Facebook

Douze personnes à l’origine de 73 % du contenu antivaccin

Interrogé jeudi par un comité du Congrès des États-Unis, le patron de Facebook, Mark Zuckerberg, a refusé de s’engager à supprimer les comptes qui diffusent de fausses informations sur la vaccination.

« Menace directe »

La vaste majorité de la désinformation antivaccin qui a atteint des millions d’utilisateurs sur Facebook au cours des derniers mois provient d’une poignée d’utilisateurs. Selon un rapport de l’organisation américano-britannique Center for Countering Digital Hate (CCDH), 12 utilisateurs sont responsables de 73 % du contenu antivaccin diffusé sur Facebook. Ce groupe est aussi responsable de 65 % du contenu antivaccin sur Instagram et sur Twitter. « Cette désinformation est devenue une menace directe pour la santé publique, affirme Imran Ahmed, fondateur et PDG du CCDH, dans une déclaration envoyée à La Presse. Au beau milieu d’une pandémie, on réalise que l’industrie antivaccin a mis en place une campagne ciblée pour induire le public en erreur sur la sécurité des vaccins contre la COVID-19. »

59,2 millions d’abonnés

Pour arriver à ces conclusions, les chercheurs ont analysé les 425 comptes antivaccins les plus actifs sur les réseaux sociaux. Ils ont constaté que ces comptes avaient un total de 59,2 millions d’abonnés en décembre 2020, ce qui représente une hausse de 877 000 par rapport à juin 2020. Le contenu de plus de 689 000 publications antivaccins créées au cours des deux derniers mois provenait au départ d’à peine 12 de ces 425 comptes. « Un moyen clair et immédiat d’arrêter la diffusion de désinformation antivaccin serait de retirer ces 12 comptes des plateformes », estime M. Ahmed. Un rapport déposé par le CCDH l’an dernier a montré que dans 95 % des cas où des informations erronées sur la COVID-19 étaient signalées par des utilisateurs, les plateformes de réseaux sociaux ne prenaient aucune mesure.

Choix éclairés

Les comptes de Joseph Mercola, de Robert F. Kennedy Jr. et de Ty et Charlene Bollinger sont ceux qui ont été identifiés comme les plus actifs dans la diffusion de fausses informations au sujet des vaccins, rapporte le CCDH. Par exemple, Joseph Mercola, un adepte des médecines douces et des théories du complot qui vend des suppléments alimentaires, compte plus de 3,6 millions d’abonnés en tout sur les différents réseaux sociaux. Il utilise la désinformation pour convaincre le public de refuser les vaccins et d’acheter ses livres et ses suppléments. Il a notamment nié en novembre dernier sur Instagram que la pandémie faisait des morts en affirmant que le nombre de morts en 2020 était le même que les années précédentes, ce qui est faux. « Le public ne peut pas prendre de décisions éclairées sur sa santé lorsqu’il est inondé de désinformation et de faux contenus », notent les chercheurs du CCDH.

« Ayez une réponse pour moi demain »

De passage jeudi devant un comité du Congrès des États-Unis chargé de faire la lumière sur la diffusion de fausses informations sur les réseaux sociaux, le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, a refusé de s’engager à supprimer les comptes problématiques, ce qui a suscité un échange tendu avec les élus. Mike Doyle, représentant démocrate de la Pennsylvanie, a demandé : « En pleine pandémie qui a tué plus d’un demi-million d’Américains, pourquoi n’avez-vous pas fermé ces comptes qui sont responsables de la prépondérance de la désinformation sur les vaccins ? Voulez-vous vous engager à les supprimer aujourd’hui ? » Mark Zuckerberg a répondu : « J’aurais besoin de regarder – de demander à notre équipe de regarder… » Ce à quoi Doyle a répliqué : « Ayez une réponse pour moi demain. »

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