions. Ç’a été un sacré week-end en 2014 et on s’apprête à revivre ça ici. »

UNE COURSE À DEUX

Le 20 septembre dernier, Florent Bouguin était seul pour défendre leur titre à Harricana. Son ami était en France où il a suivi son amoureuse. Le champion en titre voulait se préserver pour la Diagonale. Mais en entrevue avant la course, il avait été honnête. « Si je disais que je n’y allais pas pour gagner, personne ne me croirait. »

Sauf que Bouguin n’a pu répéter l’exploit. Cette fois-là, ce n’était pas lui à l’avant. C’était le jeune coureur québécois David Jeker. Bouguin a tenté de suivre. Mais il a finalement cassé. Il a dû abandonner au 77e kilomètre. Il a pleuré, même si cette fois-là, ce n’était pas de joie. Depuis, Bouguin s’est beaucoup reposé.

« Je me sens numéro un. Harricana m’a servi beaucoup, ça m’a donné une vraie idée d’où j’étais rendu. J’ai vu que j’étais très fatigué. »

— Florent Bouguin

Arrivé il y a trois semaines à La Réunion avec sa compagne et ses enfants, il s’est ressourcé auprès de ses parents. Son ami Jeff est arrivé il y a une semaine et loge chez la famille Bouguin.

« Je suis reçu comme un petit prince chez les Bouguin. J’ai la plus belle chambre de la maison. Chaque fois, à la table, on me sert en premier », raconte Jeff. « J’essaie de lui faire découvrir la Réunion, de lui présenter mes amis d’enfance, les fruits que je préfère, les caris que je préfère », dit Florent, qui a quitté l’île à l’âge de 18 ans.

ENSEMBLE, COÛTE QUE COÛTE

Les deux amis sont formels : ils vont courir cette course ensemble, coûte que coûte. La victoire serait extrêmement surprenante. Les connaisseurs placent les Québécois parmi les 20 favoris, mais loin derrière les meilleurs de la discipline de l’ultrafond. « Il y aura des coureurs à la ligne de départ qui gagnent leur vie avec la course », explique Jeff, qui est prof d’éducation physique dans la vie.

De toute manière, assure Florent – qui est ingénieur –, la victoire n’est pas importante. « C’est une des courses les plus prestigieuses du monde, c’est la dernière épreuve de la Coupe du monde, les meilleurs athlètes sont là, dit-il. Alors si on était capables de dire : “Arrêtez de vous battre toujours pour aller chercher un classement, pensez au plaisir, pensez à l’émotion.” Ce sera notre grosse victoire. Peu importe où on finit. »

Quand il a commencé à courir il y a quatre ans, il ne cherchait qu’à terminer cette course. Aujourd’hui, à 14 h, heure du Québec, Florent Bouguin va prendre le départ de la Diagonale avec un autre objectif : le faire avec celui qui est devenu, grâce à la course, son meilleur ami.

« C’est certain qu’une blessure pourrait nous empêcher de finir ensemble. C’est une course très dure, rappelle Florent. Mais si on peut le faire, alors on pourra montrer qu’une amitié, qu’une intensité vécue à deux est bien plus importante qu’une performance individuelle. Ça, quelque part, ce serait une belle victoire. »

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