Dis-moi.org

Pour aider les ados en détresse

Près d’un adolescent sur trois (29 %) présente un niveau élevé de détresse psychologique, selon les données dévoilées la semaine dernière par l’Institut de la statistique du Québec. Dis-moi.org prend le problème à bras le corps : après avoir conçu une plateforme de prévention destinée aux écoles secondaires, l’OBNL en développe une autre, Bloop, pour inciter les jeunes à échanger entre eux tout en facilitant l’accès à des ressources professionnelles.

Dis-moi.org a été lancée dans la foulée du documentaire Bye, dans lequel l’homme d’affaires Alexandre Taillefer tente de comprendre le suicide de son fils de 14 ans, et qui invite la communauté techno de Montréal à se regrouper pour trouver des solutions afin de venir en aide aux ados en détresse. La première application de l’OBNL prend ni plus ni moins la forme d’un ami virtuel – un sympathique robot – qui sonde régulièrement l’humeur des jeunes.

« Si ça fait quatre ou cinq fois que le jeune répond qu’il est triste, il l’incite à faire de l’introspection, explique Annie Nepveu, directrice générale de Dis-moi.org. S’il veut parler à quelqu’un, il peut le faire avec une personne de son école et s’il veut le faire anonymement, le jeune est redirigé vers Tel-Jeunes, automatiquement, sans qu’il ait à poser une autre action. »

L’initiative a été déployée dans deux écoles secondaires dans sa phase préliminaire. Et si elle a permis de constater que le besoin est là (une dizaine de jeunes sur les 115 participants ont lancé un « appel à l’aide »), elle a aussi mis en lumière ceci, révèle Annie Nepveu : dans la majorité des cas, les jeunes ne veulent pas parler à un adulte.

Jaser entre ados

Le robot peut bien sûr recueillir les confidences et même faire un suivi le lendemain. Grâce à l’intelligence artificielle, l’équipe derrière Dis-moi.org peut repérer les jeunes à risque et les accompagner. Ce système de détection est « très sensible », assure Dis-moi.org, mais aussi supervisé par des êtres humains, plus à même d’interpréter les mots des ados. L’OBNL a toutefois voulu aller plus loin. Avec l’aide d’influenceurs, elle a développé une autre plateforme, Bloop, où les jeunes peuvent discuter entre eux.

« Bloop est là pour démystifier la santé mentale et offrir une communauté à ces jeunes, leur montrer qu’ils ne sont pas seuls, explique Annie Nepveu. Et quand ils ont pris conscience qu’ils ont besoin d’aide, on les redirige vers Dis-moi.org et leur milieu scolaire, ou d’autres ressources. » Anxiété, gaming, relations familiales, sexualité, harcèlement, difficultés scolaires, tous les sujets sont bons sur Bloop.

Pourquoi avoir collaboré avec des influenceurs ? Parce que les jeunes se confient spontanément à eux. Audrey Cloutier, l’une d’elles, confirme que le lien intime qui se crée entre elle et ceux qui la suivent sur Instagram fait que les ados s’adressent à elle comme à une amie. Or, elle n’est pas formée pour répondre à une ado qui lui confie avoir été victime d’agression sexuelle, par exemple. Rediriger les ados sur Bloop, où elle est aussi active, permet d’offrir un soutien approprié et de se sentir elle-même épaulée.

L’OBNL travaille toujours à développer ses plateformes et à chercher les moyens de déployer Dis-moi.org dans un plus grand nombre d’écoles. Annie Nepveu insiste pour dire que ces services ne cherchent pas à se substituer à une organisation bien implantée comme Tel-Jeunes. Elle ajoute toutefois que pour se tourner vers une telle ressource, le jeune doit déjà avoir envie de parler. Bloop et Dis-moi.org se positionnent en amont et cherchent à inciter les ados à parler de leurs petites et grandes difficultés.

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