Présidentielles américaines

Donald Trump peine à recueillir des fonds pour sa campagne

Le candidat républicain Donald Trump affiche un retard financier important par rapport à sa rivale démocrate Hillary Clinton, selon des documents officiels publiés hier. Explications.

Le retard financier de Donald Trump peut-il le désavantager ?

L’argent demeure le nerf de la guerre dans les campagnes électorales américaines. De fait, le retard de Donald Trump peut le désavantager, notamment dans la dernière ligne droite où les dépenses publicitaires explosent. Toutefois, ces chiffres ne sont que le bilan des finances des comités de campagne des candidats, précise Louis Collerette, coordonnateur de l’Observatoire sur les États-Unis à la chaire Raoul-Dandurand de l’UQAM. Celui de Donald Trump a ainsi recueilli 63 millions depuis le début de la campagne, et en a dépensé 61,7 millions, soit une différence de 1,3 million. De son côté, le comité de campagne d’Hillary Clinton a amassé 229 millions de dollars contre 187 millions de dépenses. Ce qui explique qu’il lui en reste 42 millions.

En outre, s’ajoutent les sommes récoltées par les comités d’action politique (PAC), qui suivent la même dynamique. Ceux de Donald Trump affichent un solde modeste d’environ 300 000 $ sur les 3,3 millions collectés. Ceux d’Hillary Clinton ont dépensé 46 millions sur près de 85 millions collectés.

Par ailleurs, des super PAC peuvent se constituer à l’encontre d’un candidat. « Our Principles », lancé par une proche de Mitt Romney pour contrer Donald Trump, a ainsi récolté 18 millions de dollars, soit 10 fois plus que le sien, « Make America Great Again », qui a amassé seulement 1,7 million.

Qui donne de l’argent aux candidats ?

Habituellement, des milliardaires comme les frères Koch dépensent des sommes astronomiques pour les républicains. Mais les prises de position de Donald Trump à l’encontre de l’orthodoxie conservatrice des donateurs du Grand Old Party ne jouent pas en sa faveur. Il a ainsi proposé de mettre en place une taxe pour les plus nantis, ce qui déplaît aux donateurs, détaille Louis Collerette.

Cependant, le milliardaire, qui a lancé sa campagne de collecte de fonds à la fin du mois de mai seulement, se targue de pouvoir s’autofinancer en cas de besoin. Pour la primaire, il a ainsi autofinancé 72 % des fonds de son comité de campagne.

À quoi sert tout cet argent ?

« Une partie assez importante sert à payer les dépenses de la campagne, que ce soit du personnel, pour créer une organisation sur le terrain, ou encore louer des bureaux », explique Louis Collerette.

L’équipe de campagne d’Hillary Clinton compte ainsi près de 700 employés contre seulement 70 dans le camp de Donald Trump.

Du reste, l’argent récolté sert à financer des campagnes publicitaires, notamment dans les « swing states » les plus serrés comme l’Ohio, la Pennsylvanie, la Floride ou la Caroline du Nord. Les électeurs de ces États, capables de changer le cours de l’élection, sont les plus sollicités par les candidats, surtout vers la fin de la campagne.

Est-ce que le candidat qui a le plus d’argent gagne généralement ?

Gagner la bataille du financement apporte un avantage très important, explique Louis Collerette. « En 2008, John McCain avait opté pour le financement public, ce qui avait donné un avantage à Obama », poursuit-il. Mais en 2012, en comptant les groupes extérieurs, Mitt Romney avait amassé in fine plus d’argent que Barack Obama, sans pour autant remporter le scrutin. Jeb Bush, candidat malheureux à la primaire républicaine, disposait également de fonds avantageux. Le frère de l’ancien président a ainsi été le plus dépensier en publicité en y investissant 82 millions de dollars, soit huit fois plus que Donald Trump, avant de se désister.

Quelle est la valeur de la publicité gratuite ?

Depuis son entrée en campagne il y a un an, Donald Trump est omniprésent dans les médias. À tel point que le cabinet spécialisé mediaQuant estimait en mai qu’il avait bénéficié d’une couverture médiatique équivalant à près de 1,9 milliard de dollars de publicité gratuite. Hillary Clinton, avec ses 736 millions de publicité gratuite, paraît loin derrière lui.

Cependant, dans les sondages, Donald Trump est devancé systématiquement de 5 à 6 % par la candidate démocrate. « Pour la primaire, les Américains ne sont pas très attentifs », explique Louis Collerette. Mais quand la campagne présidentielle va commencer, ils vont davantage s’y intéresser, et « peut-être avoir un jugement un peu plus critique de Donald Trump à force de le voir à la télévision », conclut l’universitaire.

« ROI DE LA DETTE »

Hillary Clinton s’est attaquée hier à l’image d’homme d’affaires accompli de Donald Trump, dont les casinos ont fait faillite quatre fois dans les années 90 et 2000 et dont les idées sommaires sur l’économie provoqueraient une récession, selon des experts cités par elle. « Il s’autoproclame roi de la dette », a-t-elle lancé hier à Columbus. « Il le mérite, si l’on en croit son projet fiscal, qui augmenterait la dette publique de plus de 30 000 milliards de dollars en 20 ans. » Elle a multiplié les citations anciennes de Donald Trump se décrivant comme un expert des restructurations et se vantant de s’en être toujours sorti financièrement. « Il a écrit beaucoup de livres sur les affaires. Ils semblent tous s’arrêter au chapitre 11 », a-t-elle lâché. C’est un jeu de mots : le « chapitre 11 » est le nom de la loi fédérale sur la faillite. Piqué au vif, Donald Trump a repris à son compte le terme de « roi de la dette » sur Twitter. « C’était très bien pour moi comme homme d’affaires, mais c’est mauvais pour le pays. » — Agence France-Presse

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