Ski de fond  Finales de la Coupe du monde de Québec

Réactions après la deuxième place d’Alex Harvey

« C’est incroyable. C’est surprenant et ce ne l’est pas en même temps. Il a fait ça toute sa carrière, performer au bon moment. Quand il y a une foule comme ça à Québec, il l’a toujours fait aussi. C’est un beau cadeau pour lui, mais aussi pour tout le staff. C’est un athlète qui a travaillé fort toute sa carrière. Il finit sur une note comme ça. C’est un scénario idéal. Finir comme ça, c’est comme un Championnat du monde pour lui ici. »

— Louis Bouchard, entraîneur d’Alex Harvey depuis le début de sa carrière

« C’est incroyable de voir tous ces gens venus l’encourager. Il le mérite vraiment. Bien sûr, c’est un bon skieur, mais c’est aussi une bonne personne qui a les valeurs à la bonne place, qui mène le genre de vie dont on peut s’inspirer en Norvège. C’est important pour les jeunes et les gens qui l’admirent. C’est un bon modèle pour tout le monde. »

— Le Norvégien Johannes Høsflot Klæbo, gagnant des deux premières courses à Québec

« Je suis tellement fier d’Alex. C’est fantastique, ce que ce gars-là peut faire quand il a quelque chose en tête. Ce n’est pas pour rien qu’il est le meilleur au Canada. C’est une super-vedette. Dans des journées comme ça, il montre à quel point il est bon. Il travaille vraiment fort pour réussir ses meilleures courses à la maison. J’ai hâte de voir ce qu’il fera [aujourd’hui]. Il n’a plus de pression. Il n’a qu’à faire sa course et à finir sa carrière à sa manière. Il skie comme un champion. Il l’a prouvé aujourd’hui. » — Len Valjas, 32e et deuxième Canadien du 15 km

« Ce n’est pas vraiment une surprise. Quand tu travailles avec un athlète comme Alex, tu t’habitues à te faire surprendre. Tu sais que le gars, il l’a. Il sort des lapins comme ça de son chapeau. »

— Pierre-Nicolas Lemyre, conseiller à la haute performance de la fédération canadienne

« On était presque tous en train de brailler ! Il est fort, c’est hallucinant. Je n’ai qu’une chose à dire : “Bravo, Alex !” Il avait de bons skis aujourd’hui. Dans les descentes, il revenait. Il était confiant. Quand tu as de bons skis en classique, il faut que tu en profites pour exploiter ton matériel au maximum. C’est un travail d’équipe. J’ai été impressionné. Encore une fois : “Bravo, Alex !” » — Yves Bilodeau, technicien-chef de l’équipe canadienne

Ski de fond  Finales de la Coupe du monde de Québec

Au bout de lui-même

Alex Harvey a vécu les émotions les plus intenses de sa carrière en terminant deuxième du 15 km classique de la Coupe du monde de Québec, hier. Un véritable triomphe devant les siens avant son chant du cygne ce matin.

Québec — Il fallait avoir un cœur de pierre pour ne pas s’émouvoir en voyant ce grand gaillard de 30 ans pleurer comme un bébé.

Après les larmes de rage des Jeux olympiques de PyeongChang, Alex Harvey a pleuré de joie en terminant deuxième du 15 km classique des finales de la Coupe du monde de Québec, hier midi, sur les plaines d’Abraham.

Sur papier, il a fini deuxième, mais aux yeux de tous, c’était comme s’il avait gagné. « Le véritable vainqueur, c’est Alex Harvey », a d’ailleurs convenu le Norvégien Johannes Høsflot Klæbo, premier sur la ligne, mais heureux de laisser le centre de la photo protocolaire à son rival canadien, qui disputait l’avant-dernière course de sa carrière.

Au terme d’un sprint endiablé où il est revenu sur le Norvégien Didrik Tønseth (3e), Harvey, les mains devant le visage, s’est laissé choir dans la neige au côté de Klæbo, qui l’avait coiffé par huit dixièmes de seconde.

Après un hiver souvent pénible, encore plus qu’il n’a voulu l’admettre, Harvey est allé au bout de lui-même. Couché sur le ventre, il n’a pu retenir ses larmes. Son père, Pierre, s’est approché pour lui toucher l’épaule. Le héros du jour a pris quelques secondes avant de se relever, en sanglots, replaçant ses lunettes pour se donner un semblant de contenance.

La scène s’est répétée quand il est tombé dans les bras de sa fiancée, Sophie Ringuet, puis de son conseiller Denis Villeneuve, tandis que ses rivaux venaient le féliciter à tour de rôle, Norvégiens, Suisses, Français, Allemands, gage du respect qu’il inspire.

Les milliers de spectateurs s’étaient massés en bordure de l’aire d’arrivée, dont une demi-douzaine de joyeux lurons torse nu, scandant le prénom de leur favori, au cœur d’un heureux tumulte. Ses techniciens l’ont hissé sur leurs épaules, ce qui a décuplé la clameur. Le triomphe s’est poursuivi sur le podium, où Klæbo et Tønseth ont insisté pour faire durer les applaudissements.

En se présentant devant les journalistes, 15 minutes après la fin de la course, Harvey avait toujours les émotions à fleur de peau, s’étranglant dès la première question.

« La foule m’a beaucoup aidé. Ç’a été une saison un peu difficile, c’est certain, surtout mentalement. Pouvoir donner un peu de plaisir à mes supporteurs, à mes farteurs, mes coachs, ça fait du bien. »

— Alex Harvey

Jamais il n’avait été aussi ému. À ses yeux, ce moment surpassait sa victoire au 50 km des Championnats du monde de 2017, summum de sa carrière athlétique. « En termes d’émotions, c’est plus gros. »

Après les entrevues, Harvey est tombée dans les bras de sa mère, Mireille Belzile, et de sa sœur aînée Sophie. Autre éruption de sanglots.

Aussi poignante, l’accolade avec son père, un peu plus tôt, était l’antithèse de celle d’il y a un an à PyeongChang. Le fils avait dû être consolé après sa quatrième place crève-cœur au 50 km classique, sa dernière course olympique.

Harvey a mis du temps à s’en remettre. La dernière saison a parfois été un calvaire. Le fondeur a commencé à remonter la pente après un ressourcement chez lui à Saint-Ferréol-les-Neiges. Encore un peu juste aux Mondiaux de Seefeld, fin février, il a continué de progresser par la suite.

Pour les finales de Québec, il se considérait comme un négligé, surtout pour le sprint de vendredi (10e) et le 15 km classique d’hier.

« Pouvoir retourner sur le podium comme ça, je ne dirais pas que c’était inespéré, parce que je crois toujours en mes chances, mais il y avait beaucoup de travail mental à faire dans la chambre [vendredi] soir et aussi jeudi soir avant le sprint pour chasser les mauvaises pensées et vraiment me concentrer sur la tâche à faire. »

Après avoir visionné l’épreuve féminine, présentée plus tôt, Harvey a compris qu’il devait courir en tête de peloton durant cette épreuve de départ en groupe. Le parcours glacé et très rapide provoquerait forcément des chutes. Il en a évité trois.

« Au milieu de la course, [l’Italien Federico] Pellegrino est venu presque me pousser dans un arbre, a-t-il relaté. Klæbo est tombé devant moi [dans un virage au début du dernier tour] et il y a eu une autre chute un peu plus tôt. J’ai réussi à rester sur mes skis. »

Avec le fond qui défonçait, un bris de bâton était également à craindre. Alexander Bolshunov, l’un des deux favoris avec Klæbo, en a été victime alors alors qu’il restait moins de deux kilomètres à parcourir. Dépanné très rapidement par un membre de son équipe, le Russe n’a cependant jamais pu combler l’écart de trois secondes qui le séparait du quintette de tête, se contentant du septième rang à l’arrivée.

Après avoir résisté à une attaque ultime de Tønseth dans la dernière montée, Harvey a bien manœuvré dans la longue descente menant au stade. Troisième au virage, il s’est installé derrière l’intouchable Klæbo avant de reprendre Tønseth à 10 mètres de l’arrivée.

Après avoir fendu la foule retenue par un cordon de sécurité pour retourner à la tente des athlètes, Harvey s’est mis en mode préparation pour la poursuite de 15 km en style libre d’aujourd’hui. Troisième au classement général du mini-tour, il s’élancera pratiquement en même temps que Bolshunov (2e), 52 secondes après le meneur Klæbo.

Scénario idéal puisque le Russe tentera sans doute de rattraper le Norvégien, qui le devance désormais de 42 points au classement cumulatif de la saison. Une victoire lui permettrait de mettre la main sur le grand globe de cristal.

« Il va falloir que je sois très bien échauffé parce que j’ai l’impression qu’on va partir vraiment à fond », a analysé Harvey en fin d’après-midi après un repas, une courte sieste, un massage et un traitement d’ostéopathie. « Si je réussis à suivre Bolshunov, personne ne reviendra de l’arrière d’après moi. »

Bref, « gaz au boutte », comme on pouvait lire sur le t-shirt de son groupe d’amis du Mont-Sainte-Anne. Ses jambes sont encore bonnes, a-t-il assuré, même si la journée « a drainé de l’énergie ». Peu importe l’issue de cette course ultime, son chant du cygne est déjà un succès.

Nilsson surprend Johaug

Surprise au 10 km classique féminin : la Suédoise Stina Nilsson a battu la Norvégienne Therese Johaug, invaincue jusque-là dans les épreuves de distance cette saison. Gagnante du sprint la veille, Nilsson s’est accrochée aux Norvégiennes Johaug et Ingvild Flugstad Østberg. Deuxième au dernier virage à 180 degrés, elle a eu l’avantage de justesse sur Johaug en double poussée dans la dernière ligne droite. Nilsson a ainsi décroché la troisième victoire de sa carrière en distance. Deuxième à deux dixièmes, Johaug a vu prendre fin sa séquence de 12 victoires consécutives en distance. Østberg, leader du classement général de la Coupe du monde, a pris le troisième rang à 1,5 s. Grâce aux bonifications en temps, Nilsson s’élancera 33,2 s avant Østberg et 49,4 s avant Johaug pour la poursuite de 10 km en style libre aujourd’hui.

Karlsson n’a pas aimé ses skis

Le jeune prodige suédois Frida Karlsson, 19 ans, a fini 17e à près d’une minute. Elle a franchi la ligne en pleurs, regardant la base de ses skis avec dégoût. La triple médaillée des derniers Mondiaux n’a visiblement pas apprécié le travail de ses techniciens.

Les Canadiennes à la peine

Aucune Canadienne n’est parvenue à se glisser parmi les 30 premières. Emily Nishikawa (38e, + 1 min 56 s) et Dahria Beatty (44e, + 2 min 49 s), deux athlètes de Whitehorse, ont obtenu les meilleurs résultats. Katherine Stewart-Jones a fini 52e (+ 3 min 27 s). La fondeuse de Chelsea a perdu quelques rangs en chutant dans une descente. « C’est sûr que tu perds beaucoup d’élan, a commenté la 28e du 30 km aux Mondiaux. Ça m’a pris un peu de temps pour retrouver mon rythme. Mais j’ai rattrapé quelques filles qui m’avaient dépassée quand je suis tombée. »

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