OPINION

MATERNELLE 4 ANS Ce qui ne doit pas nous échapper

L’idée qui fait consensus au Québec est celle d’améliorer notre action préventive auprès des tout-petits. Ce qui divise et polarise est le « comment y arriver ».

Le débat « pour ou contre les maternelles 4 ans » crée un fossé entre le milieu scolaire et le milieu de la petite enfance. Cette comparaison ouvre la voie à la compétition en offrant plus d’une place pour un même enfant, ajoutant ainsi de la pression sur deux systèmes qui sont déjà essoufflés.

Si les moyens d’y parvenir diffèrent selon les points de vue, les objectifs doivent demeurer les mêmes : assurer à chaque enfant un milieu éducatif de qualité et favoriser la continuité dans son cheminement.

L’évaluation de la qualité des milieux d’abord

Les études démontrent que la qualité des interactions adulte-enfant jette les bases du développement ultérieur de la confiance en soi, de la santé mentale, de la motivation à apprendre et de la réussite scolaire.

À cet effet, nous devons nous réjouir du processus d’évaluation de la qualité éducative qui sera obligatoire pour l’ensemble des milieux éducatifs en petite enfance au Québec et qui débutera ce printemps.

Cette démarche du ministère de la Famille permettra d’obtenir un portrait de la qualité des milieux et fournira des indications sur les milieux à renforcer, de même que sur ceux à développer, comme les maternelles 4 ans, en se basant sur les besoins réels plutôt qu’en procédant de façon universelle et précipitée.

L’importance de la continuité entre les milieux

Sachant que l’intervention préventive doit se faire bien avant 4 ans, il importe de reconnaître les éducatrices dans leur travail de suivi du développement, puisqu’elles sont souvent les premières à voir et à nommer aux parents les défis de développement observés chez l’enfant.

En ce sens, nous saluons l’initiative du ministre Carmant d’élaborer un projet de dépistage visant à faciliter l’accès à des spécialistes de la santé dont nos enfants ont besoin. Ces mesures doivent nécessairement venir se relier aux services en petite enfance.

Plusieurs études démontrent les impacts négatifs du manque de continuité dans les façons de faire des milieux qui accueillent tour à tour l’enfant.

S’assurer que les intervenants inscrivent leurs actions en continuité serait donc une façon de maintenir les effets à long terme de l’intervention précoce.

Il est donc grand temps qu’on donne au milieu scolaire et au milieu de la petite enfance les conditions nécessaires au renforcement de leur lien d’attachement afin de n’échapper aucun enfant entre les mailles d’un filet mal tricoté.

Les 25 et 26 mars prochains, l’ex-président de la Commission sur l’éducation à la petite enfance, André Lebon, propose un exercice de réflexion sur les facteurs de réussite pour nos tout-petits. Nous espérons que les échanges permettront de s’élever au-delà des positions idéologiques.

Nous sommes d’avis que le gouvernement devrait se baser sur l’évaluation des milieux, qui débutera ce printemps, pour déterminer ce qui doit être amélioré et trouver ensuite les façons d’y arriver. Plutôt que d’orienter les énergies autour de lieux multiples pour les 4 ans, préoccupons-nous de qualité éducative et de continuité pour tous.

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