Une équipe brésilienne décimée
LA UNION, Colombie — La formation colombienne Atlético Nacional, qui devait affronter Chapecoense en finale de la Copa Sudamericana, plus tard cette semaine, a demandé que le trophée soit attribué au club brésilien, décimé par un écrasement d’avion, lundi soir.
Au moins 71 personnes ont été tuées quand l’avion nolisé qui transportait notamment les membres de l’équipe de soccer brésilienne de première division s’est écrasé tard lundi soir près de Medellin, en Colombie. Sept personnes ont tout d’abord survécu, mais une victime est morte après être arrivée à l’hôpital. De tous les joueurs à bord, seuls trois sont encore en vie.
Devant la tragédie, les dirigeants d’Atlético Nacional ont publié sur leur site internet une déclaration demandant au Conmebol, la fédération qui chapeaute la Copa Sudamericana, « de décerner [le titre] à Chapecoense en reconnaissance de sa perte énorme et en hommage posthume aux victimes de l’accident ».
L’avion court-courrier britannique British Aerospace 146, qui était exploité par la compagnie LaMia, a lancé un appel d’urgence en raison d’un problème électrique avant de disparaître des écrans radars vers 22 h, heure locale, ont fait savoir des responsables.
L’appareil était parti de Santa Cruz, en Bolivie, et transportait notamment l’équipe de soccer Chapecoense pour le premier de deux matchs contre l’Atlético National de Medellin, dans le cadre du tournoi Copa Sudamericana.
Le club a demandé sur sa page Facebook à Dieu d’accompagner les joueurs, les responsables, les journalistes et tous ceux qui voyageaient avec l’équipe.
Des dizaines de secouristes accourus sur les lieux de l’accident ont tout d’abord été galvanisés par la découverte de trois survivants. L’ambiance s’est toutefois détériorée au fil des heures, et les responsables ont décidé d’interrompre ce qui était devenu une opération de récupération des corps quand la pluie diluvienne et la mauvaise visibilité ont cloué les hélicoptères au sol, compliquant les efforts pour rejoindre le site, à flanc de montagne.
À l’aube, des dizaines de corps ont été rapidement placés dans des sacs blancs pendant que les secouristes continuaient à fouiller les décombres.
Des images de la télévision locale montrent des survivants arrivant à un hôpital local sur des civières à bord d’ambulances. Un gardien de but de l’équipe est mort après son arrivée à l’hôpital.
Un joueur, Alan Ruschel, a été transféré à l’unité des soins intensifs en raison d’une fracture de la colonne vertébrale, et il devra être opéré. Un autre, Helio Zampier, a subi des fractures du crâne et au niveau de la poitrine. Un troisième, Jakson Follmann, est hospitalisé pour des blessures dont la nature n’a pas été précisée.
L’avion transportait 68 passagers et 9 membres d’équipage.
L’hypothèse d’un problème électrique sera examinée, mais un survivant a affirmé que l’avion a manqué de carburant environ cinq minutes avant l’atterrissage prévu à l’aéroport Jose Maria Cordova, tout près de Medellin.
Alejandro Martinuccio est presque un miraculé : l’ailier argentin s’est blessé avant la finale et n’a donc pas pris l’avion avec ses coéquipiers.
Se blessure l’aura donc sauvé. Elle l’avait pourtant tout d’abord bouleversé, comme l’a raconté hier à la presse son père, Ruben Martinuccio, car elle le privait de la finale de la Copa Sudamericana contre l’Atlético Nacional. Une finale qui n’aura finalement jamais lieu.
« Ces gens étaient merveilleux », a souligné celui qui avait rencontré les joueurs il y a 10 jours, lorsqu’il était allé rendre visite à son fils, sa belle-fille et leurs trois enfants. « J’espère que tous ces jeunes sont dans la gloire de Dieu. »
Chapecoense a publié cette vidéo de l’équipe célébrant une victoire il y a quelques semaines pour honorer les disparus.
Une partie des récents succès de l’équipe était attribuable à l’entraîneur Caio Junior, qui s’est joint au club cette année après avoir dirigé au Moyen-Orient. Né Luiz Carlos Saroli, il a dirigé plusieurs clubs brésiliens, dont Palmeiras, Flamengo et Botafogo.
Bien que l’entraîneur n’ait pas survécu, son fils Matheus Saroli a écrit sur Facebook qu’il a manqué le vol, ce qui lui a sauvé la vie.
« Je ne suis pas monté à bord parce que j’avais oublié mon passeport », a-t-il dit.
Parmi les victimes se trouvent Mario Sergio Pontes de Paiva, ex-footballeur maintenant commentateur pour Fox Sports. Connu sous le nom de Mario Sergio, il a brièvement joué pour la sélection brésilienne au début des années 80 et a connu une longue carrière comme milieu de terrain au sein de plusieurs clubs brésiliens. Il a aussi dirigé les clubs Internacional (2009) et Ceara (2010).
Les autorités aériennes colombiennes ont indiqué que 21 journalistes se trouvaient dans le vol.
À la suite de l’accident, la Confédération brésilienne de football a reporté la finale de la Coupe du Brésil entre Gremio et l’Atlético Mineiro, aussi prévue pour aujourd’hui. Une nouvelle date n’a pour l’instant pas été avancée.
Les clubs de première division brésilienne ont pour leur part publié une déclaration de solidarité avec Chapecoense. Ils ont offert de prêter des joueurs au club pour la saison 2017 et ont demandé à la fédération brésilienne de soccer de garantir que Chapecoense ne serait pas relégué en deuxième division dans les trois prochaines années.
« Tout le football brésilien est en deuil, a affirmé le légendaire Pelé. Il s’agit d’une perte si tragique. »