Chronique

L’homme qui transforme la recherche en start-up

Signe de l’avancée indéniable de la quatrième révolution industrielle, la valorisation de la recherche universitaire ne s’est jamais aussi bien portée qu’aujourd’hui comme nous le révèlent les derniers résultats d’Univalor, la société responsable de commercialiser les découvertes scientifiques des 2600 chercheurs de l’Université de Montréal et de ses centres de santé affiliés, de Polytechnique et de HEC.

Univalor est l’une des sociétés de valorisation universitaires qui ont été créées au début des années 2000 par Bernard Landry – alors ministre des Finances –, qui voulait stimuler l’émergence de nouvelles entreprises innovantes issues de la recherche universitaire.

Univalor est responsable de valoriser commercialement les travaux des chercheurs de l’Université de Montréal et des six centres de santé affiliés – CHU Sainte-Justine, Centre de recherche du CHUM, Institut de recherches cliniques de Montréal, Institut universitaire de gériatrie de Montréal, hôpital du Sacré-Cœur et hôpital Maisonneuve-Rosemont.

La société cherche aussi à commercialiser les découvertes scientifiques et les innovations technologiques des chercheurs de Polytechnique Montréal et de HEC Montréal.

Au fil des ans, Univalor s’est imposée comme l’interface entre le monde des affaires et le monde scientifique. « On est l’interface mais aussi le traducteur entre ces deux mondes », précise Jacques Simoneau, PDG de l’organisme qui vient d’enregistrer une année record en 2014-2015.

« On a généré des revenus de commercialisation de 2,8 millions, c’est une hausse de 55 % sur la dernière qui avait été elle aussi une année record », souligne-t-il.

Depuis trois ans, les activités d’Univalor affichent une solide progression. L’organisme a conclu l’an dernier pas moins de 37 contrats de commercialisation de recherches universitaires auprès d’entreprises du secteur privé ; il s’agit d’une hausse de 230 %, par rapport à il y a trois ans.

« On a aussi créé durant notre dernier exercice six start-up. L’an dernier, on avait contribué à la création de cinq nouvelles entreprises dérivées de la recherche universitaire. Au cours des 12 dernières années, on a participé à la création de 53 start-up et 35 d’entre elles sont toujours en activité. Univalor est actionnaire de 13 de ces entreprises », précise le PDG.

UNE PRATIQUE QUI SE GÉNÉRALISE

Jacques Simoneau convient que le monde de la recherche est davantage ouvert aujourd’hui à commercialiser ses travaux qu’il ne l’était il y a une vingtaine d’années. Beaucoup de chercheurs qui ont fait des stages aux États-Unis ont vu qu’il était possible de monétiser le fruit de leur labeur sans pour autant dénaturer leur démarche.

« Les 2,8 millions de revenus que l’on a réalisés l’an dernier sont remis aux centres de recherche qui les ont générés. Cela permet de financer une partie de leurs travaux », note Jacques Simoneau.

Il faut préciser que le mandat d’Univalor est de valoriser uniquement les recherches dites orphelines, celles qui ne profitent d’aucun appui du secteur privé. Bien des travaux de recherches à Polytechnique sont financés par des entreprises qui ont un besoin de développer une technologie particulière.

« Nous, on prend des recherches qui sont en cours et on tente de trouver une entreprise qui pourrait profiter du résultat. Quand ça marche, on reçoit des redevances que l’on remet ensuite aux centres de recherche.

« Quand on lance une start-up avec une équipe de chercheurs, on prélève au début des redevances sur les ventes, mais il arrive que l’on cède nos droits en échange d’une participation au capital de l’entreprise, habituellement cela va de 5 % à 8 %. »

— Jacques Simoneau

Chose certaine, la quatrième révolution industrielle force une plus grande ouverture des entreprises à innover et à cet égard, le PDG d’Univalor prévoit profiter largement de la nouvelle chaire Big Data que vient de mettre sur pied Polytechnique, en partenariat avec l’Université de Montréal et HEC.

La chaire d’excellence sur l’utilisation des données massives pour la prise de décisions en temps réel, la plus importante du Canada, a recruté le professeur Andrea Lodi, du département d’ingénierie électrique et informatique de l’Université de Bologne, qui est reconnu comme l’un des meilleurs spécialistes au monde dans l’utilisation de l’optimisation mathématique et de données massives.

Il est important que les universités conservent des droits sur les travaux de recherche qu’elles ont mis en œuvre, rappelle Jacques Simoneau. L’Université Stanford a cédé, à l’époque, les droits qu’elle avait sur Google. Ce sont des centaines de millions que l’université a ainsi laissé filer, une erreur que ne se permettrait jamais Univalor.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.